Les actionnaires de la société forestière Tembec (T.TMB) ont subi une grosse frousse en fin de journée hier, quelques mois à peine après avoir été bousculés par son difficile sauvetage financier.

Les actionnaires de la société forestière Tembec [[|ticker sym='T.TMB'|]] ont subi une grosse frousse en fin de journée hier, quelques mois à peine après avoir été bousculés par son difficile sauvetage financier.

Les actions de Tembec ont plongé de 30% en toute fin de séance à la Bourse de Toronto après que l'agence d'information financière Bloomberg ait publié une dépêche laissant croire à une déclaration de faillite de Tembec Industries, filiale américaine de la forestière québécoise.

Or, il s'agit en fait d'une démarche spéciale de Tembec Industries auprès d'un tribunal new-yorkais afin de faire homologuer aux États-Unis le même plan de restructuration financière que Tembec a effectué au Canada en février dernier.

Cette requête juridique de Tembec Industries relève d'ailleurs du «Chapitre 15» prévu pour les filiales de compagnies étrangères dans la législation américaine des faillites.

Elle est aussi distincte d'une requête selon le notoire «Chapitre 11» de cette même législation qui, lui, constitue une véritable démarche de protection de faillite afin d'élaborer un plan de restructuration.

Mais pour les investisseurs boursiers, cette information plus détaillée à propos de Tembec Industries était absente de la première et très courte dépêche publiée par Bloomberg, juste avant la fin de séance en Bourse.

Sur les écrans de très nombreux courtiers et gestionnaires de placements -Bloomberg dispute à Thomson-Reuters le premier rang mondial de l'info financière-, cette première dépêche partielle concernant la forestière québécoise est apparue sous le titre «Tembec Industries s'inscrit en faillite».

C'était à 15h42, à peine 18 minutes avant la fin de séance en Bourse. En très peu de temps, les actions de Tembec ont alors basculé de 40% à Toronto avant de terminer en baisse moins prononcée de 30%, à 2$.

L'agence Bloomberg a publié une dépêche plus complète vers 16h40, mais c'était trop tard pour corriger la première réaction très négative des investisseurs.

En quelques minutes, la valeur boursière de Tembec a été amputée d'environ 85 millions. Un peu plus d'un million d'actions ont été échangées à Toronto en toute fin de séance, ce qui constitue un volume beaucoup plus élevé que la moyenne pour Tembec.

Le test des investisseurs

Au siège social de l'entreprise, on a vite attribué cette frousse boursière à «une grave erreur» de l'agence Bloomberg à propos de la démarche faite en cour à New York par la filiale américaine, Tembec Industries.

L'entreprise a finalement jugé nécessaire de publier un communiqué rectificatif, peu avant 17h30. Toutefois, c'est ce matin en Bourse qu'on verra si les investisseurs prêtent foi à ce démenti, et rétablissent la valeur des actions de Tembec.

N'empêche, il s'agissait hier de la pire glissade en Bourse pour la forestière depuis la mise en oeuvre de sa restructuration financière en février dernier.

D'ailleurs, le principal élément de ce sauvetage fut la conversion de 1,2 milliard de dette de Tembec en nouvelles actions, ce qui avait provoqué une dilution massive de l'avoir de ses actionnaires précédents.

Cette conversion avait été contestée en vain par d'importants actionnaires minoritaires de Tembec, dont la famille Saputo.

Aussi, deux sociétés d'État du gouvernement québécois, la SGF et Investissements Québec, avaient quelque 45 millions en titres de Tembec mis à risque par sa restructuration financière.