La baisse du prix du pétrole allège les coûts d'opération des transporteurs aériens, qui s'élancent sur la piste de décollage en Bourse. Les titres de compagnies canadiennes restent cependant sous-évalués, selon des analystes du secteur.

La baisse du prix du pétrole allège les coûts d'opération des transporteurs aériens, qui s'élancent sur la piste de décollage en Bourse. Les titres de compagnies canadiennes restent cependant sous-évalués, selon des analystes du secteur.

Depuis un mois, à mesure que le baril de brut redescendait à 107 $ US, American Airlines [[|ticker sym='AMR'|]] a gagné 25,2%, Delta Airlines [[|ticker sym='DAL'|]], 18,3%, WestJet [[|ticker sym='T.WJA'|]] 4,6%, pendant qu'Air Transat restait stable et qu'Air Canada [[|ticker sym='T.AC.A'|]] perdait 10%.

«La progression des transporteurs est liée à la baisse du brut en premier lieu, dit Louis Gialloreto, professeur de marketing à l'Université McGill et spécialiste du domaine de l'aviation. Les mises à pied annoncées dans l'industrie et ce qui est perçu par certains comme une amélioration des conditions économiques aux États-Unis ont aussi joué.»

Des observateurs estimeraient maintenant que l'économie américaine a touché le fond et pourrait reprendre de la vitesse, avec un effet positif sur les lucratifs vols d'affaires.

Est-ce le début de jours meilleurs dans le secteur de l'aviation? «Si le prix du pétrole reste bas, on pense que oui. Les compagnies se sont restructurées pour être rentables avec un baril à 130 $ US, donc avec un baril à 107 $ elles le seront encore plus», explique Jacques Kavafian, analyste du domaine de l'aviation chez Research Capital.

À l'inverse, un rebond des prix du brut risquerait de faire replonger les titres aériens: «L'investisseur regarde la corrélation entre les prix du pétrole et la valeur des actions. Mais cela pourrait ne pas avoir d'impact sur les états financiers», croit M. Kavafian.

Le paradoxe canadien

Dans un meilleur environnement à l'échelle nord-américaine, les compagnies aériennes canadiennes grimpent moins en Bourse, alors qu'elles font mieux que leurs rivales, croient des analystes.

Air Canada, par exemple, qui a perdu hier 8%, est sous-évaluée, selon Rick Erickson, de RP Erickson and Associates: «Je ne comprends pas ce qui se passe avec l'action d'Air Canada. C'est un des transporteurs les mieux préparés s'il devait y avoir d'autres difficultés.»

L'entreprise dispose d'importantes réserves de carburant, en plus d'avoir 1,5 milliard de dollars en argent liquide pour faire face à des tempêtes de toutes sortes.

«Ça reste pour moi un très bon achat», dit M. Erickson.

L'albertain WestJet recueille aussi la faveur des analystes. «J'aime bien WestJet», avoue M. Kavafian.

Le carburant représente 40% des coûts d'opération du transporteur aérien le plus rentable en Amérique du Nord, ce qui laisse entrevoir une hausse sensible des profits en cas de baisse durable du brut, fait-il valoir.

Transat [[|ticker sym='T.TRZ.B'|]], elle, devrait profiter du départ récent de Zoom Airlines du ciel canadien: «C'était leur concurrent direct et ils ne reviendront pas», affirme M. Erickson.

Le ciel paraît donc s'éclaircir pour des transporteurs malmenés au cours des derniers mois, avec autant d'occasions d'achat pour les investisseurs. À savoir s'il restera clément pour longtemps, M. Gialloreto est toutefois circonspect: «Dans toute l'histoire de l'aviation, une seule compagnie, Southwest, a réussi à faire des profits à tous les ans. Traditionnellement, le monde de l'aviation ne crée pas beaucoup de valeur.»

GROSSES TURBULENCES EN BOURSECOMPAGNIE AÉRIENNE PRIX HIER VARIATION

1 JOUR 5 JOURS 1 MOIS EN 2008

Air Canada (B) 4,50$ -8% -4,7% -10% -62,7%

Transat (B) 19,40$ -2,5% +4% -0,1% -44,6%

WestJet 15,31$ -1,2% +4,5% +4,6% -32%

American Airlines 11,14$US -3,1% +15,9% +25,2% -20,6%

Delta Airlines 9,11$US -0,7% +14,7% +18,3% -38,8%