Embraer s'attend à ce que le Brésil examine de près l'appui gouvernemental à la CSeries afin de vérifier s'il contrevient aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Embraer s'attend à ce que le Brésil examine de près l'appui gouvernemental à la CSeries afin de vérifier s'il contrevient aux règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

«Ce qui va probablement arriver, c'est que des consultations bilatérales auront lieu pour permettre au gouvernement brésilien de comprendre la nature et les conditions de ces prêts», a déclaré le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Fleury Curado, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires hier, au Salon aéronautique de Farnborough.

«J'espère sincèrement, ajoute-t-il, que le gouvernement sera confortable avec ça parce qu'on ne veut pas déclencher quoi que ce soit. Le Canada et le Brésil ont d'excellentes relations et nous voudrions que cela se poursuive.»

M. Curado a rappelé que le différend qui avait opposé le Canada et le Brésil sur le financement des avions régionaux avait justement aidé à préciser les règles de l'OMC et de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

«Si l'appui à la CSeries respecte ces règles, ça va. Sinon, cela constituerait de la concurrence déloyale», a déclaré M. Curado.

Une guerre commerciale avec le Canada ne sourit pas à Embraer, qui compte d'importants fournisseurs au Québec. M. Curado considère que certains de ces fournisseurs sont de véritables partenaires, comme Pratt&Whitney Canada, qui motorise l'avion turbopropulsé militaire Tucano et deux biréacteurs d'affaires, le Phenom 100 et le Phenom 200.

Embraer vient également de choisir Héroux-Devtek [[|ticker sym='T.HRX'|]] pour concevoir et fabriquer les trains d'atterrissage de ses nouveaux biréacteurs d'affaires Legacy 450 et Legacy 500.

«Héroux-Devtek, c'est une belle surprise, a soutenu M. Curado. Nous ne les connaissions pas trop, mais ils ont gagné une compétition contre d'autres entreprises.»

Embraer compte également CMC Électronique et Sonaca NMF Canada parmi ses fournisseurs, en plus d'avoir établi un partenariat avec CAE pour la formation de pilotes.

M. Curado avoue avoir un faible pour Montréal.

«C'est là où j'ai commencé ma carrière, a-t-il déclaré. J'ai passé un an chez Pratt&Whitney Canada en tant qu'employé d'Embraer. Pour Embraer, P&WC, ça fait partie de la famille.»

Pour sa part, Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] demeure un féroce compétiteur. Embraer devrait d'ailleurs décider d'ici deux ans si elle lancera un avion de plus grande taille qui affrontera directement la CSeries.

«Dans 18 à 24 mois, il y aura diverses pièces qui tomberont en place, a expliqué M. Curado. Nous aurons une image plus claire de la situation. J'anticipe alors une décision.»

M. Curado a affirmé qu'Embaer examinait tout le marché des plus petits appareils commerciaux (les avions à un seul corridor), mais qu'elle était d'avis que pour amener les transporteurs aériens à se détourner des plus petits modèles d'Airbus et de Boeing, il fallait offrir des produits offrant des performances bien supérieures.

«À l'heure actuelle, il n'y aura pas assez de différence», a-t-il soutenu.

Selon lui, il serait prématuré de lancer un nouveau programme comme la CSeries parce que nul ne sait encore quel sera le moteur qui permettra d'offrir les performances qu'attend l'industrie du transport aérien.

Pratt&Whitney mise sur la turbo-soufflante à réducteur, le moteur qu'a choisi Bombardier pour la CSeries. De leur côté GE et Rolls Royce cherchent à améliorer la turbo-soufflante classique, en plus de regarder du côté d'un nouveau concept, le rotor ouvert.

«Nous croyons qu'il faut attendre de voir quelle sera la meilleure solution, a déclaré le grand patron d'Embraer. Nous ne le saurons pas avant 18 à 24 mois.«