Malgré le présent soubresaut, l'inflation reste bien maîtrisée tandis que le ralentissement de notre économie tire à sa fin.

Malgré le présent soubresaut, l'inflation reste bien maîtrisée tandis que le ralentissement de notre économie tire à sa fin.

Dans la mise à jour du Rapport sur la politique monétaire publiée hier, la Banque du Canada évalue que l'économie a renoué avec la croissance au deuxième trimestre, avec une expansion de quelque 0,8%. Celle-ci intensifiera son tempo pour atteindre 1,3% et 1,8% en rythme annualisé, cet été et l'automne prochain. Cette lente accélération se poursuivra jusqu'en 2010.

Le Conseil de direction de la banque attribue essentiellement la décroissance du premier trimestre à un mouvement impromptu des stocks. Fin 2007, les entreprises ont rempli leurs entrepôts en profitant de la manne que la parité du huard et du billet vert leur offrait. Durant l'hiver, elles les ont vidés, par crainte que les États-Unis n'entrent en récession.

Tout comme l'a fait la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque du Canada révise à la hausse sa prévision de croissance de l'économie américaine, la faisant passer de 1,0% à 1,6%, cette année. Si les entreprises se fient davantage à ces prévisions qu'à l'agitation des marchés financiers, la gestion des stocks devrait suivre un cours plus normal et moins perturber l'évolution du produit intérieur brut (PIB).

La banque fait ressortir que, malgré le recul de l'économie l'hiver dernier, le revenu intérieur brut (RIB) s'est apprécié de 2,4% en rythme annualisé. Il s'agit d'une mesure plus adéquate de l'enrichissement réel puisqu'elle prend en compte les fluctuations des termes de l'échange. On entend par là le rapport entre les prix des biens exportés (qui ont augmenté) et ceux des biens importés (qui ont diminué).

Pour l'année en cours, le RIB devrait atteindre 4,0% et même 4,4% l'an prochain alors que le PIB avancera de 1,0% et de 2,3% cette année et en 2009.

Conditions de crédit

La banque soutient aussi que les conditions de crédit se sont nettement améliorées au Canada, au point où elle a jugé inutile de prolonger les mesures extraordinaires mises en place durant l'hiver pour injecter des liquidités. Elle est la seule banque des économies avancées à avoir agi de la sorte jusqu'ici.

L'optimisme de la Banque se fonde aussi sur le fait que les institutions financières canadiennes sont peu exposées au risque d'une dégradation accrue du crédit et du bilan des banques américaines.

La baisse du taux directeur de 150 centièmes (de 4,50% en juillet 2007 jusqu'à 3,0% depuis avril) a permis aux institutions financières d'emprunter à moindres coûts malgré les exigences accrues des investisseurs.

En retour, elles peuvent prêter à un taux inférieur de 75 centièmes à celui d'il y a un an. Voilà sans doute pourquoi les crédits aux ménages demeurent très élevés même si cela ne se reflète pas par une augmentation de la consommation significative.

La Banque du Canada croit aussi que les pressions inflationnistes actuelles vont culminer l'hiver prochain avec une pointe de 4,1%. Dès l'automne 2009, l'indice des prix à la consommation (IPC) global aura retrouvé cependant son rythme souhaité de 2,0%.

Durant toute cette pointe, l'IPC de référence, qui exclut les huit variables les plus volatils comme l'essence, convergera aussi vers 2,0%.

Bref, la forte hausse présente des prix serait un phénomène éphémère, au Canada du moins.

Comme les effets de la politique monétaire mettent de six à huit mois à se concrétiser dans l'économie, la Banque du Canada juge donc approprié de conserver son taux directeur à 3,0% et de ne pas s'attaquer encore à l'inflation.

«Si la Banque paraît plutôt sereine quant à la croissance globale et les perspectives de l'économie canadienne pour 2009 et 2010, elle paraît aussi bien à l'aise avec les perspectives d'inflation, résume Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. C'est comme si elle pouvait bien vivre un bout de temps encore, sans changer le taux directeur.»