Après quatre ans de faux départs, d'arrêts brusques et de marche au ralenti, la CSeries prend enfin son essor.

Après quatre ans de faux départs, d'arrêts brusques et de marche au ralenti, la CSeries prend enfin son essor.

Les nouveaux appareils de 110 à 130 places seront assemblés à Mirabel, mais Saint-Laurent montera aussi à bord. Les dirigeants de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], les employés, l'industrie, les politiciens et même les analystes s'en réjouissent.

Le décollage de la CSeries a des retombées particulièrement intéressantes pour la région de Montréal.

On parle de 1000 nouveaux emplois directs d'ici à la mise en service de la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places, en 2013, et d'un total de 3500 nouveaux emplois directs au plus fort de la production, soit vers 2017.

Bombardier a choisi Mirabel pour y établir l'usine d'assemblage final de ses nouveaux appareils. L'avionneur a également décidé de confier la construction de la cabine de pilotage et du fuselage arrière à son usine de Saint-Laurent.

«Il y a beaucoup d'expertise en matière de cabines de pilotage à Saint-Laurent», a indiqué le président de Bombardier, Pierre Beaudoin, en entrevue à La Presse hier, immédiatement après l'annonce du lancement de la CSeries là où s'ouvre aujourd'hui le salon aéronautique de Farnborough, en banlieue de Londres.

«Les gens de Saint-Laurent ont participé à un processus d'appel d'offres avec d'autres fournisseurs, mais la proposition qu'ils nous ont présentée était très intéressante.»

Une course serrée

Dans le cas du site d'assemblage final, Mirabel était en compétition avec Kansas City. L'État du Missouri avait offert des crédits d'impôt de 240 millions pour y attirer l'usine.

«Ça a été une course très serrée, c'était un choix difficile pour l'entreprise, a affirmé M. Beaudoin. Tout le monde a fait des efforts, autant du côté des gouvernements que de Bombardier, pour trouver des solutions. Je pense que ce qui a aidé aussi, c'est le leadership des machinistes de Montréal, dont le contrat de travail a une flexibilité qui nous permettra de continuer à avoir des usines concurrentielles au Québec.»

Il y a une semaine, les membres de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale (FTQ) ont approuvé un projet de convention collective qui permet notamment à l'employeur d'engager de nouveaux employés temporaires à salaire moins élevé. Bombardier veut être en mesure de faire fonctionner ses usines sans arrêt, sept jours sur sept, si le besoin s'en fait sentir.

«Ce que j'aime dans l'organisation des machinistes sous le leadership de Dave Chartrand, c'est qu'ils pensent à la façon dont on garde nos entreprises dans un marché où les coûts augmentent tout le temps, à la façon dont on garde nos employés au Québec en étant de plus en plus flexibles et concurrentiels.»

Le nouveau président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a affirmé en conférence de presse que Mirabel avait été choisi après une analyse rigoureuse selon des critères d'ordre financier très stricts.

«L'assemblage à Mirabel nous assure l'accès à une main-d'oeuvre très spécialisée et à un système d'éducation en aérospatiale très bien établi», a-t-il déclaré.

L'aide gouvernementale canadienne et québécoise a évidemment pesé dans la balance. Le développement de la CSeries nécessitera des investissements de 2,6 milliards de dollars, qui proviendront à parts égales de trois groupes: Bombardier, les gouvernements et les fournisseurs.

C'est ainsi que le gouvernement canadien investira 350 millions de dollars, le Québec, 118 millions de dollars et les autorités britanniques, 155 millions de livres (308 millions de dollars). Ces contributions sont très semblables à ce qui avait été promis par les gouvernements dans le cadre de la première version de la CSeries.

À l'époque, Bombardier entendait louer une usine que devaient construire le Fonds de solidarité FTQ et un partenaire privé et qui était financée en partie par le gouvernement du Québec.

M. Hachey a déclaré hier que l'entreprise n'avait pas encore pris de décision sur l'usine.

«Nous regardons toutes les options», a-t-il déclaré.

La nouvelle usine sera un peu plus grande que le bâtiment qui avait été prévu pour la première mouture de la CSeries parce qu'on prévoit une production légèrement supérieure.

Le ministre du Développement économique du Québec, Raymond Bachand, a affirmé hier que le gouvernement québécois maintenait son offre quant à l'usine. Il s'est montré très enthousiaste au sujet du lancement de la CSeries.

«C'est une journée exceptionnelle; ce n'est pas tous les jours qu'on annonce plus de 4000 emplois au Québec, si on tient compte des emplois indirects», a-t-il déclaré à La Presse à l'issue de la conférence de presse de Bombardier.

Le ministre a précisé que les investissements gouvernementaux dans le développement de la CSeries ne devraient pas violer les règles de l'Organisation internationale du commerce parce qu'il s'agit de contributions remboursables. «Il y a un retour sur l'investissement, comme ça s'est passé avec Pratt&Whitney Canada et Bell Helicopter, a-t-il déclaré. Le Québec fait de l'argent.»

La commande de Lufthansa

60 avions

46,7 millions de dollars américains par avion

2,8 milliards en commande potentielle totale

Le financement

2,6 milliards d'investissement total dans la mise au point

Un tiers proviendra de Bombardier, un tiers des fournisseurs et un tiers des gouvernements.

350 millions seront versés par Ottawa.

118 millions seront versés par Québec.

308 millions (155 millions de livres) proviendront du Royaume-Uni et de l'Irlande.

Les retombées

1000 emplois au Québec d'ici à 2013

3500 emplois au maximum de la production (vers 2017)

1100 emplois à l'assemblage à Mirabel

1200 emplois à la construction à Saint-Laurent

1200 emplois à l'ingénierie et au soutien