L'entrepreneur beauceron Marc Dutil a transporté au coeur de Montréal son combat contre les programmes gouvernementaux qui favorisent les régions ressources.

L'entrepreneur beauceron Marc Dutil a transporté au coeur de Montréal son combat contre les programmes gouvernementaux qui favorisent les régions ressources.

Le président et chef de l'exploitation de Canam [[|ticker sym='T.CAM'|]] a profité de la tribune que lui offrait hier la chambre de commerce du Montréal métropolitain pour s'attaquer à ces programmes, qui opposent les différentes régions entre elles.

«On perd du temps à s'obstiner sur qui va avoir la part de gâteau, a-t-il déploré. Il me semble qu'on aurait plus de création de valeur à lancer de nouveaux produits, à rencontrer des clients et à faire des visites commerciales.»

Il a raconté aux membres de la chambre de commerce comment une entreprise manufacturière de Trois-Rivières pouvait bénéficier des crédits d'impôt de 30% alors qu'une entreprise semblable située huit kilomètres plus loin, à Nicolet, n'avait droit à rien.

Il a aussi raconté comme sa propre entreprise avait dû rivaliser avec une entreprise d'une région ressource pour un contrat d'exportation. Or, son concurrent, qui pouvait bénéficier des fameux crédits d'impôt, pouvait offrir de meilleures conditions au client.

«Nous nous sommes rendu compte que c'est le client américain qui bénéficiait des crédits d'impôt payés par les contribuables québécois», a-t-il déploré.

Canam, qui se spécialise notamment dans les charpentes d'acier, n'a pas accès aux fameux crédits d'impôt parce que ses différents établissements ne sont pas situés dans les fameuses régions ressources, telles que définies par le gouvernement. La Beauce, pourtant située à trois heures de Montréal, n'est pas une région ressource.

«Je ne veux pas dire qu'à La Pocatière, la ligne n'aurait pas dû être là, ou qu'à Trois-Rivières, elle aurait dû être placée 20 kilomètres plus loin, a lancé M. Dutil. C'est avec le concept de l'arbitraire que j'ai un problème.»

Il a affirmé qu'il n'avait rien contre des programmes qui venaient en aide à telle ou telle entreprise qui fabrique un produit que personne d'autre n'offre dans la province.

«Mais quand on donne de l'agent à des entreprises qui oeuvrent dans des secteurs où il y a déjà d'autres compagnies au Québec, comme les maisons usinées, les portes et fenêtres, les charpentes de bois et d'acier, le béton, ça crée un déséquilibre», a-t-il expliqué.

En Beauce, le sentiment d'injustice est tel que l'ancien ministre libéral Robert Dutil a créé un parti, l'Union du centre, pour attirer l'attention sur le problème.

Selon Marc Dutil, le gouvernement actuel a compris le message, mais il subit la pression politique de certaines régions. Le président de Canam reconnaît qu'il serait difficile de mettre fin immédiatement à un programme quand des entreprises ont tenu compte de cette aide dans leur planification pour conclure des contrats, agrandir leurs installations et procéder à des embauches.

«Je comprends que le gouvernement ne peut pas revenir sur sa parole, mais il faudrait qu'il annonce la fin de tout ça à une date fixe et qu'à la fin, on n'en parle plus.»