La dernière décennie a été difficile pour le Canadien de Montréal. Sur la glace, l'équipe n'a pas gagné la Coupe Stanley. Sur le plan financier, le Centre Bell aurait été un véritable fiasco.

La dernière décennie a été difficile pour le Canadien de Montréal. Sur la glace, l'équipe n'a pas gagné la Coupe Stanley. Sur le plan financier, le Centre Bell aurait été un véritable fiasco.

Selon le Canadien, son aréna a déjà perdu les trois quarts de sa valeur.

Construit au coût de 240 M$, le Centre Bell a été inauguré en mars 1996. Six ans plus tard, l'édifice ne valait plus que 60 M$ selon le Canadien, qui conteste sa facture d'impôt foncier devant le Tribunal administratif du Québec.

S'il gagne sa cause, le club montréalais aura droit à un remboursement de 12,2 millions de la Ville de Montréal -sans compter les intérêts de 2,1 M$.

Le Canadien a payé 29,2 M$ en impôt foncier entre 2004 et 2007, dont 7,6 M$ cette année.

Le Canadien a commencé son mea-culpa en Cour mercredi après-midi. Son premier témoin expert, l'évaluateur Benoit Egan, est venu résumer comment l'équipe a transformé une idée intéressante -se doter d'un nouvel aréna à la fine pointe de la technologie- en un investissement désastreux sur le plan financier.

«Le principal occupant du Centre Bell (le Canadien) qui n'était pas dans un contexte financier avantageux, la prévision d'un conflit de travail dans la LNH et le taux de change à 65 cents US sont tous des facteurs qui ont eu une influence (à la baisse) sur la valeur du Centre Bell en 2002», a-t-il dit en Cour.

Durant les quatre semaines que durera son témoignage, Benoit Egan -dont le nom de famille se prononce comme celui de l'attaquant du Canadien Chris Higgins, ce qui lui a valu quelques taquineries- tentera de convaincre les trois membres du Tribunal que le Centre Bell ne valait plus que 60 millions en 2002 et 72,6 millions en 2005.

Il leur rappellera que le projet initial de Molson était beaucoup plus ambitieux.

«Molson s'attendait à construire trois tours de bureaux autour de l'aréna, dit M. Egan. Il devait y avoir un gros village autour du nouvel aréna du Canadien, qui aurait justifié les coûts de construction de l'aréna.»

Comme les tours n'ont jamais été construites en raison de la récession du début des années 90, le Canadien s'est retrouvé avec un bel aréna payé trop cher.

L'évaluateur du Canadien entend faire le tour de la LNH afin de prouver que l'équipe montréalaise n'a pas été la seule à avoir péché par excès d'enthousiasme à cet égard.

«L'aréna des Sénateurs d'Ottawa a été construit au coût de 150 M$ et a été vendu quelques années plus à seulement 26,5 millions, dit Benoit Egan. Au baseball, le Skydome (le stade des Blue Jays à Toronto) a aussi perdu entre 75% et 80% de sa valeur par rapport à son coût de construction.»

La Ville de Montréal entend contredire le scénario du fiasco financier avancé par le Canadien. Quand elle lui a envoyé son avis d'impôt foncier, elle a considéré que le Centre Bell valait 150 millions entre 2004 et 2006 et 225 millions à partir de 2007.

Dans quelques mois, quand le Canadien aura terminé sa preuve, la Ville déposera à son tour ses évaluations.

Son avocat, Patrice Brunet, a indiqué à La Presse que la valeur du Centre Bell sera révisée à la hausse dans le cadre du litige.

Le Canadien et la Ville risquent de se livrer un très long match sur la patinoire du Tribunal administratif du Québec: ils ont prévu des audiences jusqu'en avril prochain, avec possibilité d'extension jusqu'en décembre 2008.