Le premier ministre Stephen Harper a dû consacrer une bonne partie de sa journée de campagne hier à la situation économique mondiale, affirmant notamment que les rapports qui faisaient état de l'imminence d'une récession au Canada étaient «pessimistes».

Le premier ministre Stephen Harper a dû consacrer une bonne partie de sa journée de campagne hier à la situation économique mondiale, affirmant notamment que les rapports qui faisaient état de l'imminence d'une récession au Canada étaient «pessimistes».

Hier matin, en banlieue d'Ottawa et hier soir à Laval, le chef conservateur a refusé d'entériner un nouveau rapport de la Banque Scotia, qui prévoit une récession modérée pour le Canada et les États-Unis pendant une bonne partie de l'année 2009.

Interrogé sur l'existence d'un plan B, soit d'un plan de sauvetage en cas de catastrophes financières et bancaires au pays, Stephen Harper a soufflé le chaud et le froid.

«Notre position au Canada est que nous n'avons pas de crise dans les secteurs financiers et bancaires, a-t-il d'abord répondu. Nous sommes préparés à travailler avec nos homologues des États-Unis et d'Europe pour les aider là où nous pouvons être utiles. Nous surveillons également attentivement pour voir si les mesures prises ailleurs n'auront pas d'effets négatifs sur nous.»

M. Harper a ensuite ajouté que son gouvernement mettra en place, si nécessaire, un plan B.

Précision

Plus tard, un porte-parole du premier ministre a tenu à préciser le sens de ces paroles. Il a affirmé aux journalistes que le chef conservateur faisait allusion aux outils habituels que possède la Banque du Canada pour intervenir, par exemple l'injection de plus de liquidités dans le système.

Stephen Harper a affirmé à quelques reprises qu'il était optimiste face à la situation.

«Je pense qu'un premier ministre responsable ne peut pas prédire une récession quand l'économie n'est pas en récession, a-t-il dit. Mais j'ai dit aussi que nous étions dans une période d'incertitude économique mondiale et c'est pourquoi nous avons proposé, pendant cette campagne, une série de mesures appropriées et réalisables afin d'aider les Canadiens»

M. Harper s'en est alors pris aux solutions de ses adversaires qui consistaient à augmenter les impôts et les dépenses. «Ce n'est pas la chose à faire actuellement», a-t-il dit.

À Victoria, le chef libéral, Stéphane Dion, a réagi en affirmant que les propos de M. Harper arrivaient trop tard.

«Jusqu'à aujourd'hui, il a prétendu qu'il n'y a rien à faire, que tout allait bien, que l'on n'avait pas à s'inquiéter. Jusqu'à aujourd'hui, il dormait au gaz quand les Canadiens s'inquiétaient. Et là il se réveille. Il se réveille parce qu'il voit bien que moi, j'agis!» a lancé le chef libéral en conférence de presse.

À Vancouver, le chef néo-démocrate, Jack Layton, a encore reproché au premier ministre Harper son inaction dans le domaine économique.

«Nous avons besoins d'investissements stratégiques et ciblés dans les entreprises qui créent de l'emploi, qui innovent et qui forment des travailleurs, tout en maintenant un environnement fiscal stable pour le reste. C'est ça qui va nous aider à traverser cette période trouble», a estimé M. Layton.

Le chef néo-démocrate affirme qu'un bon gouvernement doit s'assurer aussi que les institutions financières du Canada aient suffisamment de capitaux. Il a assuré qu'il avait déjà élaboré une stratégie pour protéger les avoirs, les pensions, les hypothèques et les emplois des Canadiens.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a pour sa part accusé Stephen Harper d'avoir «fui ses responsabilités» en déclenchant des élections au lieu de s'occuper de la situation économique du pays. Il a fustigé le chef conservateur, qui ne dévoilera sa plate-forme électorale qu'aujourd'hui à Toronto, une semaine avant le scrutin du 14 octobre.

Pendant que les Bourses du monde entier ont connu des baisses dramatiques, hier, Stephen Harper n'avait toujours rien à proposer aux Canadiens inquiets de la crise financière, a accusé le leader bloquiste.

Avec Hugo Grandpré, Malorie Beauchemin et Martin Croteau