Berlin et Vienne ont annoncé dimanche des garanties exceptionnelles pour les dépôts des particuliers, alors que la quatrième banque allemande lutte au bord de la faillite, à la veille d'une réunion des argentiers de l'UE destinée à refaire leur unité face à la crise.

Berlin et Vienne ont annoncé dimanche des garanties exceptionnelles pour les dépôts des particuliers, alors que la quatrième banque allemande lutte au bord de la faillite, à la veille d'une réunion des argentiers de l'UE destinée à refaire leur unité face à la crise.

«Nous disons aux épargnants que leurs placements sont sûrs. Le gouvernement s'en porte garant», a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, dans la foulée de l'annonce d'une garantie illimitée des comptes bancaires des particuliers, une mesure sans précédent en Allemagne.

Le gouvernement autrichien a emboîté le pas dimanche soir à son grand voisin en annonçant pour mercredi une augmentation de la garantie de l'Etat pour les dépôts bancaires et les produits d'épargne des particuliers.

Le ministre autrichien des Finances, Wilhelm Molterer, a expliqué l'initiative par la nécessité «d'éviter une fuite des épargnants» autrichiens vers d'autres pays, notamment l'Allemagne.

Au Royaume Uni, les Libéraux Démocrates (opposition) ont appelé le gouvernement à suivre le mouvement.

Ces gestes hautement symboliques interviennent dans la foulée des mesures adoptées en cavalier seul le 30 septembre par Dublin, qui était allé encore plus loin en garantissant les dépôts de six principales banques du pays, soit une somme d'au moins 400 milliards d'euros.

L'initiative de Berlin répond à l'impact de la crise financière qui touche de plein fouet la plus grosse économie de la zone euro, faisant peser la menace d'une faillite sur Hypo Real Estate (HRE), la quatrième banque du pays par son total d'actifs (400 milliards d'euros fin 2007).

Une réunion de crise était en cours à Berlin pour tenter de sauver la banque après l'échec samedi soir d'un plan de 35 milliards d'euros.

Les négociateurs ont jusqu'à la réouverture des bourses asiatiques lundi matin pour trouver une issue de secours pour l'institut munichois côté à la Bourse de Francfort.

Pour le deuxième week-end consécutif, les gouvernements belge et luxembourgeois étaient dimanche au chevet d'un autre groupe menacé, le bancassureur Fortis, dont les activités néerlandaises ont été nationalisées par La Haye.

Le ministre luxembourgeois du Trésor Luc Frieden a assuré que les parties étaient «très proches d'un accord» et que l'Etat luxembourgeois, qui a pris le week-end dernier 49% du capital de Fortis Luxembourg, allait «rester au capital de Fortis», aux côtés d'un «groupe bancaire international de grande renommée, une banque qui n'a pas de problèmes de liquidités». La banque française BNP Paribas est citée par les médias comme le probable partenaire de cette opération.

Après avoir réagi en ordre dispersé face à la crise financière, les ministres européens des Finances vont tenter d'afficher un front commun lundi et mardi, dans le sillage du sommet des quatre pays de l'UE membres du G8 (France, Italie, Allemagne, Royaume-Uni) tenu samedi à Paris.

La réunion mensuelle des 15 ministres des Finances de la zone euro lundi à Luxembourg, puis celle des 27 ministres de l'UE mardi, serait l'occasion de concrétiser l'engagement proclamé par les quatre plus grands pays de l'UE d'agir avec plus de cohérence face à la crise.

Les ministres veulent essayer d'avancer sur l'amélioration de la régulation financière, en coordonnant mieux le travail des superviseurs nationaux dans l'assurance.

Il s'agira surtout de commencer à réfléchir aux mesures voulues samedi par les dirigeants invités samedi par le président Nicolas Sarkozy.

Ces pays se sont engagés à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour «assurer la solidité et la stabilité» du système financier européen, sans toutefois évoquer un plan de sauvetage comme aux États-Unis.

Surtout, les dirigeants européens se sont mis d'accord pour dire que «l'application du Pacte de stabilité et de croissance devrait refléter les circonstances exceptionnelles que nous traversons, en application des règles du Pacte».

La réunion permettra aussi d'entendre les pays qui n'étaient pas invités à Paris.

Le ministre espagnol de l'Economie, Pedro Solbes, a estimé que la solution à la crise devait être «européenne» et non «nationale». Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a demandé que les conclusions du mini-sommet de Paris soient débattues par tous les Etats membres de l'Union européenne.

Aux États-Unis, la banque américaine Citigroup a annoncé avoir obtenu en référé de la justice new-yorkaise le gel de la fusion de ses concurrentes Wachovia et Wells Fargo, preuve que la bagarre continue pour la reprise de la quatrième banque américaine.

Après l'adoption du «plan Paulson» de sauvetage du secteur bancaire américain, doté de 700 milliards de dollars, le président Bush a averti qu'il ne produirait pas immédiatement les effets escomptés.

Les marchés boursiers des monarchies pétrolières du Golfe, qui ont repris leurs activités dimanche après une semaine de pause pour marquer la fin du ramadan, ont enregistré de fortes chutes.