Les trois gouvernements du Benelux ont volé dimanche au secours de Fortis pour éviter que cette banque ne soit emportée à son tour par la crise financière, qui fait aussi vaciller le groupe britannique Bradford and Bingley et menace de s'étendre au reste de l'Europe.

Les trois gouvernements du Benelux ont volé dimanche au secours de Fortis pour éviter que cette banque ne soit emportée à son tour par la crise financière, qui fait aussi vaciller le groupe britannique Bradford and Bingley et menace de s'étendre au reste de l'Europe.

L'une des options à l'étude est que le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas prennent une participation dans le bancassureur Fortis pour l'aider à faire face à ses difficultés de trésorerie.

«Deux possibilités s'offrent, la première ce serait qu'une banque étrangère reprenne le groupe en entier», a déclaré dans la soirée le ministre luxembourgeois du Budget, Luc Frieden, à la télévision.

«Le deuxième scénario» si la première option ne peut fonctionner, «c'est que le gouvernement luxembourgeois prenne un rôle important dans la banque Fortis, le gouvernement belge ferait la même chose en Belgique et le gouvernement néerlandais aux Pays-Bas», a-t-il ajouté.

L'idée serait que «chaque État prenne une participation dans sa banque respective», à savoir les filiales de Fortis au Luxembourg, en Belgique et aux Pays-Bas, a-t-il précisé.

La décision finale devait être annoncée dans la soirée, à l'issue d'une réunion au sommet à Bruxelles dans la résidence de travail du Premier ministre belge Yves Leterme au sujet de Fortis. Cet établissement fait partie des vingt plus grandes banques européennes et des dix plus grands assureurs. Il emploie 85 000 personnes.

Un dépôt de bilan constituerait une catastrophe économique notamment pour la Belgique, en raison du rôle de premier plan que l'établissement joue dans le financement des entreprises et des ménages. Ce qui explique la mobilisation des autorités.

Selon un projet d'accord, qu'a pu consulter l'AFP, la Belgique serait disposée à entrer au capital du groupe financier à hauteur de 4,5 milliards d'euros et le Luxembourg à hauteur de 2,5 milliards d'euros.

Fortis dans le même temps se délesterait de la banque néerlandaise ABN Amro dont elle avait acquis une partie l'an dernier pour 24 milliards d'euros. Elle revendrait ses actifs pour quelque 10 milliards d'euros, selon le projet d'accord.

Le groupe néerlandais ING mais aussi le français BNP Paribas seraient sur les rangs, selon des informations de presse.

Si cette formule se concrétise, elle confirmera le grand retour des États dans le secteur de la finance à l'occasion des divers plans de sauvetage.

Les États-Unis sont en train de mettre en place un programme d'aide de quelque 700 milliards de dollars, financé par les contribuables, pour sauver les grandes banques américaines de la crise financière, qui a conduit déjà Lehman Brothers au dépôt de bilan.

La Grande-Bretagne, après avoir nationalisé la banque Northern Rock pour la sauver de la faillite, s'apprêterait à faire de même avec un établissement spécialisé dans les prêts immobiliers, Bradford and Bingley, chahuté par la crise financière.

Selon le site internet de la BBC, le gouvernement britannique va nationaliser les prêts de cette banque et cherche à vendre ses succursales à un autre établissement. La BBC affirme que le Trésor va utiliser pour cette opération une législation spéciale qui avait servi en février pour le sauvetage de Northern Rock.

Pour sa part, Fortis a perdu plus de 2 milliards d'euros dans la crise des prêts immobiliers à risque aux États-Unis, et voit son cours boursier plonger depuis plusieurs jours en raison de craintes sur l'état de ses liquidités.

Le groupe est en outre handicapé par l'achat réalisé l'an dernier d'ABN Amro car il a dû mal, dans le climat financier morose qui sévit actuellement, à débourser la somme.