De petites entreprises comme La Boîte à Pain ou la brasserie artisanale La Barberie n'auraient jamais vu le jour sans l'aide au démarrage accordée par le Fonds d'emprunt économique communautaire de Québec.

De petites entreprises comme La Boîte à Pain ou la brasserie artisanale La Barberie n'auraient jamais vu le jour sans l'aide au démarrage accordée par le Fonds d'emprunt économique communautaire de Québec.

Mais cette entreprise d'économie sociale ne recevra plus une cenne noire du gouvernement fédéral à compter du 1er avril 2009.

Cette organisation qui lutte contre la pauvreté en offrant des petits prêts de moins de 20 000 $ aux personnes qui sont exclues des réseaux traditionnels de financement fait partie des organismes sans but lucratif oeuvrant dans le développement économique qui se verront couper les vivres par le ministre de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Jean-Pierre Blackburn.

Le Fonds d'emprunt économique communautaire de Québec a généré un capital de développement de 850 000 $ provenant de sources exclusivement privées pour aider au démarrage d'entreprises. L'argent vient des Caisses Desjardins, des communautés religieuses, d'individus, d'entreprises et de syndicats.

L'organisme parvient à autofinancer 50 % de ses activités grâce à ses revenus d'intérêts et de placements, à la vente de son expertise et à la tenue d'activités-bénéfices.

Québec et Ottawa apportent de l'eau au moulin à la hauteur de 40 % et 10 % respectivement. La part du fédéral est d'environ 85 000 $ par année.

Ottawa fermera le robinet en 2009. Ce qui pourrait entraîner une suppression de postes dans la petite organisation de 13 personnes.

«Le ministère nous dit que l'on ne cadre pas dans les créneaux d'excellence de la région comme le développement touristique international», informe la directrice générale du Fonds d'emprunt économique communautaire, Linda Maziade.

«Par l'aide au démarrage d'entreprises, nous luttons contre la pauvreté. Tous les gouvernements ont une part de responsabilité dans le développement d'une communauté. Nous ne demandons pas d'être subventionné à 100 %. Mais 10 %, ce n'est pas exagéré du tout", affirme Mme Maziade, qui a demandé une rencontre avec le ministre Blackburn qui, à son avis, "ne voit pas le travail qui se fait sur le terrain.»

Des rêves réalisés et des emplois créés

Aujourd'hui, La Boîte à Pain - spécialisée dans la fabrication de pains et de viennoiseries - compte deux boulangeries et une quarantaine d'employés. Coopérative de production de bières artisanales, La Barberie emploie une quinzaine de personnes.

Au départ, ces entreprises n'étaient que des idées dans la tête de promoteurs dépourvus de moyens financiers. Elles ne trouvaient grâce dans aucun programme «normé» des ministères. Grâce au microcrédit, des rêves sont devenus des réalités.

Depuis sa création, en 1997, le Fonds d'emprunt économique communautaire a donné un coup de pouce au démarrage de plus de 150 entreprises et a permis de créer ou de maintenir 350 emplois.

En tout, des prêts totalisant 1,2 million $ ont été versés, et le taux de remboursement frôle 90 %.

Près de 80 % des entreprises aidées par le Fonds réussissent à survivre à leurs cinq premières années d'existence. Ce n'est pas si mal, puisque, selon Statistique Canada, près de 7 entreprises de moins de cinq employés sur 10 rend l'âme avant de célébrer son cinquième anniversaire.

La différence, selon Linda Maziade, c'est l'accompagnement accordé par le personnel du Fonds aux promoteurs au moment des étapes de prédémarrage et de démarrage de leur entreprise. «L'accompagnement, c'est notre outil de gestion de risque.»

Un outil qui risque de perdre de son efficacité une fois que le fédéral aura retiré ses billes.