L'heure où l'électricité coûtera plus cher le matin et le soir n'est pas si loin. Hydro-Québec lancera dès l'automne un projet-pilote visant à introduire des tarifs d'électricité différents selon l'heure du jour et la saison.

L'heure où l'électricité coûtera plus cher le matin et le soir n'est pas si loin. Hydro-Québec lancera dès l'automne un projet-pilote visant à introduire des tarifs d'électricité différents selon l'heure du jour et la saison.

"On veut évaluer si cette approche est rentable", a fait valoir vendredi la porte-parole d'Hydro-Québec Distribution, Josée Morin.

La Régie de l'énergie, qui vient de donner le feu vert à Hydro-Québec pour introduire une nouvelle grille tarifaire aux heures de pointe, appuie le projet.

Selon les documents déposés devant le tribunal réglementaire, Hydro-Québec testera cette nouvelle façon de facturer entre les mois de décembre 2008 et mars 2010 auprès de 2100 clients répartis dans son réseau.

Au cours des prochains mois, des compteurs dit "intelligents" seront installés dans les résidences des clients ciblés par la société d'État.

Dans le contexte de ce projet-pilote, plusieurs tarifications seront étudiées selon les saisons, les mois, les journées et les heures. Hydro-Québec proposera deux tarifs expérimentaux calibrés à partir du tarif domestique (D) actuel.

Par exemple, pour le tarif DA, qui tiendra compte à la fois des plages horaires, des saisons et des heures dites "critiques", un client qui mettra en marche son lave-vaisselle, sa laveuse ou sa sécheuse entre 7h et 11h ou entre 17h et 21h paiera le gros prix, soit 18,06 par kilowattheure consommé.

À l'inverse, la même opération après les heures dites "critiques" coûtera trois fois moins cher, soit environ 5,5 cents du kilowattheure.

Actuellement, un client d'Hydro paie 5,29 cents chacun des 30 premiers kilowattheures consommés chaque jour. Les autres sont facturés à 7,03 cents.

Hydro-Québec fait valoir qu'un client qui réussira à déplacer entre 20 et 30 % des kilowattheures normalement consommés en pointe vers des périodes hors pointe pourra économiser entre 3 et 5 % sur sa facture annuelle.

La société d'État avance que le but de cette nouvelle façon de faire n'est pas nécessairement de désengorger le réseau électrique en forte période de pointe, mais bien d'offrir un moyen d'aider la clientèle à mieux gérer sa consommation.

Chez Hydro-Québec, on signale que l'idée d'introduire des tarifs différents selon l'heure du jour au Québec ne vient pas d'elle. C'est plutôt le gouvernement Charest qui en fait la demande auprès de la Régie de l'énergie.

Peu rentable

Le projet-pilote d'Hydro n'est d'ailleurs pas encore lancé qu'il soulève le désaccord. "On ne croit pas que cette tarification soit très rentable", signale Richard Dagenais de l'ACEF de Québec.

Ce dernier calcule que chaque compteur implanté dans les résidences coûtera en moyenne 500 $ à la société d'État. "Admettons que 100 000 clients s'en prévalaient, Hydro-Québec aurait alors à débourser plus de 50 millions $ en compteurs", fait remarquer M. Dagenais.

Or, cette dépense ferait obligatoirement augmenter la facture des Québécois puisque la division Distribution, responsable de ce projet-pilote, peut faire reconnaître ses dépenses par des hausses de tarifs devant la Régie.

L'ACEF de Québec trouve d'ailleurs trop limitatif ce projet-pilote, notamment du côté des familles où les heures de lavage et de tâches ménagères sont peu élastiques.

L'exemple ontarien

Dans ses observations, Hydro-Québec dit beaucoup s'inspirer de ce qui se fait en Ontario et en Colombie-Britannique. Ces deux provinces canadiennes ont déjà décidé de passer aux compteurs intelligents.

En Colombie-Britannique, seuls les grands consommateurs industriels ont des tarifs différenciés.

Du côté ontarien, par contre, 800 000 compteurs intelligents ont été mis en service depuis décembre dernier. D'ici le 31 décembre 2010, l'Ontario a entrepris d'installer des compteurs intelligents chez tous les consommateurs d'électricité de la province, soit 5,2 millions de clients.