La Banque Nationale (T.NA) soulève les passions. On la dit vulnérable à un contrôle de l'étranger, on craint que l'action chute encore plus. Et tout le monde en parle : les investisseurs, les médias, les analystes, alouette...

La Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]] soulève les passions. On la dit vulnérable à un contrôle de l'étranger, on craint que l'action chute encore plus. Et tout le monde en parle : les investisseurs, les médias, les analystes, alouette...

La situation en vient même à frustrer la direction de la Nationale.

Lors de l'assemblée annuelle, fin février, le président du conseil d'administration, Jean Douville, a lancé un «Cessez de critiquer la Banque Nationale» bien senti.

N'en déplaise à M. Douville, la situation de la «banque des PME» inquiète bien des spécialistes. Et provoque des coups de gueule.

Dans une lettre ouverte publiée notamment dans Le Soleil, Yves Michaud, président du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), s'est indigné contre les «excès» de la Nationale notamment sur le salaire de Louis Vachon, PDG de l'institution, trop élevé pour le rendement, selon lui.

Et il y a toujours l'histoire du mauvais papier commercial, une épée de Damoclès qui pend au-dessus de la banque. À ce sujet, le «Robin des banques» affirme que la Nationale a «envoyé à l'égout» 575 M$ de l'avoir des actionnaires.

En entrevue avec LaPresseAffaires.com, M. Michaud persiste et signe.

«Ça pas été la trouvaille du siècle ces papiers-là. Il ne faut pas oublier que la Banque Nationale est la deuxième plus touchée au Canada», indique M. Michaud qui souligne toutefois qu'il faut attendre le rapport de Purdy Crawford avant d'avoir le vrai portrait.

Toutefois, Yves Michaud ne croit pas aux solutions miracles pour régler la situation.

«On a l'air de croire que cela va se faire avec la pensée magique», affirme-t-il.

C'est que le plan de restructuration, qui doit démêler les tentacules du PCAA, rend optimiste le patron de la Nationale. Mais tous ne sont pas aussi positifs que lui.

Dans une note publiée fin février, l'analyste André-Philippe Hardy de RBC Marchés des capitaux, se faisait plus sombre.

«La direction de la Banque Nationale est plus optimiste que nous sur le processus», avait-il écrit.

La Loi sur les banques

Comme si cela n'était pas assez, d'autres éléments rendent la Nationale encore plus fragile. Le fonctionnement même de la Loi sur les banques qui permet à un acquéreur seul de s'emparer de 65% des actions de la banque est pointé du doigt.

«Cette loi fédérale pénalise les banques québécoises», affirme sans ambages Yves Michaud.

Chez les autres banques d'importance – la TD, la CIBC, la Royale -, le plafond est fixé à 20%.

Toutefois, il y a une raison. Selon Jean Roy, professeur à HEC Montréal spécialisé dans les institutions bancaires, la Loi sur les banques a été révisée à partir des années 50. Aux dix ans, une révision en profondeur est effectuée. C'est ce qui est arrivé en 2000 où il a été décidé que les «petites» banques - ayant 1 G$ de capital ou moins – pouvaient être contrôlé à 100% par un seul actionnaire.

Pour les banques intermédiaires comme la Nationale, le plafond a été fixé à 65%. De cette façon, on encourageait la création de nouvelles banques – en huit ans toutefois, aucun exemple est notable sinon une charte de banque obtenue par Canadian Tire. Mais l'effet pervers, c'est qu'un seul actionnaire peut contrôler l'institution financière. Et c'est ce qui fait peur à Yves Michaud.

«Ça rend la Banque Nationale vulnérable. Une prise de contrôle peut arriver n'importe quand. Dans le fond, ce serait les hauts dirigeants qui s'en mettraient plein les poches comme chez BCE», affirme-t-il.

Il s'agit d'un risque qui est également évoqué par Jean Roy.

«C'est un facteur dangereux. Ce n'est pas unique à la Nationale, mais il y a beaucoup de dirigeants qui sont actionnaires dans la banque. S'il y avait une prise de contrôle et qu'on leur accordait un bon bénéfice, ils pourraient se laisser courtiser», affirme le professeur.

Ajouté à cela la chute constante de l'action de la BN qui est bien loin de son sommet de 66,50$ de mai dernier. Depuis, le glissement est brutal : le titre patauge entre 45 $ et 50 $ depuis quelques mois ce qui n'est pas sans inquiéter les investisseurs.

En bref, les planètes ne sont pas alignées pour la Nationale, constatent les spécialistes. Reste à savoir combien de temps la banque des PME filera un mauvais coton.