Solvision, boîte techno de Boucherville, est en mode survie. Une centaine d'employés sont actuellement dans l'incertitude, tandis que la Caisse de dépôt, la Banque de développement du Canada (BDC) et le Fonds de solidarité de la FTQ pourraient y perdre des millions.

Solvision, boîte techno de Boucherville, est en mode survie. Une centaine d'employés sont actuellement dans l'incertitude, tandis que la Caisse de dépôt, la Banque de développement du Canada (BDC) et le Fonds de solidarité de la FTQ pourraient y perdre des millions.

Le vendredi 25 janvier, les employés ont reçu une lettre leur indiquant de ne pas se rendre au travail le lundi suivant.

«Compte tenu que la Banque Nationale a rappelé toutes les avances consenties à la compagnie, nous avons le regret de vous informer que nous devons procéder à votre mise à pied de façon temporaire (...)», peut-on lire dans cette lettre que La Presse Affaires a obtenue.

Solvision fabrique des équipements qui servent à inspecter les puces électroniques des géants de la microélectronique comme Intel.

Selon d'ex-employés, elle aurait été victime d'un ralentissement dans le secteur des semi-conducteurs. Une large part de la main-d'oeuvre est constituée d'ingénieurs, d'informaticiens et de chercheurs.

La direction de l'entreprise n'a pas répondu aux appels de La Presse Affaires.

La Banque Nationale confirme qu'elle a «rappelé toutes les avances consenties à la compagnie».

Elle a aussi demandé et obtenu qu'un syndic de faillite soit nommé dans le dossier. Les dettes de Solvision envers la Banque Nationale s'élèvent à plus de 5 M$, selon la requête de cette dernière déposée en cour.

La Banque affirme avoir «totalement perdu confiance» en Solvision après le refus de l'entreprise de collaborer aux solutions envisagées, qui vont d'un refinancement de 15 millions de dollars en capital-risque à la vente de certains actifs.

«Les problèmes de liquidité de Solvision sont tels qu'elle ne peut payer ses dépenses de salaires sans l'aide de la Banque», peut-on lire dans la requête.

Selon les renseignements les plus récents disponibles, le principal actionnaire de Solvision est la Caisse de dépôt et placement du Québec.

La Caisse a confirmé mardi sa participation dans Solvision par l'entremise du fonds de capital-risque Propulsion Ventures, mais n'a pas voulu indiquer le montant investi dans l'entreprise.

Annie Vallières, porte-parole de l'organisme, indique que la Caisse ne peut intervenir dans la gestion de Solvision puisqu'elle n'investit plus de capital-risque de façon directe dans les entreprises depuis 2004, préférant le faire par l'entremise de fonds spécialisés.

La Banque de développement du Canada a confirmé de son côté détenir une participation de 3,4 millions dans Solvision; le Fonds de la solidarité de la FTQ y a consenti un prêt sans garantie de 3 millions.

Solvision avait bénéficié de plusieurs rondes de financement en capital-risque. Outre la BDC, la Caisse et le Fonds de solidarité de la FTQ, la société de capital-risque américaine Entrepia Ventures et la Société Innovatech du Grand Montréal (rachetée en 2004 par une société britannique) y avaient investi.

L'entreprise a aussi reçu plus de 3 M$ US de diverses parties récemment «afin de maintenir ses opérations normales de façon temporaire».

Solvision avait breveté une technologie permettant d'inspecter les composantes microélectroniques qui se targuait d'être plus rapide et plus précise que celles de ses concurrents.

Ses machines prenaient le chemin des États-Unis, de l'Europe et de l'Asie, où les fabricants de composants s'en servaient pour vérifier la qualité de leur production.