Les mauvaises nouvelles se succèdent, mais la récession a aussi un aspect avantageux. Depuis quelques mois, le prix de l'essence et les taux d'intérêt ont chuté de façon draconienne, procurant de substantielles économies aux consommateurs.

Les mauvaises nouvelles se succèdent, mais la récession a aussi un aspect avantageux. Depuis quelques mois, le prix de l'essence et les taux d'intérêt ont chuté de façon draconienne, procurant de substantielles économies aux consommateurs.

L'été dernier, les automobilistes payaient plus de 1,40$ le litre pour remplir leur réservoir. Hier, le prix à la pompe a reculé sous les 76 cents dans la région de Montréal, le prix le plus bas depuis quatre ans.

Même constat pour les taux d'intérêt. La Banque du Canada a abaissé son taux directeur à 1,5% mardi, le plus faible depuis 1958. Les institutions financières ont emboîté le pas et réduit leur taux privilégié à 3,5%. Certains taux hypothécaires ont également reculé.

Résultat: une famille type peut espérer économiser entre 1000$ et 3300$ au cours de la prochaine année sur l'essence et l'hypothèque, selon les estimations de La Presse Affaires. Nos calculs sont basés sur des hypothèses de distance parcourue durant l'année en voiture (10 000 à 30 000 km) et de sommes d'emprunt hypothécaire (50 000 à 175 000$).

Une reprise en juin?

«C'est clair que c'est positif. Ces baisses-là auront un effet. Elles sont en train de mettre en place les éléments pour une reprise économique», a déclaré Maurice Marchon, professeur d'économie à HEC Montréal.

L'homme qui fait des prévisions économiques depuis plus de 20 ans croit que les planètes s'alignent pour une reprise à partir de juin prochain.

Prenons l'exemple d'un automobiliste qui parcourt 20 000 km par année. Selon nos calculs, il économise 78$ sur l'essence chaque mois si l'on compare le prix actuel à celui qui avait cours le printemps dernier (environ 1,30$). Comme le prix à la pompe devrait rester bas durant encore plusieurs mois, selon les économistes, il est bien possible que cet automobiliste épargne plus de 900$ d'essence cette année (voir tableau).

Pour l'hypothèque, les propriétaires qui ont misé sur le taux variable sont morts de rire. Ce taux avoisine le taux privilégié, qui a reculé de 2,5 points de pourcentage depuis un an, à 3,5%. Et il n'est pas impossible qu'il continue de baisser, selon les économistes.

En prenant l'exemple d'une hypothèque à terme fixe d'un an, la baisse est de 1,6 point de pourcentage depuis 12 mois, à 5,6%. Ainsi, pour une hypothèque de 100 000$ amortie sur 20 ans qui doit être renouvelée prochainement, le paiement mensuel tombe à quelque 690$ par mois, soit 91$ de moins qu'il y a un an. L'économie annuelle frise les 1100$.

L'économiste en chef de la Banque Laurentienne, Carlos Leitao, croit lui aussi que ces éléments amoindrissent les effets de la récession. «Bien sûr, ce sont de bonnes nouvelles, qui auront un effet sur l'économie, avec un certain délai. Par contre, l'environnement économique est difficile, surtout aux États-Unis, ce qu'on appelle maintenant une grande récession. Et toutes ces manchettes négatives jouent sur la confiance des consommateurs et des entreprises», dit-il.

Selon M. Leitao, il faut de 12 à 18 mois avant de constater les effets d'une baisse significative des taux d'intérêt sur l'économie. Or, les baisses de taux ont débuté il y a un an et devrait donc se faire sentir au début de 2009. Même constat pour l'essence.

L'économiste prévoit une autre baisse de 50 points de base des taux d'intérêt. Quant au prix du pétrole, il n'aurait pas encore atteint son creux.

Et avec la baisse d'impôt...

Selon Maurice Marchon, «la baisse du prix de l'énergie et des taux hypothécaires ressemble à une baisse d'impôt».

Justement, rappelons que les Québécois profitent cette année des baisses d'impôt des deux gouvernements, fédéral et provincial. En 2008, un couple avec deux enfants et 70 000$ de revenus annuels a ainsi pu économiser entre 960 et 1500$ par rapport à 2007, selon les estimations d'Ernst&Young.

Certes, les impôts ne seront pas réduits à nouveau en 2009, mais les baisses sont récurrentes. Autrement dit, les contribuables continueront de payer moins au cours des prochaines années que ce qu'ils payaient en 2007.

À ces économies d'impôts, de frais hypothécaires et de pleins d'essence s'ajoutent la forte baisse du prix du mazout, le nouveau crédit d'impôt pour les enfants, le fractionnement du revenu pour les retraités, les aubaines dans le secteur du voyage, etc.

Évidemment, encore faut-il conserver son emploi pour en profiter vraiment. Or, ce sera le cas pour neuf travailleurs sur 10, prévoient les économistes. En novembre, le taux de chômage était de 7,1% au Québec. Au pire, le taux pourrait grimper à 8,5% ou 9%, prévoit-on. Autrement dit, il restera tout de même plus de 90% des travailleurs qui recevront régulièrement leur chèque de paye.

Bref, ces éléments ne régleront pas la crise financière, mais ils sont tout un baume pour les consommateurs, ce qui contribuera à relancer l'économie.