Depuis plus d'une centaine d'années, les fortunes se sont faites et défaites sur les champs pétrolifères du Texas. Mais les exploitants, surfant aujourd'hui sur le boom du prix du pétrole, sont déterminés à ne pas laisser l'argent leur monter à la tête.

Depuis plus d'une centaine d'années, les fortunes se sont faites et défaites sur les champs pétrolifères du Texas. Mais les exploitants, surfant aujourd'hui sur le boom du prix du pétrole, sont déterminés à ne pas laisser l'argent leur monter à la tête.

«La plupart d'entre nous avons des cheveux gris et sommes dans ce business depuis longtemps», explique Paul Morris, PDG de Wagner & Brown, une compagnie indépendante d'exploration de pétrole et de gaz de Midland, dans l'ouest du Texas.

«Nous avons connu la dernière période d'expansion-récession, dit-il. Nous savons qu'il va y avoir un retournement. De quelle ampleur, cela dépendra. Il faudra voir.»

Wagner & Brown est l'une des quelques compagnies du bassin permien du Texas qui creusent encore des puits.

Mais avec le prix du pétrole flirtant avec les 140$ le baril, elles ne sont plus toutes seules à chercher de nouveaux gisements de brut ou à étendre leur zones d'exploration.

L'État du Texas a délivré près de 20 000 permis d'exploration l'an dernier. C'est deux fois plus qu'il y a six ans, quand le baril de pétrole coûtait moins de 20$, et sensiblement le même nombre qu'en 1975, quand la crise de l'OPEP avait engendré une escalade des cours du pétrole de 5 à 40$ le baril.

La nouvelle technologie

L'effondrement qui a suivi a durement touché la ville de Midland. On bouchait alors davantage de puits qu'on n'en creusait, tandis que les compagnies pétrolifères fermaient les forages qui ne rapportaient que le prix de l'électricité nécessaire à les faire tourner.

Depuis quelques années, les cours ont recommencé à grimper jusqu'à atteindre les 140$ la semaine dernière. Et les petits puits produisant à peine 10 barils par jour sont redevenus rentables, tandis que les nouvelles technologies permettent d'extraire du brut de petites nappes auparavant inexploitables.

«Nous sommes dans les cinq dernières minutes de la chasse aux oeufs de Pâques de l'industrie pétrolière», dit Ted Collins, président de Patriot Resources, qui travaille dans le secteur depuis 1960.

«Par le passé, quand les prix du pétrole grimpaient, nous avions plus d'offre que de demande, explique M. Collins à l'AFP. Aujourd'hui, nous avons une demande de 84 millions de barils par jour et nous avons une capacité de 85 à 86 millions. La marge est aussi mince que du papier à cigarettes.»

Le Texas ne retrouvera jamais sa production des années 70 (plus de trois millions de barils par jour, pour moins d'un million aujourd'hui), mais on découvre de nouveaux gisements et les forages existants ont encore de beaux jours devant eux, estime Kirk Edwards, qui préside l'Association pétrolière du bassin permien.

Pénurie de derricks

Le principe de précaution n'est pas le seul frein à l'exploitation: il y a aussi une pénurie de derricks, d'équipement, de main-d'oeuvre qualifiée. «Le personnel est rare et, quand il y en a, il est inexpérimenté», explique Johnny Mulloy, consultant spécialisé dans les gisements. Lors de la dernière crise, les universités du pays ont fermé leurs départements d'ingénierie pétrolière.

Midland pourrait certes participer au nouvel essor. Mais la majorité des compagnies en ville sont dirigées par des gens qui se souviennent de ce qu'il advient à ceux qui voient trop grand.

Et les nouveaux arrivants aussi sont très vite alertés.

«L'argent entre, mais il retourne à la terre dans sa majeure partie», avertit M. Morris, dont la compagnie a survécu à la précédente récession.