La décision de Remstar d'abolir le service des nouvelles de TQS et de couper 270 postes arrive alors que les créanciers n'ont toujours pas entériné le plan de relance de l'entreprise.

La décision de Remstar d'abolir le service des nouvelles de TQS et de couper 270 postes arrive alors que les créanciers n'ont toujours pas entériné le plan de relance de l'entreprise.

Mercredi, plusieurs créanciers contactés par Le Soleil semblaient surpris par la manoeuvre. «On ne sait même pas combien ils vont nous offrir et déjà ils coupent. C'est un peu rapide», a fait savoir l'un d'eux sous le couvert de l'anonymat.

Un autre a souligné qu'il n'avait jamais rien vu de tel en 25 ans de métier.

«C'est la première fois que je vois une telle façon de procéder. C'est bizarre ce qui se produit.»

Selon le syndic de TQS, Remstar a en ce moment tous les pouvoirs pour agir de la sorte. «Ils ont un mandat de la cour pour gérer une restructuration et c'est ce qu'ils font», a indiqué André Hébert de RSM Richter.

Et si les créanciers de TQS refusaient le plan de relance? Alors, là, tout serait à recommencer pour trouver un nouvel acquéreur, a reconnu le porte-parole du syndic.

Les créanciers de TQS ont d'ailleurs jusqu'au 30 avril pour déposer leurs réclamations au syndic. Par la suite, Remstar devra déposer au plus tard le 7 mai un plan d'arrangement.

Pour que le plan d'arrangement soit reconnu par la Cour supérieure, Remstar devra obtenir l'approbation de la moitié des créanciers dont la valeur des créances atteint les deux tiers du montant total en jeu.

Si le plan d'arrangement est entériné, Remstar pourra alors se présenter devant le CRTC pour faire approuver la transaction et changer la licence de la station.

Et là, la partie est loin d'être gagnée, soutient Daniel Giroux du Centre d'études sur les médias de l'Université Laval.

«C'est déjà arrivé par le passé que le CRTC relève des exigences, notamment en matière d'informations», fait-il remarquer en citant le cas de Corus lors de l'achat des stations de Radiomédia.

À la Chambre de commerce de Québec, on entend d'ailleurs faire pression auprès du CRTC pour assurer la survie du service des nouvelles de TQS.

«La licence doit être transférée telle quelle, incluant l'information», a souligné mercredi le président de l'organisme, Daniel A. Denis.

Dette de 36 M$

D'après des documents déposés le 8 avril en Cour supérieure, la dette de TQS s'élève maintenant à environ 36 M$, soit 30 M$ de moins qu'en janvier. Le syndic signale que Remstar a allongé récemment 13 M$ pour le paiement d'une créance garantie à la Banque CIBC.

Et puis d'importantes sommes dues à des grands studios de cinémas pour des droits de diffusion ont été rayées des créances. Parmi les plus importants créanciers, les producteurs de l'émission Loft Story, Télé-Vision, réclament 3,4 M$ à TQS.

Chantal Lacroix

De son côté, la maison de production de l'animatrice Chantal Lacroix, Productions Kenya, exige maintenant le paiement d'une somme de 2,5 M$ au Mouton noir. Hier, Mme Lacroix n'a pas voulu commenter la situation.

Craignant de ne pas tout récupérer dans le plan d'arrangement présenté par Remstar, Chantal Lacroix a de plus déposé récemment une poursuite de 1,4 M$ contre les «anciens propriétaires» de TQS, dont Cogeco.

Dans les documents déposés au palais de justice de Montréal, les avocats de Chantal Lacroix font valoir que Cogeco est liée par l'entente signée au mois d'avril 2005 et que la société doit garantir le paiement des dettes du réseau.