Plus de 1,3 million de foyers américains ont perdu - ou étaient sur le point de perdre - leur logement l'an dernier, faute d'avoir remboursé des emprunts souvent devenus plus chers que le prix de leur logement.

Plus de 1,3 million de foyers américains ont perdu - ou étaient sur le point de perdre - leur logement l'an dernier, faute d'avoir remboursé des emprunts souvent devenus plus chers que le prix de leur logement.

Et cette série noire risque de continuer encore un ou deux ans.

Plus de 1% des ménages américains ont été visés l'an dernier par des procédures de saisie, à des stades plus ou moins avancés, a indiqué mardi le cabinet spécialisé RealtyTrac.

Le nombre de logements concernés a augmenté de 79% sur un an, dont plus d'un million entrés dans cette spirale infernale depuis juillet. Le phénomène s'est accéléré en décembre, avec une hausse de 7% par rapport à novembre.

«Le nombre total de procédures a dépassé les 2 millions l'an dernier», un logement pouvant faire l'objet de plusieurs contentieux. «Un certain nombre de logements sont à peine au début du processus, qui se conclura par des saisies en 2008», a prédit James Saccacio, PDG de RealtyTrac.

La multiplication des saisies a transformé certaines banlieues américaines en quartiers fantômes vidés de leurs habitants. Ce ne sont pas que les propriétaires qui doivent partir, mais aussi les locataires quand le propriétaire est saisi : selon l'association des banques hypothécaires MBA, un logement saisi sur cinq n'est pas habité par son propriétaire.

Le phénomène est concentré dans les quelques États où la spéculation immobilière a atteint son pic début 2006 : Californie, Nevada, Floride et Michigan, a souligné l'analyste Patrick Newport, de Global Insight.

Une nouvelle baisse des taux de la Fed, lors de sa réunion cette semaine, ne changera pas grand chose. Seul «un petit nombre pourra renégocier des emprunts à taux fixes plus bas, et pour les saisies, la baisse des taux ne fait pas grande différence», a commenté M. Newport.

«Ces saisies sont concentrées dans des États où les prix s'effondrent depuis début 2006 : l'emprunt devient supérieur à la valeur du logement et les gens préfèrent renoncer, cela ne vaut même pas la peine de le refinancer. Quoi que fasse la Fed, cela n'y changera rien, et on ne pourra pas éviter une augmentation des saisies encore un an ou deux», a-t-il expliqué.

«Il s'agit surtout d'emprunts contractés en 2005, 2006 et 2007, dont les problèmes se feront sentir deux ou trois ans plus tard», lorsque les mensualités sont contractuellement revues à la hausse. «Il est trop tard pour aider ceux qui se sont mis dans cette situation, a jugé l'analyste.

D'autant que les prix immobiliers ne cessent de chuter, sans signe de redressement. Selon le département au Commerce, le prix médian des logements neufs a dégringolé de 10,4% en 2007.

Dans les 20 plus grandes villes du pays, le prix des logements a baissé en novembre de 7,7% sur un an, selon l'indice S&P/Case-Shiller, avec des baisses de plus de 10% à Miami, San Diego, Las Vegas, Detroit, Phoenix et Tampa.

2008 s'annonce pire : les achats de nouveaux logements chuteront encore de 15% cette année, dans l'ancien de 13%, selon la MBA.

Les banques et organismes de crédit continuent de payer la crise qu'ils ont alimentée en accordant leurs prêts de manière inconsidérée.

Mardi, Countrywide Financial, numéro un américain du crédit hypothécaire, a annoncé une nouvelle et lourde perte au 4e trimestre 2007 et signalé qu'un tiers de ses crédits hypothécaires risquées présentaient des risques de non-remboursement.

Son concurrent, Washington Mutual, a annoncé prévoir des provisions «élevées» en 2008 pour faire face à la crise de l'immobilier.