Coup de théâtre à la haute direction de la Société des alcools. Sylvain Toutant passe chez Kruger où il présidera la division des produits de consommation.

Coup de théâtre à la haute direction de la Société des alcools. Sylvain Toutant passe chez Kruger où il présidera la division des produits de consommation.

Il a été embauché jeudi à la suite d'un long processus de sélection. Il a remis dès le lendemain sa démission à titre de président directeur du conseil de la Société des alcools du Québec, poste qu'il occupait depuis 2004.

Le conseil des ministres nommera incessamment un successeur par intérim a indiqué le président du conseil Norman Hébert.

À titre de vice-président de direction, produits de consommation, M. Toutant supervisera les activités de la Maison des futailles (MdF), dont la société papetière est actionnaire à 75%. La portion restante est détenue par le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec.

Cette société, qui importe, assemble et embouteille des vins appartenait autrefois moitié-moitié au Fonds et à la SAQ. C'est sous l'administration souvent orageuse de M. Toutant que s'est réalisée la transaction avec Kruger l'an dernier, apportant un bénéfice extraordinaire de trois millions au monopole.

M. Toutant devient donc le supérieur de Paul-Éric Lebrun, le vice-président de Kruger en charge de la MdF qui réalise un chiffre d'affaires annuel d'environ 80 millions.

Il devient surtout le supérieur de Mario Gosselin, vice-président de Produits Kruger, nouvelle dénomination de Papiers Scott acquise en 1997.

Le chiffre d'affaires de Produits Kruger, qui détient et exploite les marques Cashmere et Scoties et Sponge Towels, s'élève à quelque 800 millions.

«Nous sommes des gens de papier, mais nous ne sommes pas des experts en produits de consommation, expliquait en entrevue lundi Donald J. Cayaouette, vice-président de direction à l'Exploitation. M. Toutant a une bonne connaissance du commerce de détail et il est parfaitement bilingue.»

Le choix de M. Toutant est l'aboutissement d'un long processus ayant débuté par la création d'une vice-présidence pour chapeauter l'ensemble des activités de produits de consommation que Kruger entend développer, par acquisitions notamment.

La firme de chasseurs de tête internationale Egon Zehnder a été embauchée il y a deux mois pour combler le nouveau poste. Elle a soumis une vingtaine de noms dont celui de trois Québécois.

M. Cayaouette a participé aux entrevues des cinq finalistes. M. Toutant a été retenu il y a deux semaines. La négociation entre les deux parties a exigé une semaine.

Blâmé

L'an dernier, M. Toutant avait été blâmé par le vérificateur général du Québec Renaud Lachance pour sa gestion déficiente de l'ajustement des prix en 2005, par suite de la dépréciation de l'euro.

L'affaire, révélée par le journaliste de La Presse Jacques Benoit, avait entraîné la démission de deux vice-présidents, du président du conseil.

Une firme de gestion de crise avait été embauchée par la suite pour consolider le pouvoir de M. Toutant, très ébranlé.

Après la publication du rapport Lachance, Québec avait tergiversé avant de décider de ne pas verser la prime au mérite de 30 000$ à M. Toutant qui devait s'ajouter à sa rémunération de quelque 238 000$.

Des proches joints par La Presse ont raconté qu'il était malheureux et cherchait un autre défi au Québec ou en Ontario.

«Je n'ai qu'à me féliciter des rapports d'affaires cordiaux que j'ai eus avec M. Toutant», a résumé pour sa part Yves Michaud. Il agissait comme président de l'Association des agents de vins, de bières et de spiritueux, durant cet épisode où le monopole était sur la sellette.

Homme à la poigne de fer, M. Toutant avait aussi affronté avec énergie la grève des employés des succursales de la SAQ qui s'est étendue du 19 novembre 2004 au 11 février 2005 et qui a fait perdre une soixantaine de millions au monopole.

«Nous sommes partenaires avec Kruger. C'est un partenariat qui va très bien. On souhaite la bienvenue à M. Toutant», a simplement commenté Josée Lagacé, vice-présidente affaires publiques au Fonds de solidarité, quand on lui a rappelé les événements.