Guy Laliberté aime le danger. Passionné par le poker, le milliardaire québécois a eu la témérité de se laisser filmer pendant une partie contre les meilleurs au monde.

Guy Laliberté aime le danger. Passionné par le poker, le milliardaire québécois a eu la témérité de se laisser filmer pendant une partie contre les meilleurs au monde.

Guy Laliberté se fera-t-il bouffer tout rond, lundi soir, à l'émission High Stakes Poker?

Il y aura 5 M$ en argent comptant sur la table. Les billets de banque sortiront des poches de Doyle Brunson, Jamie Gold, Sammy Farah, Barry Greenstein, Daniel Negreanu et autres terreurs du poker.

L'homme de cirque était parfaitement conscient de ce qui l'attendait quand il a accepté de participer à l'émission, comme il nous l'a avoué lundi dernier.

«Ils amènent des amateurs qui ont de l'argent dans la cage aux lions pour créer de l'action. En général, les amateurs se font manger.»

C'est ce qui est arrivé à la plupart d'entre eux, comme Jerry Buss, le propriétaire des Lakers et anciennement des Kings de Los Angeles.

Laliberté se sentait comme un chrétien parmi les fauves, mais en termes de poker, il était plutôt un poisson dans une mer de requins. Quand ce poisson a beaucoup d'argent, on parle alors de «baleine».

«Texas Dolly» Brunson, qui possède 10 bracelets des Séries mondiales, pêche la baleine depuis son jeune âge. Il connaît les risques du métier: «Le seul qui a vraiment les moyens de jouer dans cette partie, c'est Guy», dit-il.

Jamais Brunson n'aurait cru disputer un jour une partie de cinq millions à la télé.

Jouer pour la bonne cause

L'argent n'était pas l'enjeu principal pour Laliberté. Il voulait profiter de l'occasion pour faire connaître sa fondation One Drop, sans pour autant se ridiculiser.

«J'avais plus de pression que d'habitude parce que je savais que les gens me regarderaient jouer. Si tu fais une erreur ou une niaiserie, tu passes pour un maudit coin-coin», nous a-t-il expliqué lors du lancement sa fondation à Montréal, en compagnie du prince Albert de Monaco.

Lundi soir au réseau GSN - et dès mardi sur YouTube.com -, on verra Laliberté porter la casquette de sa fondation. Il dit s'être engagé à verser la moitié de ses profits à High Stakes Poker à One Drop, goutte de vie, la fondation qui améliorera l'accès à l'eau potable dans les pays pauvres.

Pardon? Ses profits à High Stakes Poker?

Pourquoi pas. En deux ou trois ans, Laliberté est devenu un joueur de poker plus que respectable. En avril, il remportait 700 000$ en terminant quatrième d'un tournoi majeur au Bellagio de Las Vegas, le rêve de bien des professionnels.

Son ami Barry Greenstein, le Robin des bois du poker, a été témoin de la progression fulgurante de Laliberté.

«Guy aime exceller dans tout ce qu'il fait. Quand il s'est intéressé au poker, il a lu, il a réfléchi, il a parlé à de bons joueurs», nous dit-il.

C'est dans la rue, là où est né le Cirque du Soleil, que Laliberté a appris à lire les gens. «Guy est fort pour deviner ce que les gens pensent, dit Greenstein. Le poker n'est pas très différent des affaires. Il faut savoir ce que les gens veulent.»

Lui et Guy se sont affrontés souvent, dont une fois à bord de l'avion privé de Laliberté, avec des bouts de papier en guise de jetons.

«Parfois je pense que Guy ne sait pas ce qu'il fait et je me fais prendre. La vérité est que j'ai eu certains succès contre Guy à ses débuts, mais il a eu le dessus récemment.»

Tout un compliment venant de Greenstein, un joueur exceptionnel qui a déjà versé plusieurs millions de ses gains au poker à des oeuvres de charité. Vendredi encore, quelques heures après cet entretien, Greenstein remportait 300 000$ dans un tournoi du World Poker Tour à Niagara Falls.

Ami ou pas, Greenstein a participé à la partie à cinq millions de High Stakes Poker avec une seule idée en tête: faire de l'argent.

«Il y avait beaucoup d'argent sur la table et je pensais que j'étais un des meilleurs joueurs. Si je n'avais pas pensé que j'étais favori, je n'aurais pas joué», dit-il.

Un autre participant, le Français David Benyamine, qui dispute régulièrement des pots de centaines de milliers de dollars sur Internet, partageait cet état d'esprit.

Mais il fallait des perdants et Guy Laliberté n'en fait pas partie. Comme Moby Dick, la baleine est en fait un cachalot pourvu de dents et capable de croquer du requin: «À part une main contre Doyle Brunson, j'ai failli être le plus gros gagnant de High Stakes Poker, nous a dit Guy Laliberté. Si je l'avais gagnée, j'aurais été le plus gros gagnant de l'histoire de l'émission. Je me suis bien amusé, je suis sorti gagnant.»