Claude Lamoureux ne se contentera pas de regarder Bell Canada (T.BCE) poireauter au troisième rang dans le secteur de la téléphonie sans fil.

Claude Lamoureux ne se contentera pas de regarder Bell Canada [[|ticker sym='T.BCE'|]] poireauter au troisième rang dans le secteur de la téléphonie sans fil.

«Bell devrait être le premier joueur dans ce domaine-là», a lancé le président de Teachers en entrevue avec La Presse Affaires.

La caisse de retraite ontarienne et ses partenaires ont accepté il y a deux semaines d'allonger 51,7 milliards pour mettre la main sur BCE, la maison mère de Bell.

Les dirigeants de Teachers voient un bon potentiel de croissance dans l'entreprise, mais la sous-performance du sans-fil les «bogue» depuis un certain temps, ont-ils admis jeudi.

Bell aura du chemin à faire. L'ancien monopole est deuxième au chapitre du nombre d'abonnés, avec 5,8 millions de clients sans-fil, comparativement à 6,9 millions pour Rogers et 5,1 millions pour Telus.

Au plan des revenus, Bell est dernier sur toute la ligne. Sa division sans-fil a procuré des recettes de 943 millions au premier trimestre de cette année, 50 millions de moins que chez Telus et 288 millions de moins que chez Rogers. Le revenu moyen par abonné est aussi le plus faible. Et le nombre d'activations nettes est nettement inférieur.

Teachers profitera de l'expertise en télécoms de ses partenaires Providence Equity Partners et Madison Dearborn (qui détiendront 32% et 9% du capital) pour donner le coup de barre approprié à la division sans fil, a expliqué Claude Lamoureux.

«On va étudier le plan stratégique de Bell, on l'a étudié, et on va voir ce qu'on peut faire dans les mois à venir», a-t-il dit.

Possible mais difficile

Reprendre la pole position dans le sans-fil est possible pour Bell, selon les analystes consultés jeudi.

Ce sera «tout un défi», a averti Iain Grant, de la firme Seaboard Group. Surtout que la direction de Bell Mobilité tente activement de redresser la situation depuis plus d'un an, sans succès.

«La position de Bell ne s'est pas améliorée depuis ce temps, dit M. Grant. Même que, sans leur intérêt dans Virgin Mobile, ils auraient très bien pu avoir des résultats négatifs au chapitre des activations nettes au dernier trimestre. Ça aurait constitué une première pour un fournisseur.»

L'analyste suggère quelques idées radicales pour attirer de nouveaux clients - et se démarquer de la concurrence. Premièrement, éliminer les tarifs interurbains.

«Une minute de conversation sans fil entre Montréal et Vancouver ne coûte pas plus cher qu'une minute entre Montréal et LaSalle.»

Iain Grant propose aussi de rendre les appels entrants gratuits pour tous les abonnés et d'abaisser les tarifs pour le transfert de données.

Greg MacDonald, analyste à la Financière Banque Nationale, insiste pour sa part sur un point: George Cope doit absolument rester en poste.

L'ancien dirigeant de Telus Mobilité, débauché par Bell à la fin de 2005, a contribué au fort succès de la division sans-fil de l'entreprise albertaine (et de Clearnet auparavant). Plusieurs espèrent le voir répéter le même scénario chez Bell.

Le potentiel de croissance est fort au Québec dans le sans-fil, dit pour sa part Brahm Eiley, président du Convergence Consulting Group. Bell est beaucoup mieux placée que Telus et Rogers pour faire des offres groupées (bundles) agressives, dit-il, puisque ces deux entreprises n'offrent quasiment pas d'internet, de téléphonie résidentielle et de télévision numérique dans la province (sauf Telus dans l'Est).

Bien-être des employés

Jeudi, Claude Lamoureux a abordé la question du moral des employés de Bell, qui est au plus bas selon un sondage interne obtenu par La Presse Affaires.

Les futurs dirigeants devront redresser la situation, a dit le président de Teachers. «Les employés, il faut qu'ils se sentent bien chez Bell, que ce soit une place attrayante pour travailler.»

M. Lamoureux cite l'exemple du fabricant de valises Samsonite, acquis par Teachers en 2003. «On l'a achetée, elle était en faillite. On rentrait là, tout le monde était découragé, ça allait mal», rappelle-t-il.

Teachers a réinvesti dans l'entreprise, les affaires ont repris du mieux, tout comme le moral des troupes. La caisse de retraite vient tout juste de vendre sa participation dans Samsonite, réalisant du coup un rendement faramineux d'environ 700% sur quatre ans.