Le gouvernement Charest ira de l'avant avec la totalité des baisses d'impôts promises en campagne électorale.

Le gouvernement Charest ira de l'avant avec la totalité des baisses d'impôts promises en campagne électorale.

Il fait ainsi le pari que le Parti québécois n'osera pas déclencher des élections en votant contre le budget que Monique Jérôme-Forget déposera jeudi.

Pour obtenir l'appui du PQ, Québec débloquera toutefois davantage de fonds pour les élèves en difficulté d'apprentissage et les personnes âgées.

Selon les informations obtenues par La Presse, Jean Charest tient à ce que son engagement de campagne électorale se retrouve dans le budget.

Aux 250 M$ en baisses d'impôts annoncées dans le budget de Michel Audet, juste avant les élections, Mme Jérôme-Forget ajoutera donc les 700 M$ en transferts fédéraux supplémentaires annoncés dans le budget déposé par Jim Flaherty durant la dernière semaine de la campagne électorale au Québec.

Ce printemps, toutes les provinces sauf une ont réduit le fardeau fiscal de leur contribuables dans leur budget. Dans la plupart des cas, il s'agit d'engagements récurrents sur plusieurs années.

S'il ne maintenait pas le cap sur sa promesse de baisser les impôts, le Québec deviendrait la neuvième province au Canada du point de vue du fardeau fiscal, alors qu'avec les baisses prévues, il s'accrochera en cinquième place.

Le budget sera «surprenant», indique-t-on dans les coulisses.

Peu de mesures mais des gestes importants, dont l'un sera taillé sur mesure pour séduire les électeurs adéquistes. On touchera à peine au programme des «régions-ressources», une intention qui a fait monter aux barricades quelques députés libéraux, à leur réunion hebdomadaire de la semaine dernière.

Québec ne fera pas plaisir non plus à Montréal - le budget n'ira pas plus loin que l'énoncé de Michel Audet quant à un éventuel pouvoir «habilitant» permettant à la ville de taxer pour diversifier ses sources de revenu.

Mais les baisses d'impôts monopoliseront d'abord l'intérêt, demain. Soulevant un tollé de critiques dans tout le pays, M. Charest avait promis en pleine campagne électorale que tout l'argent frais accordé par Ottawa pour réduire le déséquilibre fiscal, irait à réduire le fardeau fiscal des familles à revenus moyens.

La promesse faite devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain, aux derniers jours de la campagne électorale, signifiait qu'à compter du 1er janvier 2008, un couple avec deux enfants, dont les revenus totalisent 100 000$ par année voyait son impôt réduit de 650$ par année. Pour un seul revenu à 75 000$, avec un enfant, la baisse était de 950$.

Mme Monique Jérôme-Forget a longuement discuté avec le représentant du Parti québécois, François Legault, rencontré la semaine dernière à Québec.

Les informations ont été relayées ensuite à la future chef péquiste Pauline Marois et au chef parlementaire intérimaire François Gendron. Avec le critique financier de l'ADQ, Gilles Taillon, ce fut beaucoup plus bref: elle l'a vu pendant une dizaine de minutes, mardi matin. La ministre des Finances a, semble-t-il, martelé la position déjà exprimée par le premier ministre Charest.

M. Taillon a soutenu hier que Mme Jérôme-Forget lui avait offert «une rencontre de courtoisie, une formalité où le contenu n'avait pas été abordé».

«Elle m'a expliqué le processus de préparation du budget, qu'elle avait tenu compte au maximum du fait que le gouvernement était minoritaire, ainsi que des demandes des partis d'opposition pour préparer son budget.»

En point de presse la semaine dernière, les ténors péquistes François Legault et François Gendron avaient soutenu que l'appui de leur parti au budget dépendra de l'argent frais dévolu aux services pour les élèves en difficulté d'apprentissage et aux personnes âgées.

Tout en laissant entendre que leur position était négociable, MM. Legault et Gendron avaient souligné qu'ils ne se laisseraient pas duper par un recyclage de fonds déjà alloués ou par des débours ne visant qu'à absorber la hausse irréversible des «coûts de système».

Or c'est précisément ces cibles que visera Mme Jérôme-Forget qui, avec le budget, déposera les crédits budgétaires pour 2007-2008. Déjà, le budget fédéral indiquait que le transfert récurrent de 700 millions cette année serait bonifié de 400 millions l'année suivante.

La semaine dernière à l'Assemblée nationale, M. Charest avait repoussé les arguments de Mario Dumont qui jugeait inacceptable qu'on aiguille vers des baisses d'impôts des fonds accordés par Ottawa pour financer les services.

Pour s'opposer aux baisses d'impôts, a soutenu M. Charest, il faut ignorer que «depuis le budget fédéral ou les derniers budgets livrés partout au Canada, il y a sept provinces sur 10 qui ont réduit leurs impôts».

«Mon gouvernement a l'intention de se battre pour la classe moyenne parce que ce n'est pas le chef de l'opposition officielle qui va le faire», avait alors prévenu M. Charest.