Les fonds communs Calvert ont une philosophie d'investissement particulière. Vraiment particulière. «Nos fondateurs étaient des hippies», dit l'analyste Lily Donge.

Les fonds communs Calvert ont une philosophie d'investissement particulière. Vraiment particulière. «Nos fondateurs étaient des hippies», dit l'analyste Lily Donge.

Fondée en 1976, la firme américaine a versé dans le marché monétaire avant d'acheter ses premiers titres boursiers en 1982. Elle s'est immédiatement distinguée de ses concurrents.

«Nous avons été les premiers à boycotter les compagnies de l'Afrique du Sud en raison de l'apartheid», dit Mme Donge, l'une des conférencières du Forum Tremblant sur la responsabilité sociale de l'entreprise, tenu à la fin septembre au Mont-Tremblant.

Au fil des ans, Calvert est devenu le chef de file de l'investissement responsable aux États-Unis.

La firme du Maryland gère aujourd'hui des actifs de 15 milliards US. Elle a même créé l'indice Calvert, qui sert à mesurer le rendement boursier des entreprises les plus responsables au plan social.

«Calvert a été un pionnier. La firme a bâti le marché de l'investissement responsable aux États-Unis. Elle a été la première à faire de l'activisme aux assemblées annuelles des actionnaires», dit Olivier Gamache, PDG du Groupe Investissement Responsable, une société québécoise qui conseille les investisseurs responsables.

Si l'investissement responsable est à la mode ces temps-ci, Calvert n'a pas toujours eu la vie facile.

«Avant, les investisseurs responsables se faisaient dire qu'ils devaient sacrifier une partie de leur rendement, dit Mme Donge. Mais plusieurs études indépendantes montrent que ce n'est pas vrai. Vous avez donc les mêmes résultats au plan financier, et vous investissez dans des compagnies qui ont un impact positif sur l'environnement et sur leur communauté.»

Les scandales financiers d'Enron et de WorldCom au début des années 2000 ont donné des arguments de poids aux firmes d'investissement responsable.

«C'est devenu plus facile de recruter des investisseurs, dit Mme Donge. Les gens ne veulent plus seulement des bons rendements. Ils veulent un processus de vérification sérieux et ils savent que nous pouvons nous en occuper.»

Calvert administre 42 fonds communs de placement, dont 22 fonds d'actions. Les fonds Calvert sont disponibles seulement aux États-Unis.

La firme sélectionne ses titres selon sept critères: le respect de l'environnement, les relations de travail, les relations avec la communauté, les droits de la personne, les droits des autochtones, les règles de gouvernance et la sécurité des produits.

«Il n'existe pas de top 10 des compagnies les plus responsables socialement, dit Mme Donge. Nous comparons plutôt les compagnies d'un même secteur afin de voir lesquelles sont les plus responsables au plan social. Il y a aussi des secteurs dans lesquels nous décidons de ne pas investir parce que c'est tout simplement injustifiable, malgré tous les efforts des compagnies. C'est le cas de la cigarette, par exemple.»

Selon Mme Donge, l'investissement responsable est en forte progression présentement.

«C'est très fort en Europe, dit-elle. Les États-Unis deviennent de plus en plus organisés. Au printemps, trois grandes institutions financières - UBS, Citigroup et Lehman Brothers - ont rendu public leur rapport sur les effets des changements climatiques sur l'économie. Je n'aurais jamais cru ça possible il y a quelques années.»

Mais en affaires, le succès ne vient jamais sans une concurrence féroce. La firme ne s'en plaint pas. Elle aimerait toutefois que ses rivaux fassent preuve d'un peu plus de rigueur.

«Notre industrie n'est pas assez transparente, dit Mme Donge. Le public ne peut pas encore faire la différence entre les entreprises réellement responsables et les autres. Des associations d'investisseurs responsables commencent à établir des critères d'évaluation communs. De telles initiatives vont aider la cause de l'investissement responsable.»