Après un bon départ, le mois d'avril s'est terminé sur une mauvaise note à la Bourse canadienne.

Après un bon départ, le mois d'avril s'est terminé sur une mauvaise note à la Bourse canadienne.

Et la première séance de mai n'a pas été très vigoureuse.

Est-ce un avant-goût de ce qui nous attend pour les prochains mois?

«Je ne serais pas surpris si, d'ici la fin de l'été, le marché canadien perdait tous les gains acquis depuis le début de l'année», avance Pierre Lapointe, stratège adjoint à la Financière Banque Nationale.

Depuis janvier, le S&P/TSX progresse de 3,9 %.

En avril, l'indice a pris 1,9 %. Mais il aurait fait beaucoup mieux s'il n'avait pas chuté de 1,6 % lors de la dernière journée du mois.

Pour le moment, la vague de fusions et d'acquisitions maintient une pression à la hausse sur le prix des actions.

Pour les quatre premiers mois de l'année, les transactions d'entreprises s'élèvent à plus de 1000 milliards US dans le monde. Cela se compare à 500 milliards US pour toute l'année 2002.

En avril seulement, deux géants canadiens, la société de télécommunications BCE et l'épicier Sobey's, sont devenues candidates à une privatisation.

Cela dit, plusieurs risques planent quand même sur la Bourse, estime M. Lapointe.

L'économie américaine ralentit (données préliminaires de 1,3 % au premier trimestre) et le dollar canadien s'apprécie au point de franchir les 90 cents US.

Sans compter, ajoute-t-il, que les autorités chinoises prennent des mesures pour ralentir la surchauffe. L'empire du Milieu carbure à un taux de croissance de 11,1 % pour les trois premiers mois de l'année par rapport à une cible de 8 %.

«Pour ralentir la cadence, un décret administratif vient d'augmenter le ratio de réserve des banques afin de réduire les prêts», explique le spécialiste.

Selon lui, tous ces éléments militent en faveur d'un affaiblissement des cours boursiers.

«Les entreprises de ressources naturelles seront particulièrement touchées», pense-t-il.

En avril, le secteur des matériaux, composé des producteurs de métaux, n'a avancé que de 0,6 % malgré la hausse du cuivre (12,7 %), du zinc (12,5 %) et du nickel (10,1 %).

«C'est le signe que les investisseurs se disent que ça ne va pas durer éternellement», dit le stratège.

De plus, il constate que les profits n'ont pas remplit les attentes dans le cas des pétrolières.

Ceux d'EnCana, par exemple, ont chuté de 66 %.

Au cours du mois, le secteur de l'énergie a avancé de 2,6 %.

Les entreprises de télécoms, menée par la transaction à venir sur BCE, ont réussi la meilleur performance mensuelle avec un bond de 10,3 %.

Elles sont suivies par les sociétés industrielles qui ont gagné 5 %, grâce notamment à Russell Metals (12,8 %) et au Canadien National (9,2 %).

À l'autre bout du spectre, les entreprises technos ont connu la pire performance avec un recul mensuel de 5,1 % alors que Research In Motion a affiché des ventes plus faibles que prévu.

Par ailleurs, les Bourses américaines ont très bien fait en avril.

Le Dow Jones a bondi de 5,7 %. Il a établi un nouveau record en franchissant la barre des 13 000 points au cours du mois.

Pendant ce temps, les indices S&P500 et le NASDAQ grimpaient tous les deux de 4,3 %.

«Les investisseurs américains font le pari que la Fed réussira son atterrissage en douceur», dit-il.

De plus, précise-t-il, ils ont été soulagés de voir que les profits des entreprises étaient au rendez-vous.

Jusqu'à présent, 60 % des sociétés ont présenté leurs résultats pour la période de janvier à mars. Leurs bénéfices sont en hausse de 7,2 % alors que les observateurs s'attendaient à un gain de 6,8 %.

«C'est positif mais c'est quand même moins que les 14 trimestres précédents où la croissance était d'au moins 10 %», dit Pierre Lapointe.

À son avis, les Bourses américaines pourront difficilement maintenir leur rythme.

«Tôt ou tard, les profits seront touchés plus sévèrement par le ralentissement de l'économie américaine, dit-il. Cet impact pourrait se faire sentir dans un ou deux trimestres.»