Ce qui n'est encore qu'un bout de terre recouvert de champs de choux au large de Shanghai devrait devenir d'ici trois ans la première cité 100 % écologique en Chine.

Ce qui n'est encore qu'un bout de terre recouvert de champs de choux au large de Shanghai devrait devenir d'ici trois ans la première cité 100 % écologique en Chine.

Si tout se déroule conformément aux plans prévus, cette «éco-cité» commencera à émerger en 2009 dans le district de Dongtan, dans l'île de Chongming, à l'embouchure du Yangtze.

«La Shanghai Industrial Investment Co. est venue nous voir pour que nous dessinions avec eux la ville de Dongtan», raconte Dong Shanfeng, responsable du projet pour le cabinet d'urbanisme britannique Arup, partenaire du gouvernement de Shanghai.

Le budget initial prévoit un investissement de 1,3 milliard US, qui pourrait drastiquement augmenter au cours des travaux.

D'ici 25 ans, un demi-million de personnes devraient élire domicile sur l'île, paradis des oiseaux migrateurs et actuellement reliée par ferry au continent.

Elle sera la première cité verte d'une Chine qui apparaît comme un cauchemar écologique avec 20 des 30 villes les plus polluées au monde.

Loin de la frénésie shanghaïenne, l'«éco-cité» devrait garder sa quiétude de bord de mer, malgré le tunnel et le pont qui la mettront dès 2009 à 45 minutes du centre de la capitale économique et financière chinoise, en attendant le métro.

Le principe est simple: tout reposera sur les énergies renouvelables. Trois éoliennes fendent déjà l'air de Dongtan. Le recyclage sera optimisé: eau de pluie pour irriguer les cultures, ordures ménagères pour servir de combustible.

Les habitants mangeront des produits issus de l'agriculture biologique des fermiers locaux. Les toits en pelouse des maisons de huit étages maximum assureront une isolation efficace et les bâtiments consommeront 70 % d'énergie de moins que les tours du centre ville.

Seulement 40 % de l'espace aménagé sera construit, le reste étant consacré aux cultures et à la réserve naturelle d'oiseaux.

«Il y aura des corridors pour animaux sauvages», précise M. Dong, qui souhaite «encourager les déplacements à pied, en vélo et décourager au maximum l'utilisation de la voiture».

Les véhicules n'utiliseront ni diesel ni essence. Une marina, digne de la côte d'Azur, viendra remplacer l'actuel petit port de pêche où accostent aujourd'hui quelques bateaux rouillés, ramenant des filets gorgés de poissons.

Une utopie verte que certaines voix discordantes viennent nuancer.

«Je suis contre ce projet comme la plupart de mes collègues ici», explique le professeur Zhao Min, directeur de l'Institut d'Urbanisme de l'Université de Tongji, à Shanghai.

«Chongming a toujours été une île écologique, de façon naturelle. Elle n'a pas besoin d'intervention humaine et de développement. Pourquoi avons-nous besoin de développer cette île quand il reste des terres dans les districts de Pudong ou de Nanhui à développer?», s'interroge le professeur.

La question est aussi de savoir qui élira domicile sur cette partie de l'île. Les prix des logements n'ont pas encore été fixés, mais le fond du projet viseraient plutôt les yuppies shanghaiens en mal d'espaces verts.

«Notre programme prévoit 20 % de logements à loyers modérés», assure Dong Shanfeng. L'État veut par ailleurs encourager l'installation d'entreprises vertes pour garantir la création de 50 000 emplois à l'horizon 2020.