Y a-t-il plus banal qu'une poubelle? Ce n'est certainement pas l'avis de Urbana Mobilier Urbain.

Y a-t-il plus banal qu'une poubelle? Ce n'est certainement pas l'avis de Urbana Mobilier Urbain.

Cette PME de Thetford Mines a développé, de concert avec la division immobilière de la Caisse de dépôt et placement, une poubelle en aluminium alliant durabilité, esthétisme et pragmatisme.

Le résultat est tellement concluant que le novateur récipient destiné à recevoir des ordures pourrait bientôt s'embarquer pour un tour du monde.

Dans son format standard, soit une section pour les rebuts et une autre pour les matières recyclables, cette poubelle vaut environ 2000$. Elle mesure cinq pieds de haut et se transporte facilement. Son prix grimpe à près de 10 000$ dans sa version «toute équipée».

Cette version est munie de cendriers, d'un compacteur à déchet intégré, d'un écran à cristaux liquides, d'un compartiment qui gère les liquides, etc.

Que ceux qui contribuent au bas de laine des Québécois se rassurent: la SITQ, le bras immobilier de la Caisse, a commandé 40 poubelles «standards» pour les aires de restauration de la Place Ville-Marie, le 1000 de La Gauchetière et le 500 Sherbrooke Est. Du coup, elle a encouragé plusieurs entreprises d'ici, c'est-à-dire Urbana et ses sous-traitants québécois.

«La Caisse nous a été référée par Alcoa, l'un de ses locataires à Montréal. Au lieu d'acheter des produits européens ou américains, elle a décidé de travailler avec nous. Elle a bien fait, car nous lui avons créé une poubelle unique au monde», explique Michel McCutcheon, président et fondateur d'Urbana.

Bon partenariat

Caroline Lacroix, chef de marketing et recherche de marché à la SITQ, a travaillé avec Urbana. Elle se félicite du choix fait par la Caisse. «On ne pouvait trouver meilleur partenariat. Ils ont créé une poubelle sur mesure. Ça a été un mariage parfait!», dit-elle.

La SITQ a donc tenu à informer les gestionnaires de ses autres immeubles ailleurs au Canada, aux États-Unis et en Europe (qui totalisent 35 millions de pieds carrés), que des poubelles novatrices made in Québec étaient maintenant disponibles.

Si Ivanhoé-Cambridge, propriétaire de nombreux centres commerciaux à l'échelle internationale, s'y intéresse également, les poubelles d'Urbana Mobilier Urbain ont de beaux jours devant elles.

La PME de Thetford Mines a investi près d'un quart de million de dollars pour développer sa poubelle en aluminium, laquelle ne nécessite aucune soudure.

L'entreprise a reçu 30 000$ d'aide financière, soit 20 000$ de l'aluminerie Alouette et 10 000$ du Centre québécois de recherche et de développement en aluminium (CQRDA), situé au Saguenay.

Malgré sa petitesse (quatre employés) et des ventes qui totalisent à peine le demi-million, Urbana Mobilier Urbain s'y connaît déjà en exportation.

Son banc-table, vendu près de 1000$ et développé au début des années 2000, a trouvé preneur jusqu'en Nouvelle-Zélande. Breveté par la PME, le principe de ce banc de parc est simple: on fait pivoter le dossier vers l'avant et, hop, on se retrouve attablé. Cela ressemble à une moitié de table de pique-nique, si l'on veut.

La PME a ensuite développé une série de produits, toujours composés à 100% d'aluminium: estrades, tables de pique-nique et bancs sans dossier. La principauté de Monaco étudie actuellement la possibilité de meubler ses abris-bus avec les bancs sans dossier d'Urbana.

«Nos produits ne sont pas seulement légers et résistants à la rouille: ils ne brûlent pas, ce qui est le cas avec les bancs en bois ou en plastique», explique Michel McCutcheon, qui oeuvre dans la construction résidentielle depuis 20 ans.

300 bancs vendus

Actuellement, l'entreprise dit avoir vendu près de 300 bancs aux quatre coins du Québec. Mais à 1000$ pièce, les municipalités sont moins enclines à s'en offrir à la douzaine.

C'est pourquoi le président de l'entreprise a décidé d'y intégrer de la publicité. Michel McCutcheon n'est pas persuadé qu'il y a déjà trop de pub autour de nous. Pollution visuelle est un vocable qui lui est étranger.

Il a réussi à charmer la municipalité de Thetford Mines, à qui il a prêté gratuitement 120 bancs-table. En échange, M. McCutcheon s'occupe de vendre les espaces publicitaires disponibles sur le dossier des bancs.

Pour une publicité d'un pied sur quatre pieds, il en coûte entre 500$ et 1000$ pour une année.

D'ici à ce que les poubelles d'Urbana prennent leur envol, le président de la PME espère créer des ententes avec le plus grand nombre possible de municipalités québécoises pour leur vendre ou leur «prêter» ses bancs et autres tables de pique-nique.

À moyen terme, l'entreprise souhaite créer un catalogue d'une douzaine de produits et devenir un joueur important dans l'univers du mobilier urbain.