Oubliez Desjardins, la Royale, la Laurentienne ou la TD. Les jeunes espoirs du tennis ont leur propre réseau bancaire.

Oubliez Desjardins, la Royale, la Laurentienne ou la TD. Les jeunes espoirs du tennis ont leur propre réseau bancaire.

Ces institutions financières s'appellent IMG, Octagon et SFX – toutes des agences sportives qui gèrent la carrière d'athlètes professionnels. Elles leur trouvent des commanditaires, négocient des laissez-passer dans des tournois et réservent leurs billets d'avion. Dans certains cas, elles leur servent même de banques à leurs débuts sur le circuit.

«Elles t'aident quand tu arrives sur le circuit, mais tu dois repayer quand tu commences à gagner, dit Martin Laurendeau, le capitaine de l'équipe canadienne de la Coupe Davis et l'entraîneur de Frank Dancevic. À 22 ans, tu es encore en train de repayer pour tes premières années. Ça peut être une bonne affaire pour un jeune joueur mais ça n'en est généralement pas une, à moins de rentrer vite dans le top 100.»

Le numéro un au Canada, Frank Dancevic, est au nombre des clients d'Octagon, qui a pris le risque de financer ses débuts chez les pros.

«Je viens d'une famille ordinaire, mon père est ingénieur chez GM, dit-il. Nous sommes quatre enfants à la maison et il doit faire vivre notre famille. Si je voulais jouer chez les pros, ma seule option était de leur emprunter de l'argent et de les rembourser quand je connaîtrai du succès. Maintenant que je gagne davantage de matchs, une partie de mes revenus va directement dans leurs poches.»

Octagon, qui gère notamment la carrière d'Amélie Mauresmo, Martina Hingis et Tommy Robredo, se défend de jouer les institutions financières. «Nous sommes plus qu'une banque, nous sommes des agents», dit la directrice du tennis Micky Lawler.

L'agence basée en Virginie accepte néanmoins d'avancer les fonds nécessaires à ses jeunes espoirs.

«Ce n'est pas un risque que nous aimons prendre, dit Mme Lawler. Ce n'est pas un bon feeling pour un athlète de savoir dès le début de sa carrière qu'il devra rembourser beaucoup d'argent s'il connaît du succès. Et une entente comme celle-là n'est pas toujours la plus avantageuse pour les deux parties. Si nous prêtons 100 000 $, nous devons générer le même montant pour nous payer. Une agence pourrait accepter des commandites moins intéressantes afin de se payer plus rapidement.»

Les agences sportives ne se contentent plus de gérer la carrière de leurs clients. Elles organisent aussi des tournois. À titre d'exemple, Octagon est propriétaire de trois tournois sur le circuit masculin (ATP) et six tournois sur le circuit féminin (WTA). Autant d'occasions d'offrir des laissez-passer aux membres de son écurie.

«Ces laissez-passer signifient des revenus garantis pour un joueur, même en cas de défaite en première ronde, dit Mme Lawler. Mais parfois, il vaut mieux donner des laissez-passer pour les qualifications car les joueurs ne sont pas prêts pour le tableau principal. Leur donner un laissez-passer pour le tableau principal pourrait leur faire beaucoup de tort.»

Malgré leur nouveau statut, les agences ont vu leur influence diminuer considérablement au cours des dernières années, selon Eugène Lapierre.

«C'était pire avant, dit le directeur de la Coupe Rogers à Montréal. Les agents contrôlaient tout. Ils décidaient les tournois auxquels leurs joueurs participaient. Maintenant, l'ATP oblige les joueurs à faire tous les tournois de la série Masters, ce qui a réduit le pouvoir de négociation des agents.»