Lancé en 2000, l'indice Jantzi sert de baromètre pour mesurer la responsabilité sociale des entreprises canadiennes.

Lancé en 2000, l'indice Jantzi sert de baromètre pour mesurer la responsabilité sociale des entreprises canadiennes.

Son fondateur Michael Jantzi a expliqué à La Presse Affaires, les rouages de son indice qui sert maintenant de base à plusieurs produits d'investissement offerts au grand public.

Comment détermine-t-on les sociétés qui forment l'indice?

Dans un premier temps, l'indice exclut les entreprises qui tirent plus de 5% de leurs revenus du tabac, de l'armement et de l'énergie nucléaire. D'autres sociétés sont retirées pour des raisons spécifiques.

Par exemple, le fabricant de pièces automobiles Magna International a été banni à cause de la rémunération excessive de ses dirigeants et de sa structure anti-démocratique.

En quoi consiste l'approche du «meilleur du secteur»?

Dans un second temps, l'indice fait appel à la méthodologie «Best of sector». Cette approche fait ressortir les sociétés qui se comportent le mieux, par rapport à leurs pairs, sur le plan de l'environnement, de la gouvernance, du respect des droits humains, etc.

«Ça n'a pas de sens de comparer une banque avec une minière», explique M. Jantzi, qui préfère mettre l'accent sur les firmes qui font des efforts pour se démarquer, sans égard au secteur.

Reste que l'indice Jantzi contient moins d'énergie et de mines et métaux que l'ensemble de la Bourse canadienne, et davantage de services financiers et de télécom.

Comment expliquer que des entreprises très polluantes soient parmi les plus responsables?

Suncor Energy est un bon exemple de ce paradoxe. La pétrolière est présente dans les sables bitumineux, une des industries les plus polluantes qui soit, admet M. Jantzi. Pourtant, elle se classe parmi les plus responsables.

C'est qu'elle a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Suncor se tient debout et met la concurrence au défi d'en faire autant, explique M. Jantzi.

Sur le plan social, elle prend les moyens pour assurer le développement harmonieux de Fort McMurray, une ville en plein essor économique, grâce au pétrole. Mais cela comporte aussi de grands risques (prostitution, services défaillants, etc.) et les pétrolières qui ne font rien, seront pointées du doigt.

De quelle façon l'indice peut-il influencer les entreprises?

Contrairement aux investisseurs activistes, Jantzi Research ne monte pas aux barricades pour défendre certains enjeux.

Mais comme elle discute régulièrement avec les dirigeants d'entreprise, la firme se considère néanmoins comme un joueur clé dans le débat:

«Nous sommes une firme de recherche. Nous ne gérons pas d'actifs. Nous n'entreprenons donc pas de démarches nous-mêmes. Mais nous encourageons les investisseurs qui le font», expose M. Jantzi.

Peut-on obtenir de bons rendements, tout en étant socialement responsables?

Oui! Depuis sa création en 2000, l'indice Jantzi a affiché un rendement annuel composé de 8,5%, légèrement supérieur à celui de la Bourse de Toronto.