À une époque où l'on va forer jusque dans l'Ungava pour découvrir des métaux, la petite entreprise d'exploration Osisko (V.OSK) croit avoir découvert l'une des plus importantes réserves d'or du pays.... sous la ville de Malartic, en Abitibi.

À une époque où l'on va forer jusque dans l'Ungava pour découvrir des métaux, la petite entreprise d'exploration Osisko [[|ticker sym='V.OSK'|]] croit avoir découvert l'une des plus importantes réserves d'or du pays.... sous la ville de Malartic, en Abitibi.

Pendant que les géologues se grattent encore la tête devant la découverte, sur place, on se prépare à déménager... un quartier complet.

À Malartic, les chercheurs d'or, on connaît - la ville trône au coeur d'une des régions minières les plus riches au monde. Mais jamais on n'aurait pensé les voir débarquer en pleine ville, cassant l'asphalte des rues avec leurs foreuses à deux pas des maisons.

C'est pourtant le genre de scène qu'aperçoit aujourd'hui Francine Cloutier depuis son balcon de la rue Héthérington. Et elle n'est pas la seule à voir de drôles de choses dans cette petite ville de l'Abitibi par les temps qui courent.

«Nous avons quatre foreuses en activité dans les rues de Malartic, et on s'attend à ce que le nombre monte à huit d'ici la fin de l'été», dit Hélène Thibault, directrice des communications d'Osisko Exploration.

Ce branle-bas de combat a un nom: le projet Canadian Malartic. Si le rêve de tout prospecteur est de découvrir un gisement près des infrastructures pour faciliter son exploitation, on peut dire qu'Osisko a frappé dans le mille.

C'est carrément sous les maisons des citoyens que la petite entreprise d'exploration a déniché son précieux métal jaune.

Et on ne parle pas de quelques pépites. Les 8,4 millions d'onces d'or qu'elle croit avoir découvert dans le sous-sol abitibien pourraient la transformer en ce qu'un analyste de la Financière Banque Nationale a qualifié de «nouveau géant» du secteur aurifère.

L'ampleur du projet donne le vertige. Si tout fonctionne comme le souhaite Osisko, Mme Cloutier ne verra plus de foreuses de son balcon d'ici quelques années. La raison est bien simple: sa maison aura été déménagée à l'autre bout de la ville.

À son emplacement actuel, un immense trou: celui de ce qui pourrait bien être la plus grosse mine d'or à ciel ouvert de l'histoire du Québec.

Osisko prévoit extraire ici de 30 000 à 40 000 tonnes de roche... chaque jour. Un poids lourd comme la mine LaRonde, à un jet de pierre de Malartic, en traite quotidiennement 7200 tonnes.

Il faut dire que la mine que veut bâtir Osisko à Malartic est d'un type nouveau pour l'Abitibi. Les mines d'or qui s'y trouvent actuellement sont souterraines - on trouve une veine riche en or, puis on la suit sous terre jusqu'à l'avoir épuisée.

Le projet Canadian Malartic repose sur un tout autre principe: ramasser du roc à plus faible teneur en or... mais en immense quantité.

Osisko espère y récolter entre 450 000 et 600 000 onces d'or chaque année, plus de deux fois la production de la mine LaRonde. Durée de vie prévue: entre 15 et 20 ans.

Mais avant d'en arriver là, il reste bien du travail à faire. Les 8,4 millions d'onces d'or représentent pour l'instant une «ressource inférée» - une estimation dont le degré de fiabilité est le plus faible. Voilà pourquoi Osisko creuse des trous un peu partout, question d'augmenter la confiance dans le gisement.

Une étude d'impact environnementale a été lancée en mars dernier, et l'étude de faisabilité qui tranchera si le projet est économiquement rentable est aussi en cours. On attend les résultats pour l'année prochaine, pour une décision d'entrer ou non en production... fin 2008.

Les analystes financiers suivent l'histoire de près. Michael Curran, de chez RBC Marchés des Capitaux, qualifie Osisko «d'un des plus beaux succès du domaine de l'exploration depuis plus d'un an».

Son collègue de la Financière Banque Nationale, Brian Christie, écrit dans une note datée du 25 juillet qu'il s'attend à voir les ressources d'Osisko grimper à «au moins 10 millions d'onces» à mesure qu'Osisko continue de forer.

Les dirigeants, en tout cas, sont confiants. Tellement qu'ils ont déjà commandé leur broyeur -le plus gros d'Amérique du Nord - au coût de 58 millions de dollars.

«On a pris un risque, admet le chef des opérations financières, Bryan Coates. Mais on a calculé que le risque était plus important si on attendait.»

«Quand on a commandé ces équipements, en novembre, le temps de livraison était de 92 semaines, explique Sean Roosen, président et chef de la direction d'Osisko. Si on faisait la même commande aujourd'hui, on parlerait de 150 semaines. Sans compter que le prix a monté de 20% depuis. C'est le problème de notre industrie.»

En tout, l'investissement initial est estimé entre 400 et 500 millions de dollars. Et Osisko a bien l'intention de s'en charger elle-même.

L'entreprise a émis quelque 135 millions d'actions à la Bourse de Toronto, pour une capitalisation boursière qui tourne autour de 800 M$. Elle possède aussi 90 millions de dollars d'encaisse.

«Nous n'avons pas besoin de partenaire dans ce projet, a martelé le président, Sean Roosen, lors d'une rencontre avec La Presse Affaires. Nous avons construit cette société pour aller en exploitation, pas pour être vendue à une autre compagnie.»

Osisko, admet le président, n'a jamais exploité de mine. «Mais plusieurs dans notre équipe ont cette expérience», dit-il, pointant son vice-président, finance, et chef des opérations financières, Bryan Coates, qui a occupé les mêmes fonctions chez Cambior. L'entreprise est d'ailleurs en mode recrutement, visant justement les gens avec de l'expérience en exploitation de mines.

Quant aux offres hostiles, M. Roosen souligne que la haute direction possède 38% de l'actionnariat de l'entreprise.

«Avec ça, on est vraiment en contrôle de la société. Si on inclut 4 ou 5 autres investisseurs, on dépasse 60%. Nous sommes l'une des rares entreprises du secteur aurifère dont la structure est organisée de façon à nous permettre d'exécuter notre plan d'affaires.»