Aéro Montréal, la nouvelle grappe aérospatiale de la région de Montréal, travaille discrètement dans les coulisses pour maximiser les retombées au Québec des grands contrats militaires du gouvernement fédéral.

Aéro Montréal, la nouvelle grappe aérospatiale de la région de Montréal, travaille discrètement dans les coulisses pour maximiser les retombées au Québec des grands contrats militaires du gouvernement fédéral.

«Il ne s'agit pas de faire du lobbying sur la place publique, a déclaré le président du conseil d'administration d'Aéro Montréal, Jacques St-Laurent, en marge de l'assemblée annuelle de l'organisation hier. Vous n'avez pas entendu parler de nous (dans ce dossier) parce que nous avons décidé d'opter pour un travail de fond plus pro-actif, pas nécessairement dans les journaux. On alimente quoi à dire qu'on est content ou qu'on n'est pas content ? Nous avons une industrie extraordinaire, nous sommes capables de la faire valoir auprès des maîtres d'oeuvre.»

C'est en mai 2006 que l'industrie aéronautique de la région de Montréal s'est jointe aux gouvernement, aux institutions d'enseignements et aux centres de recherche pour créer une grappe aérospatiale.

Dès le début, Aéro Montréal a tenu à ne pas dédoubler d'autres organisations, comme l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA), qui regroupe les PME du secteur.

Dès le début, Aéro Montréal a également tenu à se donner une structure extrêmement légère (elle ne compte que trois employés) et peu coûteuse.

C'est ainsi que le fabricant de simulateur de vol CAE a prêté un local pour le lancement d'Aéro Montréal il y a un an.

Jeudi, c'est l'École polytechnique qui a prêté une salle de cours pour l'assemblée annuelle de la nouvelle organisation.

La prudence et la discrétion sont aussi à l'honneur, ce qu'illustre la position d'Aéro Montréal dans le dossier des contrats militaires du gouvernement fédéral. Ces contrats, d'une valeur d'environ 17 milliards de dollars, portent notamment sur l'acquisition d'hélicoptères et d'avions de transport tactique et stratégique.

Les multinationales américaines qui devraient remporter ces commandes, Boeing et Lockheed Martin, devront générer au Canada des retombées industrielles égales à la valeur des contrats.

Le Québec, qui représente de 55 à 60 % de l'industrie aérospatiale canadienne, espère récolter une proportion équivalente des retombées.

«Nous avons décidé de travailler de façon plus fidèle à notre image, a indiqué M. St-Laurent. Nous avons un comité de la défense qui ne se prononce pas dans les journaux, mais qui fait un travail de fond.»

Le comité a commencé à faire l'inventaire des capacités de l'industrie québécoise et entend organiser des rencontres avec les grands maîtres d'oeuvre des contrats.

«Nous voulons mieux faire savoir aux Boeing et aux Lockheed Martin de ce monde les avantages de venir faire affaires au Québec», a affirmé M. St-Laurent, également président et chef de la direction de Bell Helicopter Textron Canada.

Le ministre québécois du Développement économique, Raymond Bachand, a également insisté sur l'importance du travail dans les coulisses dans le dossier des contrats militaires.

«Je n'ai pas voulu faire beaucoup de batailles publiques», a-t-il déclaré aux journalistes à l'issue de l'assemblée d'Aéro Montréal, expliquant qu'il ne voulait pas voir un ressac anti-Québec dans les grands journaux du reste du Canada comme le National Post.

«J'ai insisté sur le fait que c'était bon pour l'ensemble du pays», a-t-il affirmé.

Le ministre Bachand a toutefois ajouté qu'il fallait demeurer vigilant face à Ottawa dans ce dossier.

«Le Québec, c'est 60 % de l'industrie canadienne, a-t-il déclaré. Le gouvernement fédéral a la responsabilité de ne pas la dé-structurer. Ceci dit, je pense qu'il y a du bon travail qui se fait.»

Selon lui, le fait que le fédéral n'exige que 15 % de retombées industrielles pour le Québec n'est pas si négatif que cela.

«Les seuils minimums des autres provinces ont également baissé, a-t-il expliqué. Cela signifie que si nous sommes bons, nous pouvons prendre de plus gros morceaux. C'est une opportunité pour nous.»