Les conseils d'administration de Gaz de France et de Suez, réunis dimanche soir dans leur siège respectif à Paris, ont donné leur accord de principe au projet de fusion entre les deux groupes.

Les conseils d'administration de Gaz de France et de Suez, réunis dimanche soir dans leur siège respectif à Paris, ont donné leur accord de principe au projet de fusion entre les deux groupes.

Le projet de fusion obligerait Suez à filialiser sa branche environnement, a indiqué un administrateur présent au conseil d'administration qui a souhaité garder l'anonymat en raison de la confidentialité des informations données lors de cette réunion.

Le projet de fusion, né il y a déjà un an et demi, a été bloqué pendant plusieurs mois en raison des échéances électorales, avant d'être relancé jeudi par le président Nicolas Sarkozy.

Selon le schéma avancé par le chef de l'État, la fusion GDF-Suez ne concernerait que les activités énergétiques, ce qui obligerait le groupe franco-belge à se séparer juridiquement de sa branche environnement, qui compte 60 000 salariés employés dans l'eau et l'assainissement.

Suez-Environnement serait cotée en Bourse, mais Suez conserverait une minorité de blocage de 34% du capital.

Un «pacte d'actionnaire» serait formé avec la Caisse des dépôts, Areva, le Crédit agricole et la Caisse d'épargne pour assurer le contrôle de 48% des actions de la future entité, a précisé à l'Associated Press Yves Montobbio, secrétaire CGT du comité de groupe de Suez.

Une fois cette filiale séparée du groupe, la capitalisation de Suez serait comparable à celle de GDF, ce qui devait faciliter le rapprochement, destiné à «constituer un grand groupe de gaz et d'électricité à la dimension du marché européen dont l'Etat sera le principal actionnaire», selon le souhait émis jeudi par Nicolas Sarkozy.

La fusion entre les deux entreprise, qui donnera naissance à un nouveau géant du secteur de l'énergie, entraînera, mécaniquement, la privatisation de GDF, dont l'État détient actuellement 79,8% du capital, ce qui suscite la farouche opposition des syndicats.

Quand il était ministre de l'Économie en 2004, «Nicolas Sarkozy avait promis de ne pas privatiser Gaz de France. On constate que la première décision industrielle qu'il prend, c'est de renier ce qu'il a dit», a souligné Yves Ledoux, administrateur CGT siégeant au conseil d'administration de GDF.

Force ouvrière a également dénoncé une privatisation «totalement inacceptable».

Les syndicats s'inquiètent notamment de l'évolution des tarifs du gaz et de l'électricité, qui ne seront plus contrôlés par l'État après 2010.

On ne connaissait pas exactement le montant de la participation que conserverait l'État dans le nouveau groupe, mais l'État devrait détenir plus du tiers du capital de la nouvelle entité.

«C'est une privatisation dans laquelle l'État est le premier actionnaire, et de loin», a observé le secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant sur RTL.

«On est clairement dans un contrôle qui est supérieur à la minorité de blocage» de 33%, a de son côté affirmé la ministre de l'Économie Christine Lagarde. Ni l'un ni l'autre n'ont apporté de précision.

Le projet de fusion avait été lancé en février 2006 par Dominique de Villepin afin de protéger GDF d'une éventuelle offre hostile de l'Italien Enel et de créer un champion français de l'énergie au nom du «patriotisme économique».

Depuis, Nicolas Sarkozy avait paru réservé sur ce projet, qui était jugé de plus en plus compromis par les observateurs.