Les principaux pays exportateurs de gaz se réunissent lundi et mardi au Qatar afin de débattre de la création d'un cartel du gaz sur le modèle de l'OPEP pour le pétrole, idée qui inquiète les pays consommateurs, mais semble peu probable à court terme.

Les principaux pays exportateurs de gaz se réunissent lundi et mardi au Qatar afin de débattre de la création d'un cartel du gaz sur le modèle de l'OPEP pour le pétrole, idée qui inquiète les pays consommateurs, mais semble peu probable à court terme.

C'est le Qatar, petit émirat du Golfe proche allié des États-Unis et qui ambitionne de devenir le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, qui accueillera les 9 et 10 avril à Doha la 6e édition de ce Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG).

Fondé en 2001, le FPEG est une structure informelle regroupant une quinzaine de pays, dont les cinq principaux producteurs (Russie, Iran, Qatar, Venezuela et Algérie), qui contrôlent 73% des réserves mondiales et 42% de la production.

Jusqu'à maintenant peu actif, le FPEG ne s'était pas réuni depuis 2005.

Les participants au Forum devraient débattre de l'opportunité de créer un «cartel gazier», dont l'Iran est le plus ardent partisan.

L'idée d'une «OPEP du gaz» est apparue cet été avec la signature d'une alliance entre les compagnies russe Gazprom et algérienne Sonatrach, deux des principaux fournisseurs de gaz de l'Europe.

Elle a été relancée début février par le président russe Vladimir Poutine, qui l'a jugée «intéressante».

L'hypothèse d'un cartel qui pèserait sur les prix et les approvisionnements inquiète l'Europe, qui importe plus de la moitié de son gaz.

Le ministre du Commerce russe, Guerman Gref, a voulu calmer ces craintes en affirmant mercredi qu'une Opep du gaz n'aurait pas d'effet sur les prix à court terme.

Les caractéristiques du marché du gaz rendent toutefois un cartel fonctionnant sur le modèle de l'OPEP difficile à concevoir, en raison notamment de l'impossibilité de modifier brusquement les prix, les transactions se faisant sous forme de contrats à long terme (15 ou 20 ans).

Lors d'un sommet pétrolier jeudi à Paris, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) Claude Mandil s'est dit «peu inquiet», indiquant qu'il «ne voyait pas comment il serait possible de transposer au marché du gaz le mécanisme mis en place par l'OPEP pour le pétrole».

Le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, dont le pays est l'un des principaux producteurs d'Asie centrale, a estimé lundi qu'il ne devrait pas y avoir «pour le moment» de création d'une «OPEP du gaz».

Mais le ministre de l'Énergie algérien, Chakib Khelil, affirmait dimanche qu'il était «fort possible qu'un des participants au Forum mette cette question à l'ordre du jour», soulignant qu'il y avait «des discussions en parallèle entre les pays intéressés par cette idée, notamment l'Algérie, la Russie et le Qatar».

Le PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, a indiqué jeudi qu'il devrait être envisageable de permettre aux pays producteurs «de s'organiser» quand «les consommateurs, les clients s'organisent».

Prudent, le ministre de l'Énergie qatariote, Abdallah ben Hamad Al-Attiyah, dont le pays est membre de l'OPEP et dispose des troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, a déclaré à l'AFP que son pays allait examiner la proposition de créer un cartel «et voir comment (les participants) conçoivent la coopération».

Plus explicite, Ibrahim al-Ibrahim, conseiller économique de l'émir du Qatar, a précisé que son pays ne voulait pas d'«une organisation comme l'OPEP».

Le groupe de recherches économiques Oxford Business Group, établi à Londres, estime que le Qatar, qui abrite deux bases militaires américaines, évitera tout affrontement avec Washington, qui s'oppose «à toute tentative de Moscou de renforcer son influence géopolitique par le biais de ses ressources naturelles».