Quelles sont vos résolutions financières personnelles pour 2007? La question est délicate, presque tabou, plutôt gênante.

Quelles sont vos résolutions financières personnelles pour 2007? La question est délicate, presque tabou, plutôt gênante.

Une douzaine de personnalités de tous milieux ont courageusement accepté de se prêter à l'exercice... Leurs projets peuvent nous inspirer. Bonne année 2007!

Stephen Jarislowsky, président de Jarislowsky Fraser

Une résolution pour 2007? «C'est facile: devenir un peu plus riche encore», répond le financier.

Son programme: «Le même depuis 50 ans. J'achète de bonnes choses si j'ai du fric. Si je n'en ai pas, je n'achète rien. J'achète des sociétés internationales de qualité, non cycliques, dans un mode de croissance, qui pour la plupart procurent également des revenus.»

Évidemment, il ne s'enfarge pas dans les préoccupations budgétaires. «Mes dépenses personnelles, c'est une bagatelle en comparaison de mes revenus. Elles représentent moins de 1%. Je vis une vie assez modeste. Je n'ai jamais changé de formule depuis 40 ans. Je vis dans la même maison depuis 30 ans. J'ai les mêmes amis.»

Il résume son propos à la manière d'une pub de Loto-Québec: «La vie simple de quelqu'un de très riche.»

«La simplicité est très importante dans la vie, tout comme le fait de rester en contact avec l'humanité, énonce le financier de 81 ans. N'être en contact qu'avec un dixième de 1% de l'humanité n'a pas d'intérêt pour moi. Je préfère être une personne comme une autre.»

Francis Bouillon, joueur du Canadien

Pour Francis Bouillon, l'année 2007 s'inscrit dans la révolution financière survenue en 2006.

L'été dernier, lorsqu'il a apposé sa signature au bas du contrat de trois ans que Bob Gainey lui a présenté, le petit défenseur québécois a joint les rangs des grosses gommes de la LNH en obtenant un salaire annuel de 1,875 M$.

Ça ne change pas le monde, sauf que... Sauf que Francis Bouillon admet qu'il ne saurait comment gérer pareille fortune.

Il a confié la tâche à Alain Rioux, un conseiller qui s'occupe déjà des portefeuilles de plusieurs joueurs de la LNH. «Je ne suis plus un enfant et je connais la valeur de l'argent, dit-il. Je sais que je peux me payer une maison et une voiture neuve si je le veux, mais j'avais besoin de quelqu'un pour superviser l'ensemble de mes finances personnelles.»

Le chèque de 140 000 $ qu'il touche aux deux semaines durant la saison de hockey est déposé directement dans son compte personnel.

«On fait beaucoup d'argent et il ne faut pas perdre la tête, car c'est vrai que ce sont de très grosses sommes, mais les carrières sont courtes», confie le hockeyeur.

«Alors, comme tout le monde, je me fais un budget. Avec Ginette, ma femme, on détermine ce dont on a besoin pour manger, pour se loger, pour les enfants et pour payer nos factures régulières, comme celles de tout le monde, et tout le reste est envoyé à mon conseiller, à Québec, qui s'occupe des REER, des placements et de l'ensemble de la gestion. Mais il demeure un conseiller, en ce sens qu'il fait des propositions que nous étudions avant de donner notre accord. »

Marc Labrèche, comédien et animateur

«Je n'ai ni résolution ni assez d'argent pour en avoir.»

Sur le plan financier, Marc Labrèche maintient résolument son irrésolution. «Je n'ai pas placé d'argent. Ça ne m'intéresse pas. Quand j'en ai un peu plus, j'en profite un peu plus, quand j'en ai un peu moins, j'en profite un peu moins.»

Ses revenus sporadiques l'ont longtemps détourné de la moindre velléité de planification. «Je ne peux pas planifier grand-chose. Je mets de l'argent de côté pour avoir des vacances : ma planification financière s'arrête à peu près là.»

Son âge lui commanderait de nourrir des préoccupations à l'égard de sa retraite, admet-il, «mais une grande partie se fait automatiquement par l'Union des artistes».

Pour faire naître un intérêt minime pour ses finances, il place quelque mince espoir sur l'année 2007.

«Je vais peut-être avoir une épiphanie financière, ironise-t-il. Je prie tous les jours pour cette illumination. Un jour, peut-être, un bouddhiste très sage parlera de planification financière et ça passera pour de la spiritualité. Il faudrait que ça vienne d'un texte biblique.»

Une intersection entre le chemin de Damas et Wall Street, en quelque sorte...

Mario Dumont, chef de l'Action démocratique du Québec

Tout va bien. Les finances familiales sont sur les rails. «Il n'y a pas de changement radical, nos affaires sont dans un ordre relatif», signale Mario Dumont. Il admet se sentir mal à l'aise dans le «désordre complet des comptes impayés, des factures en retard».

Il y atout de même place pour une petite résolution: «On se rend compte qu'on a eu un relâchement au plan de l'épargne pour les enfants.»

Rien à voir avec l'épargne études: ce sont les enfants qui n'épargnent pas assez!

«Avec les cadeaux en argent reçus aux anniversaires ou à Noël, il me semble qu'on était plus disciplinés avec la plus vieille. On lui en faisait mettre une certaine proportion dans son compte d'épargne, pour qu'elle ne dépense pas tout immédiatement. Je me rends compte qu'avec notre troisième, il y a un glissement progressif vers la consommation totale. Il y a peut-être un redressement à faire.»

Même programme de rétablissement de la contribution à la caisse scolaire. En résumé: «Il faut renforcer nos efforts d'éducation à l'épargne. Pour le reste, on va continuer le règne de la prudence.»

Denise Filiatrault, réalisatrice, metteuse en scène et comédienne

Résolutions financières, ajustements budgétaires, préoccupations pécuniaires? «J'ai un comptable qui s'occupe de ça, répond Denise Filiatrault. Il place mon argent. Il sait où, il sait comment. Je ne sais même pas combien je gagne par année, ça ne m'intéresse pas de le savoir, ça me déprime.»

Ce qui ne veut pas dire qu'elle dépense sans compter. «Plus jeune, je faisais très attention quand je gagnais 17$ ou 35$ par semaine, se remémore-t-elle. Je n'avais pas le choix. Puis j'ai eu un mari qui était assez dépensier et je me suis dit: pourquoi me priver?»

Elle a corrigé le tir depuis. Elle n'achète que ce qu'elle peut se permettre. «Mon problème, c'est que je mange beaucoup au restaurant. Je dépense mon argent dans les restaurants.»

Elle se consacre à l'écriture jusqu'à la fin de la matinée et n'a plus alors l'énergie ni le goût de se mettre aux fourneaux.

Sa voix prend soudain un ton plus résolu: «Je vais essayer d'être raisonnable et de manger plus à la maison.» L'objectif 2007 est désormais fixé.

Fabienne Larouche, auteure et productrice

«Cette année, je veux investir dans l'immobilier», annonce Fabienne Larouche avec une nuance de satisfaction dans la voix. «À cause de mon entrevue avec vous, il a fallu que je réfléchisse sérieusement, car je ne voulais pas vous dire quelque chose sans incidence sur ma vie, simplement pour répondre convenablement à votre question. C'est le genre de résolution que je pourrai tenir et qui cadre avec ma personnalité.»

Aussi récente soit-elle, la décision est ferme. «Je veux le faire et je vais le faire sérieusement, assure-t-elle. Je vais consulter et je ne prendrai certainement pas de décisions bâclées.»

Car elle fuit le risque. La Bourse ne lui inspire pas confiance. «Je pense n'avoir jamais acheté un billet de loterie dans ma vie, raconte-t-elle. Jusqu'à présent, j'ai privilégié les dépôts à terme. Les banquiers m'aiment!»

L'énergique auteure n'a pourtant pas craint de lancer une entreprise de production. «C'était un risque calculé parce que j'avais les diffuseurs derrière moi», s'excuse-t-elle avec modestie.

«L'argent est dur à gagner. Si je n'écris pas, je ne suis pas payée. Ce n'est pas vrai que je vais investir n'importe où.»

Claudette Carbonneau, présidente de la CSN

Claudette Carbonneau a trouvé une inspiration appropriée à ses fonctions dans une campagne en faveur du commerce équitable que mène la CSN depuis deux ans.

«J'ai décidé de faire un pas de plus dans une campagne qu'on avait commencée et je vais m'efforcer de faire en sorte que mes cadeaux de Noël et ceux de la prochaine année soient majoritairement achetés dans le circuit du commerce équitable», explique la présidente du syndicat.

Le commerce équitable se spécialise surtout dans les aliments: café, thé, chocolat, riz, sucre...

Heureusement, oserions-nous dire, elle n'a pas encore de petits-enfants. «Ça limite un peu les cadeaux, admet-elle, mais il y a quand même des boutiques comme 10 mille villages, par exemple. Je suis allée y faire une razzia et on y trouve une certaine quantité d'articles. J'espère que, sur le plan des produits artisanaux, ça va se diversifier davantage, mais l'alimentaire progresse.»

Elle a notamment repéré du papier, des poupées, des objets décoratifs et quelques jolis instruments de musique.

«Ça nous met en phase avec les préoccupations des jeunes générations, souligne-t-elle, qui sont ouvertes sur les questions de mondialisation, de justice sociale et d'équité.»

Christian Bégin, comédien

Nouvelle situation familiale et financière, cette année, pour Christian Bégin.

«Dans mon autre vie, l'administration était faite par ma conjointe, exprime le comédien. Et j'aborde maintenant une vie ou je vais devoir administrer moi-même. Ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. La tentation est très forte de remettre tout ça entre les mains d'un spécialiste. Le défi que je me lance cette année est de résister à cette tentation et de me responsabiliser.»

Le défi le rebute mais il espère en retirer un sentiment de plus grande liberté, parce qu'il exercera un meilleur contrôle sur cet aspect de la vie.

«Ça fait des années que je ne sais pas exactement où va mon argent, indique-t-il. Maintenant, j'ai à réfléchir : combien me coûtent mon hypothèque, mon chauffage, mon téléphone... C'est banal, c'est ce que chacun fait chaque jour, mais moi j'ai toujours essayé d'éloigner tout ça de ma vie.»

Et il trouve à l'exercice une autre motivation, peut-être plus fondamentale encore: «Dans ce désir de prendre ma situation financière en main, il y a aussi l'envie de communiquer à mon garçon de 14 ans un certain sens des responsabilités. J'essaie d'en faire un citoyen responsable, engagé, conscientisé. Reste que son rapport à l'argent ressemble au mien et j'ai envie de lui en communiquer d'autres. Je dois être cohérent avec les valeurs que veux lui transmettre et mon mode de vie.»

Alban D'Amours, président du Mouvement Desjardins

Autre ordre de résolution pour Alban D'Amours, président de Desjardins: «Ne jamais perdre de vue le long terme en prenant avantage des cycles.»

Un peu obscur?

«Je suis assez conservateur à long terme, explique-t-il. Je cherche des rendements sur des périodes de 10 ans, car on sait que si les cycles économiques peuvent procurer à court terme de bons rendements, ils peuvent en d'autres temps vous faire souffrir. Il faut demeurer alerte et demander beaucoup à nos conseillers financiers. Là-dessus je n'ai pas d'inquiétude parce que j'ai accès aux meilleurs sur le marché.»

Vous aurez compris qu'il parle de ceux de Desjardins. C'est de bonne guerre.

L'homme de 66 ans terminera son mandat à la présidence dans 14 mois. «Je serai rendu à l'étape de reprendre mon agenda en main.»

Il souhaite profiter alors de la vie, demeurer actif, faire des voyages pour lui-même plutôt que pour le travail. «Je n'ai jamais eu ce rêve de gérer des milliards de dollars, confie-t-il, sauf au travers d'une organisation comme Desjardins.»

Dr Réjean Thomas, clinique médicale l'Actuel

Le Dr Réjean Thomas caresse le projet de renouer avec ses racines... maritimes. En 2007, il veut faire construire une maison secondaire en bord de mer, dans son Acadie natale.

«C'est un terrain que j'ai vu par hasard l'an passé, et je me suis dit : pourquoi pas? Mes parents, mon frère, ma soeur, mes amis d'enfance sont là-bas.»

Un changement de cap dans son train de vie sera sans doute nécessaire pour arriver à bon port. «Je commence à avoir des prix et c'est assez effrayant ! Il faudra peut-être que je recentre mes finances vers la construction, que je réduise les achats de vêtements et les dépenses personnelles. Mais c'est un investissement intéressant, d'abord parce que ça nous force à mettre de l'argent de côté.»

Durant les Fêtes, il prévoit négocier quelques prix, rencontrer des entrepreneurs. Les plans sont déjà prêts, dessinés par un architecte local. Son père, charpentier, supervisera les travaux. «Une de mes résolutions est d'acheter local et de faire appel aux travailleurs de la région.»

Anne-Marie Cadieux, comédienne

Anne-Marie Cadieux est décidée: elle se mettra en quête de quelqu'un qui pourra la conseiller sur ses finances personnelles.

«Quand on choisit d'être comédien, on n'est pas très attaché à l'argent au départ, signale-t-elle. Avec la précarité de notre métier, l'argent est d'abord une source d'angoisse. Je suis donc davantage une cigale qu'une fourmi.»

Même si l'argent est nébuleux pour elle, et peut-être justement pour cette raison, elle a toujours réussi à adapter son train de vie aux fluctuations de ses revenus.

«On connaît des années de vaches maigres, quand on débute. On est habitué. On n'a pas d'argent, on n'en a pas. On en a, on le dépense.»

Mais justement, elle n'a jamais dépensé davantage que l'argent disponible. Pas d'endettement, donc...

Elle a franchi le cap de la quarantaine, ce qui l'incite à jeter un coup d'oeil sur l'autre versant de la vie. «Je suis à l'âge de commencer à penser à l'avenir. J'aurais trouvé triste de le faire à 20 ans. Si on a peur, on ne prend pas de risques.»

En fait, elle cherche à demeurer détachée des contingences, mais cette fois en connaissance de cause. «J'ai toujours voulu être indépendante, souligne-t-elle. C'est ma hantise. L'indépendance est la chose la plus importante.»

Yves Beauchemin, écrivain

En 2007, Yves Beauchemin, veut à la fois dépenser moins et dépenser plus. «Je trouve que je dépense trop pour moi et pas assez pour les autres», affirme l'écrivain de 65 ans, bien sévère avec lui-même puisqu'il a déjà consacré deux jours par semaine au bénévolat – un rythme qu'il a quelque peu ralenti.

Du côté des moins, le tempo d'acquisition de disques de musique classique va passer de l'allegretto au lento. Si la pudeur l'empêche de dévoiler le budget actuel, il consent à confier que, en 2007, il se restreindra à 200 $ par mois — «ce qui représente quand même 2400 $ par année», précise-t-il.

Second objectif : limiter les coûts de rénovation du chalet qu'il possède dans les Cantons de l'Est. «Je suis dans l'enfer des entrepreneurs», décrit-il éloquemment.

Cet exercice d'autodiscipline lui permettra de «donner davantage d'argent à des oeuvres caritatives ou politiques», dit-il.

Il désire également mettre de côté l'argent nécessaire à l'acquisition d'une première auto hybride, dès que sa Mazda 1999 aura rendu son dernier souffle sulfuré. Car les changements climatiques le préoccupent beaucoup. «Ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui vont devoir financer les digues de 18 pieds», dit-il.