Après un premier trimestre difficile, le port de Montréal est à nouveau en mode croissance. Et il recommence à rêver de fracasser le record de 1980 de 24,9 millions de tonnes de marchandises manutentionnées, une cible qu'il avait ratée l'an dernier.

Après un premier trimestre difficile, le port de Montréal est à nouveau en mode croissance. Et il recommence à rêver de fracasser le record de 1980 de 24,9 millions de tonnes de marchandises manutentionnées, une cible qu'il avait ratée l'an dernier.

" Tous les signes sont là pour indiquer que nous atteindrons les 25 millions de tonnes à la fin de l'année ", a soutenu hier le président du Port de Montréal, Dominic Taddeo, lors d'un entretien à La Presse Affaires.

Hier après-midi, en tout cas, le terminal Racine du port de Montréal grouillait d'activité. Arrivé de Hambourg il y a quelques jours, le OOCL Belgium doit repartir aujourd'hui vers la Belgique. Pendant que d'immenses grues faisaient valser les conteneurs dans les airs avant de les déposer dans le navire, les camions et les trains étaient déjà en route pour livrer les marchandises déchargées aux quatre coins de l'Amérique du Nord.

" Au Vieux-Port on s'amuse. Au port, on travaille ", aime dire M. Taddeo. Le président se plaît aussi à rappeler qu'il avait prédit le redressement qui a suivi le recul de 5,1 % accusé au premier trimestre. " J'avais mentionné qu'une hirondelle ne fait pas le printemps ", lance-t-il, attribuant la baisse de volume des premiers mois à une restructuration dans le monde des transporteurs maritimes qui est maintenant achevée.

Les six premiers mois de l'année affichent finalement une hausse de 0,7 % par rapport à l'an dernier pour ce qui est des marchandises transportées par conteneur, la grande spécialité du port de Montréal. Le transport du pétrole a bondi de 20,9 % pour atteindre 3 millions de tonnes manutentionnées; le grain, qui avait écopé l'an dernier à cause des mauvaises récoltes, a aussi grimpé de 20 %. Il y a par contre moins de minerai de fer, d'engrais et de produits chimiques qui ont transité par le port cette année. Bilan global: une hausse de 1 % par rapport à l'excellente première moitié d'année de 2005, pour 12 millions de tonnes de marchandises manutentionnées.

Le Port de Montréal voguait aussi vers une année record à pareille date l'an dernier, mais avait subi les contrecoups de la fermeture de modules de production d'acier chez Ispat-Sidbec, à Contrecoeur. Cette diminution continuera d'affecter le Port, qui estime qu'il perdra 1,2 million de tonnes en volume de minerai de fer pour l'ensemble de l'année 2006.

Le nerf de la guerre pour le Port de Montréal est de convaincre les transporteurs maritimes de décharger et charger leurs bateaux chez lui. " Les ports de Halifax, Baltimore, New York, Philadelphie et Hampton Roads (en Viriginie) courent après le même trafic que nous ", dit M. Taddeo.

Le président se félicite d'avoir signé deux nouvelles ententes avec des grands transporteurs maritimes, une " marque de confiance des armateurs dans le port de Montréal comme porte d'entrée des Amériques ", selon M. Taddeo. S'il ne peut battre un port comme New York sur le volume total de marchandise, Montréal parvient à rivaliser dans le domaine des conteneurs, les deux ports raflant chacun 36 % du marché.

Géographie oblige, Montréal fait surtout affaire avec l'Europe. Sauf que les ports de la côte ouest américaine sont si engorgés qu'on commence à voir des navires asiatiques franchir le canal de Suez pour décharger à Montréal. " Ce n'est pas l'Asie qui va faire l'avenir du port de Montréal ", souligne toutefois M. Taddeo, expliquant que ces navires ne transportent encore que 2 % des marchandises qui transitent à Montréal.

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