L'ex-courtier en valeurs mobilières Marc Beaudoin vient d'être radié à vie de la profession pour refus de collaborer à une enquête liée à Martin Tremblay.

L'ex-courtier en valeurs mobilières Marc Beaudoin vient d'être radié à vie de la profession pour refus de collaborer à une enquête liée à Martin Tremblay.

La décision a été rendue par l'Association canadienne des courtiers en valeurs mobilières (ACCOVAM).

Depuis un an, l'organisme cherchait à interroger M. Beaudoin pour comprendre les motifs qui l'ont poussé à démissionner de la firme Corporation Recherche Capital, le 30 janvier 2006, à la suite de l'arrestation de Martin Tremblay aux États-Unis.

Chez Recherche Capital, toutes les affaires de Marc Beaudoin transitaient par Martin Tremblay, des Bahamas.

L'ACCOVAM a tenté à plusieurs reprises de rencontrer Marc Beaudoin, mais ce dernier s'est toujours défilé.

L'enquêteur Nicolas D'Astous voulait l'interroger sur son rôle dans la gestion des comptes de Martin Tremblay, sur les autres aspects de son travail et sur la supervision de ses activités par Recherche Capital.

Le 8 mai, Marc Beaudoin était finalement convoqué à une audience disciplinaire de l'ACCOVAM, à laquelle il ne s'est pas davantage présenté.

Pour toutes ces raisons, l'ACCOVAM a décidé de le radier à vie de la profession et de lui imposer une amende de 50 000$. Marc Beaudoin devra en plus assumer les frais d'enquête de l'ACCOVAM, de 6114$.

Joint au téléphone, Marc Beaudoin n'est guère troublé par la sanction. «Je n'étais déjà plus membre de l'ACCOVAM depuis ma démission de Recherche Capital, il y a un an et demi. Alors même si on me radie à vie», dit-il.

L'homme d'affaires critique vivement les démarches de l'organisme. «Est-ce qu'on me reproche quelque chose de spécifique? On n'a rien à me reprocher», dit-il.

Mais pourquoi ne répondez-vous pas aux questions si vous n'avez rien à vous reprocher? «Je n'ai pas à le faire. Je ne suis pas membre de l'Association, j'ai mes business et ils n'ont rien à me reprocher. Et il faut dire que dans le passé, j'ai eu des relations difficiles avec l'ACCOVAM. Ce n'est pas seulement l'affaire de Martin Tremblay», dit-il.

Précisons que les contrats d'adhésion de l'ACCOVAM comprennent une clause qui oblige les membres à répondre aux questions de l'organisme même cinq ans après leur départ.

Pour l'ACCOVAM, un membre qui ne collabore pas à son enquête commet une faute grave, puisque ce non-respect des règles mine la confiance du public dans le système financier.

Marc Beaudoin paiera-t-il l'amende et les frais de 56 114$? «Je ne sais pas, on verra ce que mes avocats vont me dire de faire. On n'a pas encore reçu la réclamation», dit-il.

Au Québec, l'ACCOVAM n'a pas de pouvoirs pour saisir les biens d'une personne qui refuse de payer. La grande majorité des personnes radiées à vie ne paient donc jamais l'amende réclamée.

L'ACCOVAM a récemment demandé au ministère des Finances du Québec de lui donner ce genre de pouvoir. Au Canada, des sanctions ultimes comme la prison (pour refus de témoigner) ou la saisie (pour une amende) ne sont en vigueur qu'en Alberta.

Ce n'est pas la première fois qu'un employé de Recherche Capital fait l'objet d'une sanction de l'ACCOVAM.

En novembre 2005, la firme de courtage et son président, Patrick Gerald Walsh, se sont même vu imposer une amende de 200 000$ pour le laxisme dont ils ont fait preuve dans la surveillance d'un employé fautif, entre 2001 et 2004.

Pire: ils ont fait défaut de corriger les lacunes constatées par l'ACCOVAM, entre 2002 et 2004.

La sanction aurait pu être beaucoup plus lourde n'eût été la mise en oeuvre des recommandations, après 2004, qui a coûté plus de 100 000$ à la firme.