Nick Leeson, ce courtier franc-tireur dont les mauvais paris sur des titres japonais ont entraîné la ruine de la plus vieille banque marchande de Grande-Bretagne, pourrait reprendre les transactions à plein temps, mais en ne misant que son argent.

Nick Leeson, ce courtier franc-tireur dont les mauvais paris sur des titres japonais ont entraîné la ruine de la plus vieille banque marchande de Grande-Bretagne, pourrait reprendre les transactions à plein temps, mais en ne misant que son argent.

M. Leeson affirme qu'il réalise des transactions «quand il a le temps», ajoutant qu'au cours des derniers mois, il a acheté et vendu des devises. Il songe à «regarder des écrans» pour gagner sa vie lorsqu'il décidera de quitter son emploi actuel à titre de directeur commercial de l'équipe irlandaise de soccer Galway United.

«Vous ne pouvez vous imaginer le nombre de personnes qui m'ont demandé de gérer leur argent», indiquait M. Leeson, 40 ans, lors d'une entrevue à Galway, sur la côte ouest de l'Irlande.

«Si je prends une décision et que je perds de l'argent, fort bien, dit-il. Si je prends une décision pour quelqu'un d'autre, alors je me sentirais obligé de compenser.»

Cet Anglais a amassé des pertes de 1,4 milliard US à titre d'ancien courtier en chef de Barings Plc à Singapour en 1995. La banque londonienne s'est effondrée et ses actifs ont fini par être vendus à ING Groep, une société des Pays-Bas, au prix de une livre anglaise.

Barings, dont les clients comprenaient notamment la reine Élisabeth II, avait financé la campagne de l'Angleterre contre Napoléon Bonaparte entre 1804 et 1815 et la banque avait contribué à financer l'achat de la Louisiane par Thomas Jefferson en 1803.

De 1992 à 1995, M. Leeson a effectué des transactions illégales et il a caché les pertes des comptes de clients. Il avait perdu 3,6 millions de livres (8 millions CAN) en octobre 1992, et les pertes avaient bondi à 164 millions de livres à la fin de 1994, selon une cause jugée par un tribunal britannique en 2003 et portant sur la question de savoir si les vérificateurs de Barings avaient fait preuve de négligence.

M. Leeson, qui a grandi dans la banlieue londonienne de Watford, dit qu'il ne risquera plus maintenant que ce qu'il a les moyens de perdre et il ferme sa position tous les jours. En vertu des règlements britanniques, M. Leeson a le loisir d'effectuer des transactions sur son propre compte. Il lui faudrait s'inscrire auprès des autorités pour se faire embaucher par une banque, ce qu'il ne «rêve» pas de faire, dit-il.

«Il y a des années, je n'avais aucune discipline», avoue M. Leeson, dont la principale source de revenus aujourd'hui consiste à donner des conférences qui peuvent lui rapporter jusqu'à 10 000 livres (22 700 $CAN) pièce.

«D'après mon expérience d'alors et depuis ce temps, je ferais en sorte de devenir correctement discipliné», dit-il.

Ses pertes, liées principalement à des contrats à terme sur des indices boursiers japonais, ont soudainement gonflé en janvier 1995 lorsque le séisme de Kobe secoua les marchés. Durant ce mois, Barings lui transmis des millions de dollars pour l'aider à payer ses appels de marge sur ses positions. Il a manqué d'argent et a fui à Singapour.

Il s'est rendu aux autorités en Allemagne et il a passé trois années et demie dans une prison de Singapour pour fraude et on lui diagnostiqua alors un cancer du côlon. La sentence, qui était de six années et demie à l'origine, fut raccourcie pour bonne conduite. Son livre, intitulé «Rogue Trader», a plus tard été porté à l'écran avec Ewan McGregor dans le rôle principal.