Les femmes sont nombreuses en affaires et dans des postes de direction au Québec. Il demeure toutefois une forteresse masculine: les conseils d'administration. Mais peut-être plus pour longtemps.

Les femmes sont nombreuses en affaires et dans des postes de direction au Québec. Il demeure toutefois une forteresse masculine: les conseils d'administration. Mais peut-être plus pour longtemps.

Jusqu'à récemment, les c.a. étaient des boys clubs où les hommes d'affaires se nommaient entre eux. «Ces histoires-là, de nommer un ami sur le c.a., c'est fini», dit Régis Labeaume, président-directeur général de la Fondation de l'entrepreneurship, qui siège dans des conseils.

Ce changement a été amorcé dans la vague des scandales financiers à la Enron et WorldCom qui ont secoué les États-Unis et le Canada. Il s'est ensuivi la loi Sarbanes-Oxley adoptée en 2002 et visant à augmenter la responsabilité corporative et à mieux protéger les investisseurs.

La bonne gouvernance et la compétence sont dorénavant les deux critères fondamentaux qui encadrent le choix d'un membre de conseil d'administration. «C'est grâce à ça que les femmes vont faire leur place dans les c.a., par leurs compétences», croit Régis Labeaume.

Aux États-Unis, on assiste à une véritable vague de femmes à la présidence de grandes entreprises. Kraft, Pepsi, Xerox, eBay, Avon, Rite Aid, Time inc. et MTV ont des femmes à leur tête. Qu'en est-il ici ?

Les données montrent que la représentation des femmes dans les conseils d'administration au Québec est inférieure à 10 %. Et ce chiffre tient compte de tous les c.a., incluant les organismes communautaires ou à but non lucratif qui sont largement composés de femmes.

Une étude réalisée l'an dernier par les cabinets financiers Ricol, Lasteyrie et associés, Christian and Timbers et Capitalcom - qui a pris en compte les 100 compagnies américaines, asiatiques et de l'Union européenne les plus importantes - révélait que moins de 10 % de femmes siégeaient au conseil d'administration ou au comité exécutif de ces groupes. Mais le Canada se distinguait, avec 19 % de femmes.

Par ailleurs, les femmes sont en grand nombre dans les petites et moyennes entreprises (PME), qui n'ont souvent pas de conseil d'administration. Des données recueillies par le Groupe Femmes, Gestion et Entreprises des HEC Montréal indiquent que le Québec comptait 169 400 femmes entrepreneures (propriétaires d'entreprise, employeuses et travailleuses autonomes) en 2005, une proportion de 51 %. À titre de comparaison, ce nombre était de 32 % en 1986.

Un boum fulgurant que HEC Montréal explique notamment par le fait que les femmes sont en rattrapage.