Sauf réforme majeure, New York perdra sa place de première place financière mondiale dans les 10 ans, ainsi que plusieurs dizaines de milliers d'emplois, en raison de régulations exigeantes qui font fuir les entreprises vers Londres ou Hong Kong, selon un rapport paru lundi.

Sauf réforme majeure, New York perdra sa place de première place financière mondiale dans les 10 ans, ainsi que plusieurs dizaines de milliers d'emplois, en raison de régulations exigeantes qui font fuir les entreprises vers Londres ou Hong Kong, selon un rapport paru lundi.

Ce rapport, commandé par le maire de New York, Michael Bloomberg, et le sénateur de New York, Chuck Schumer, indique que si la tendance actuelle se poursuit, d'ici 2011 les Etats-Unis seront privés de 15 à 30 milliards de dollars par an de revenus provenant des services financiers.

New York risque de perdre 4 à 7% du marché des échanges d'action dans les 5 ans, l'équivalent de 30.000 à 60.000 emplois dans ce secteur, des emplois qui eux-mêmes génèrent en moyenne deux emplois indirects, selon le rapport.

Avec le soutien du gouverneur de New York, Eliot Spitzer, MM. Bloomberg et Schumer ont recommandé plusieurs réformes concernant les marchés financiers et les salariés du secteur, afin de restaurer la compétitivité de Wall Street.

Le rapport recommande notamment de fournir des indications claires sur la loi Sarbanes-Oxley -- adoptée après le scandale Enron et qui a nettement renforcé la responsabilité des entreprises et de leurs dirigeants en cas de fraude.

Il demande aussi un assouplissement des lois sur l'immigration pour les experts étrangers dans la finance, une réforme du système de traitements des litiges et plusieurs autres mesures destinées à attirer ou retenir les services financiers.

Pour l'instant les Bourses américaines restent en tête, avec une capitalisation de 51.000 milliards de dollars contre 31.000 milliards pour l'Europe (dont 8 au Royaume-Uni), 13.000 en Asie hors Japon et 20.000 au Japon.

Mais la croissance des marchés financiers américains (6,5% par an entre 2001 et 2005) est inférieure à celle de Londres (+8,4%), de la zone euro (+6,8%) et bien en-dessous de celle de l'Asie hors Japon (+15,56%), et du Japon (+7,5%).

Quant aux introductions en Bourse supérieures à un milliard de dollars, en 2001 elles étaient réalisées à 57% aux Etats-Unis, mais en 2005 cette part à chuté à seulement 16% -- notamment car il ne s'agit plus que rarement de sociétés américaines. La part de l'Europe a monté de 33% à 63% et celle de l'Asie de 10% à 22%.

De 2002 à 2005, les emplois financiers à Londres ont augmenté de 4,3% alors qu'ils ont baissé de 0,7% à New York. Les effectifs des deux places financières sont même devenus très similaires, avec 328.400 emplois à New York en 2005 contre 318.000 à Londres.

"Il ne s'agit pas que d'un problème de New York: sept Etats, dont celui de New York, ont plus de 10% de leur PIB qui provient des services financiers", a averti M. Schumer, cité par un communiqué de la mairie.

"Si New York, au lieu d'être la capitale financière du monde, devient une place régionale, ce qui selon le rapport se produira dans les 10 ans, tous les aspects de la vie de New York souffriront, pas seulement les services financiers", a expliqué M. Schumer.

Plusieurs responsables politiques, dont le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, ont déjà appelé à un allègement de la régulation, jugée trop exigeante pour les entreprises et qui selon lui est la cause de la diminution des introductions en Bourse aux Etats-Unis.

Mi-décembre, la SEC (Securities and Exchange Commission), le régulateur boursier américain, a déjà décidé des principes d'application moins contraignants de la loi anti-fraude Sarbanes-Oxley, notamment pour les petites entreprises cotées.

Depuis la loi Sarbanes-Oxley de 2002, les entreprises ont eu recours systématiquement aux cabinets d'audit, et de nombreuses critiques, des milieux économiques comme des politiques de tous bords ont dénoncé les coûts de la loi, en temps et en en argent, notamment pour les petites entreprises cotées et les start-up voulant rentrer en Bourse.