La baisse du prix de l'essence met du baume au coeur des consommateurs américains et pourrait, selon les analystes, contrebalancer la déconfiture de l'immobilier pour doper la croissance.

La baisse du prix de l'essence met du baume au coeur des consommateurs américains et pourrait, selon les analystes, contrebalancer la déconfiture de l'immobilier pour doper la croissance.

Le prix du gallon d'essence (3,8 litres) a baissé de 50 cents environ en septembre, alors que les cours du pétrole refluaient et que la demande en carburant se tassait avec la fin des déplacements liés aux vacances.

Après les sommets atteints cette été, cette baisse arrive à point nommé pour regonfler le moral des Américains, déprimés par la baisse des prix amorcée sur le marché immobilier.

"La baisse des prix de l'essence est l'équivalent d'une baisse d'impôt d'un peu moins de 100 milliards de dollars, ou 1% du revenu disponible, et cela va amortir le choc lié au ralentissement du secteur immobilier", estime Nariman Behravesh de Global Insight.

De plus la Bourse se porte comme un charme. L'indice Dow Jones a battu de nouveaux records cette semaine pour flirter avec les 12.000 points. Il a pris plus de 10% depuis le début de l'année.

"La confiance est soutenue par trois prix différents: ceux des actions, de l'immobilier et de l'essence", souligne Ethan Harris de Lehman Brothers.

"Les consommateurs perdent peut-être confiance dans le prix de leur maison, mais la chute des prix du pétrole soutient deux autres symboles de santé économique: les prix de l'essence baissent et la Bourse atteint de nouveaux records", ajoute-t-il.

Conséquence logique, la confiance des consommateurs a nettement progressé en octobre, passant à 92,3 points contre 85,4 points pour septembre, selon l'indice publié vendredi par l'université du Michigan.

Et cela contribue à soutenir la consommation.

Les ventes de détail hors essence ont progressé de 0,6% en septembre (même si elles ont reculé de 0,4% dans leur ensemble, en raison du manque à gagner des stations-services).

Les magasins d'habillement ont réalisé leur meilleur mois depuis octobre 2005 et la hausse a été vigoureuse aussi pour les magasins de sport et de loisirs, les grandes surfaces et les cafés-restaurants.

"Les ménages continuent de vider leurs portefeuilles à un rythme soutenu", souligne l'économiste indépendant Joel Naroff, pour qui "la consommation pourrait être meilleure que beaucoup n'avaient prévu au troisième trimestre".

La banque centrale avait relevé ces frémissements dans son rapport de conjoncture (Livre Beige) publié jeudi, où elle faisait état d'une "croissance plus forte des dépenses de consommation" depuis le début du mois de septembre.

Or la consommation est le principal moteur de la croissance aux Etats-Unis.

La grande crainte des analystes ces dernières semaines est que, avec le ralentissement de l'immobilier, la consommation ne se grippe, précipitant l'ensemble de l'économie dans la récession.

Après la publication vendredi du rapport sur les ventes de détail vendredi, les économistes se montraient optimistes dans leurs prévisions.

"La croissance devrait dépasser 3% au quatrième trimestre de cette année et au premier semestre de l'an prochain", assure Peter Morici, professeur d'économie à l'université du Maryland.

L'autre aspect positif de la décrue des cours du pétrole concerne l'inflation.

Les prix à l'importation ont baissé de 2,1% en septembre, plombés par une chute de 10,3% des prix des produits pétroliers.

"Les coûts d'importation n'accélèrent pas et cela devrait aider à contenir l'inflation", estime M. Naroff.

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