La Caisse de dépôt et placement du Québec entend augmenter la proportion de ses placements internationaux au cours des prochaines années.

La Caisse de dépôt et placement du Québec entend augmenter la proportion de ses placements internationaux au cours des prochaines années.

Par le fait même, le pourcentage de ses investissements au Canada diminuera.

C'est ce qu'a indiqué le grand patron de la Caisse, Henri-Paul Rousseau, hier au cours d'une conférence prononcée devant la chambre de commerce de Laval.

M. Rousseau a évoqué la grande demande de financement sur les marchés internationaux et les besoins limités des grandes entreprises au Québec, qui ont accès des sources de financement de plus en plus nombreuses.

À elles seules, les grandes caisses de retraite canadiennes, par exemple le Fonds d'investissement du Régime de pension du Canada et le fonds Teachers des enseignants ontariens, livrent une forte concurrence au bas de laine des Québécois.

" Il s'agit de plus de 800 milliards de capitaux canadiens qui cherchent les mêmes bonnes occasions d'affaires que nous ", a fait valoir Henri-Paul Rousseau.

La proportion des investissements étrangers de la Caisse se situe présentement à 37 %, comparativement à 40 % pour ses pairs canadiens qui l'augmenteront encore au cours des prochaines années, selon M. Rousseau. Mais il ne se fixe pas d'objectif de rattrapage précis.

" La demande pour le capital de grande taille est beaucoup plus forte à l'échelle mondiale qu'au Québec et même au Canada ", en partie à cause de l'émergence de la Chine et l'Inde, a-t-il aussi expliqué.

Au Québec, la Caisse entend dorénavant se concentrer sur les PME et sur le capital de risque, deux " zones d'inefficacité ", comme les appelle M. Rousseau.

" Ce sont autant d'occasions d'affaires moins bien valorisées par les marchés que la Caisse veut saisir. "

La Caisse assure donc que si les transactions au Québec seront plus petites, leur nombre augmentera.

Elle se défend bien de délaisser son rôle de levier économique québécois, et indique que le total de ses investissements directs dans la province a aujourd'hui retrouvé son niveau d'avant l'éclatement de la bulle technologique, soit environ 5 milliards.

" Il faut aller au-delà des chiffres, a ajouté Henri-Paul Rousseau en entrevue. La plus grande transaction conclue au Québec au cours des trois dernières années, c'est la Caisse qui l'a faite ". Le responsable se référait à l'achat par l'institution d'une part de contrôle dans Gaz Métropolitain, en juillet 2004. " En fait, on est plus présents que jamais. "

Créée dans les années 60 pour faire fructifier l'épargne des Québécois et servir de levier de développement économique à la province, la Caisse s'est lancée durant la décennie 1990 dans l'ouverture de nombreuses filiales, fonds spécialisés et bureaux à l'étranger.

Henri-Paul Rousseau semblait avoir mis fin à l'aventure après son arrivée, en 2002, à la tête de l'institution alors en crise. Il avait fait fermer la plupart de ces divisions pour recentrer les activités de la Caisse. Mais cette dernière a récemment repris pied à New York et à Shanghai. Avec une approche différente, assure M. Rousseau.

" On parle de bureaux pour investir, et non plus de bureaux de gestionnaires de portefeuilles ", dit-il.

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