Le PDG de Stella-Jones, Brian McManus, représente cette année le «meilleur rapport qualité-prix» des grands patrons du Québec, selon une analyse de La Presse Affaires.

Le PDG de Stella-Jones, Brian McManus, représente cette année le «meilleur rapport qualité-prix» des grands patrons du Québec, selon une analyse de La Presse Affaires.

Le gestionnaire de 40 ans figure au premier rang de notre classement pour le rendement exceptionnel de son entreprise, mais également pour la rémunération relativement raisonnable qu'il touche par rapport à ses pairs.

Bien sûr, Brian McManus ne fait pas la queue à la mission Old Brewery pour s'alimenter. En 2007, il a empoché 723 375$ pour son travail. En ajoutant la valeur moyenne des options qu'il a exercées depuis trois ans, sa rémunération grimpe à 1,3 million de dollars pour les fins de notre palmarès.

Stella-Jones a toutefois connu un rendement extraordinaire. L'investisseur qui a misé 1000$ sur l'entreprise il y a trois ans se retrouve aujourd'hui avec des actions d'une valeur de 6720$! C'est 790% de mieux que les entreprises du même secteur. L'ascension se poursuit depuis un an, bien qu'à un rythme moindre, avec rendement de quelque 19%. Cette performance vaut trois étoiles et demie à Brian McManus dans notre classement.

Stella-Jones fabrique des poteaux de téléphone et des traverses de chemin de fer. L'entreprise accapare une très grande part du marché canadien et elle accroît progressivement sa présence aux États-Unis. Elle vient d'ailleurs d'acquérir Burke-Parsons-Bowlby, un producteur américain de bois traité, pour 33 millions US. Les ventes de Stella-Jones se sont élevées à 270 millions en 2007 et le bénéfice net par action, à 2,03$.

Rappelons que notre palmarès met en valeur les patrons qui en donnent le plus à leurs actionnaires compte tenu de leur paye. Le PDG au sommet de notre classement est celui dont l'écart entre le nombre d'étoiles (la performance) et la rémunération (signes de$) est le plus grand.

La performance tient compte du rendement boursier sur un an et trois ans de l'entreprise, rendement qui est comparé au secteur industriel de chaque entreprise. La taille de l'organisation est également prise en compte.

Notre gagnant a accueilli la nouvelle avec surprise et modestie. «Je ne suis pas la seule raison derrière la performance de Stella-Jones, j'ai une équipe très forte derrière moi», insiste Brian McManus, qui fait également valoir que son entreprise est comparée au secteur forestier, en difficulté ces dernières années.

«Mon salaire n'est pas énorme, mais je pense qu'il est juste», a dit M. McManus, en poste depuis mai 2003.

Garda World

Au deuxième rang vient le PDG de Garda World, Stéphan Crétier. Certes, l'entreprise a connu sa part de difficultés au cours de la dernière année, son titre plongeant de 27%, soit davantage que l'indice de son secteur (13%).

Néanmoins, la rémunération de M. Crétier demeure modeste si on la compare aux autres entreprises. En fait, à 425 461$, Stéphan Crétier est le moins payé de notre liste.

«Pour une entreprise de 50 000 employés, il est sous-payé, oui», nous dit Jean-Luc Landry, le président du comité de régie d'entreprise du conseil d'administration de Garda.

Cette rémunération relativement faible s'explique par l'absence de prime, cette année, causée par les ratées de l'acquisition de ATI Systems International. La transaction a doublé la taille de Garda.

Jean-Luc Landry explique que les objectifs de bénéfice d'exploitation (BAIIA) n'ont pas été atteints. «Il a travaillé très fort, mais on ne rémunère pas l'effort, mais les résultats», dit M. Landry.

En revanche, pour 2009, le conseil d'administration a mis en place une prime incitative spéciale pour M. Crétier advenant l'atteinte des objectifs de BAIIA. Cette prime pourrait atteindre trois fois le salaire de base, soit plus de 1,2 million.

Les perdants

À l'autre bout du spectre de notre classement se trouvent les patrons dont la rémunération est excessive par rapport au rendement relatif de l'entreprise en Bourse. C'est le cas de Hunter Harrison, le PDG du Canadien National (CN).

En 2007, M. Harrison a touché 13,7 millions de dollars en salaire et primes diverses, soit le plus haut salaire des dirigeants de notre classement. À cette somme, il faut ajouter la moyenne des options exercées depuis trois ans, qui s'élève à 9 millions, pour un total de 22,8 millions. Cette rémunération lui vaut 5 signes de $, le maximum.

Certes, le rendement du CN n'est pas catastrophique. Depuis trois ans, l'action a pris 28% (ce qui est tout de même moins que les 43% de l'industrie). Néanmoins, les deux étoiles et trois quarts que son rendement mérite sont bien inférieures à son niveau de rémunération relatif.

Le porte-parole du CN, Bryan Tucker, affirme que la paye de son patron est conforme aux entreprises de taille comparable aux États-Unis dans le secteur ferroviaire.

En 2007, ajoute M. Tucker, Hunter Harrison n'a pas touché de prime de rendement, puisque l'entreprise n'a pas atteint les objectifs de rendement qui avaient été fixés. L'an dernier, cette prime s'était élevée à 4,2 millions.

John Weaver, président exécutif de la nouvelle entreprise AbitibiBowater, est également en queue de peloton. L'investisseur qui a placé 1000$ dans Abitibi il y a trois ans n'a plus que 160$ aujourd'hui.

AbitibiBowater

Certes, AbitibiBowater est dans un secteur en crise, la forêt. Pour en tenir compte, nous avons comparé Abitibi à un indice exclusivement constitué d'entreprises du secteur forestier, indice que nous avons élaboré avec l'aide de l'Université de Sherbrooke. Résultat: le plongeon d'Abitibi est de 80% plus vertigineux que celui de ses pairs depuis trois ans.

Pire: malgré la fusion d'Abitibi-Consolidated avec Bowater à la fin d'octobre 2007, la nouvelle entité a continué de perdre de la valeur. Le titre a même reculé de 41% entre la fin octobre et la fin décembre, à la clôture de l'exercice.

Pour ces raisons, nous n'avons accordé qu'une demi-étoile à John Weaver, essentiellement pour tenir compte des 18 736 employés de l'entreprise (40 fois plus que le gagnant Stella-Jones, tout de même).

Malgré ce rendement peu enviable, John Weaver a obtenu l'équivalent de 2,6 millions de dollars en 2007. Son salaire est supérieur à celui de Raymond Royer, de Domtar (1,5 million), dont le rendement a été meilleur en 2007.

Le porte-parole d'AbitibiBowater, Jean-Philippe Côté, soutient que son patron est rémunéré conformément aux pratiques dans l'industrie. «Ce n'est pas John Weaver qui détermine son salaire, mais une firme externe. Par ailleurs, les conditions de M. Weaver n'ont pas changé depuis trois-quatre ans.»