Il y a deux ans, Geneviève et Alain ont acheté une maison dans le nord de Montréal.

Il y a deux ans, Geneviève et Alain ont acheté une maison dans le nord de Montréal.

Leur hypothèque de 200000$ est amortie sur 25 ans.

"Nous attendons notre premier enfant au printemps", confie Geneviève au passage.

Le lien avec l'hypothèque? Peu de choses, sinon qu'il est d'autant plus important de voir loin. Or, avec leur prêt hypothécaire, ils ont souscrit une assurance prêt, à la fois assurance vie et assurance invalidité. Cette assurance rembourserait le solde du prêt hypothécaire advenant le décès de l'un ou l'autre conjoint, et paierait les mensualités pendant la période où l'un d'aux serait frappé d'invalidité.

La prime de cette assurance, établie en regard de l'âge des deux conjoints, est appliquée sous la forme suivante: un taux de 1,2% est additionné au taux d'intérêt de leur prêt, lui-même fixé à 6,65%.

"Nous nous questionnions donc sur le fait de payer ce 1,2% sur notre hypothèque pendant 25 ans, indique Geneviève. Il nous semble que ce sont des coûts assez importants annuellement. Serait-il plus avantageux de prendre une assurance vie et invalidité en parallèle ou de continuer à payer notre assurance hypothèque?"

C'est une bonne question mais elle est prématurée.

"Il est impossible de déterminer le montant d'assurance revenu ou d'assurance vie d'une personne sans d'abord faire une analyse de besoins", avise le planificateur financier et assureur vie agréé Pierre Larose.

L'assurance vie nous apparaît souvent comme une grosse somme d'argent versée en cas de malheur. Erreur de perspective.

Il faut plutôt la voir comme un revenu de remplacement. Reste à savoir ce qu'elle doit remplacer. "Cette analyse débute par la détermination du coût de vie, explique Pierre Larose, c'est-à-dire le revenu servant à la subsistance d'une personne ou d'un couple."

Ce "panier de vie" comprendra toutes les dépenses nécessaires au quotidien - nourriture, frais de transports, loisirs, remboursements des prêts hypothécaires, auto et autres

"Tout sauf les économies et les charges sociales", résume notre expert.

Pour déterminer simplement ce coût de vie, on additionnera donc les revenus bruts des conjoints et on en soustraira l'épargne réalisée dans l'année et les charges sociales RRQ, assurance emploi, assurance médicaments... Chaque conjoint se verra attribuer une proportion de ce coût de vie selon sa contribution aux revenus du ménage.

Dans ces conditions, avec son revenu annuel de 110 000$, le coût de vie annuel d'Alain a été estimé à 24 600$. Parce que son revenu de 80 000$ est légèrement inférieur, le coût de vie de Geneviève s'établit à 22 860$. Ces chiffres paraissent peu élevés mais ils traduisent l'importante capacité d'épargne du couple.

Si l'un ou l'autre conjoint était incapable de travailler, ces sommes devraient tout de même tomber dans l'escarcelle du ménage.

Or, Geneviève et Alain bénéficient d'une assurance collective avec leur employeur respectif. Si une invalidité permanente survenait, Alain toucherait 65% de son salaire de 110 000$ jusqu'à la fin de ses jours. Après impôts, ces 71 000$ seraient ramenés à un revenu de 50 000$ - largement suffisant pour couvrir sa part de coût de vie de 24 600$.

Dans les mêmes circonstances, Geneviève toucherait 66% de son revenu de 80 000$, soit 52 800$ avant impôt, ou 36 960$ après le passage du fisc. Encore une fois, ce revenu annuel couvre amplement son coût de vie de 22 860$.

En cas de décès

En cas de décès, notre couple a décrété que le conjoint survivant devrait pouvoir continuer à vivre au même rythme jusqu'à sa retraite, prévue à 60 ans.

Que se passe-t-il si Alain décède? Sa part du coût de vie de 24 600$ devra être remplacée; mais de cette somme, il faut soustraire ses dépenses personnelles de 6600$ par année, qui disparaîtront avec lui. Geneviève voudra donc toucher 18 000$ de revenus nets d'impôts.

Les assurances collectives et personnelles d'Alain verseraient un capital total de 299 000$. À l'heure actuelle, cette somme permettrait à Geneviève de se procurer une rente de 18 600$ pendant 24 ans, soit jusqu'à l'âge de 60 ans. Il faut encore tenir compte de l'impôt, mais attention: le produit d'une assurance vie est soustrait au fisc. Seule la portion de la rente attribuable aux intérêts est imposable, soit quelque 6100$. On doit également compter avec la rente de conjoint survivant de la RRQ, qui verserait environ 5000$ par année. Après impôt, Geneviève toucherait donc 18 960$, soit 960$ de plus que ses besoins.

Si Geneviève décédait, ses assurances verseraient des indemnités totalisant 277 000$. Nous vous épargnons les détails: les mêmes calculs montrent qu'Alain toucherait un revenu après impôt de 19 840$, soit un surplus annuel de 2377$ sur ses besoins de remplacement.

Bref, tant en cas d'invalidité que de décès, les assurances collectives et personnelles des deux conjoints "sont suffisantes pour couvrir leurs responsabilités", constate Pierre Larose.

La conclusion coule de source: pour Geneviève et Alain, l'assurance prêt est superflue.

"Le client peut en tout temps annuler son assurance, rappelle notre planificateur. Il suffit de remplir un formulaire de refus."

C'est ce que Geneviève et Alain ont décidé de faire. "Pour l'instant, ça nous fera économiser près de 2000$ par année, estime Geneviève. Ce n'est pas rien. On va continuer à verser la même somme en remboursement de notre hypothèque."

"Il sera très important de faire une révision du besoin d'assurance vie chaque année, prévient toutefois Pierre Larose, car la grande majorité des assurances détenues par monsieur et la totalité de celles de madame sont collectives." Un changement d'employeur pourrait en effet réduire leur couverture en deçà de leurs besoins. À surveiller