C'est à cause de l'ambiguïté et de la controverse entourant ses annonces de contrat douteuses que le président et fondateur de Jitec, Benoît Laliberté, s'est fait montrer la porte par le conseil d'administration de sa propre entreprise dès la fin d'octobre 2000, trois mois seulement après le lancement en Bourse de la firme.

C'est à cause de l'ambiguïté et de la controverse entourant ses annonces de contrat douteuses que le président et fondateur de Jitec, Benoît Laliberté, s'est fait montrer la porte par le conseil d'administration de sa propre entreprise dès la fin d'octobre 2000, trois mois seulement après le lancement en Bourse de la firme.

C'est ce qu'a indiqué mardi Michel Brown, ancien vice-président à l'exploitation de Jitec.

L'action de cette firme de télécommunications a grimpé sur l'annonce de deux contrats multimillionnaires, en 2000, avant qu'un scandale dégonfle le titre et que Jitec ferme dans le scandale, en 2001.

M. Brown a témoigné mardi lors du procès pénal de M. Laliberté, accusé par l'Autorité des marchés financiers (AMF) de 48 infractions à la Loi sur les valeurs mobilières.

«Je me souviens que j'ai a été convoqué au bureau de Paul Massicotte (le sénateur libéral et homme d'affaires, qui était président du conseil d'administration de Jitec), à la Place Alexis-Nihon, où il m'a posé à peu près les mêmes questions que vous aujourd'hui», a dit M. Brown, qui répondait mardi aux questions du procureur de l'AMF, Marc-André Fabien, au sujet de l'exactitude d'annonces de contrat faites en 2000 par Jitec.

«M. Massicotte m'a vu moi d'abord, puis M. Laliberté ensuite», a dit M. Brown. Après les deux interrogatoires, le sénateur a fait revenir M, Brown dans son bureau et lui a dit: «Il faut que Benoît Laliberté s'en aille et il faut clarifier ces annonces immédiatement», a dit M. Brown.

Trois fausses annonces

L'AMF accuse, entre autres, M. Laliberté d'avoir fait trois annonces fausses ou trompeuses aux marchés, concernant l'annonce de deux importantes transactions: une de 105 M$ avec Canada Payphone, de Vancouver, et une de 40 M$ avec Powernet USA, une firme dont deux cadres et actionnaires, Carlos et Tulio Ocampo, ont récemment été condamnés en Floride à cinq ans de pénitencier pour trafic de cocaïne.

Mardi, M. Brown a expliqué que la Bourse de Montréal avait en octobre 2000 suspendu le titre de Jitec et exigé de la firme une clarification sur l'annonce de la «transaction» de 105 M$.

«C'était le branle-bas de combat dans toute l'entreprise», a dit M. Brown. Quand Jitec a précisé qu'il s'agissait d'une lettre d'entente (et non d'un contrat), «l'impact a été très gros sur nos relations avec les clients et les investisseurs, ainsi que sur nos opérations, nos fournisseurs et nos employés», sans parler de l'action qui a piqué du nez.

«Y avait-il un contrat de signé au moment où le communiqué de presse a été diffusé?», a demandé Me Fabien.

«À ma connaissance, non», a répondu M. Brown.

Obsédé par la Bourse

M. Brown, bras droit de Benoît Laliberté chez Jitec, trouvait aussi que son patron était obsédé par la Bourse, qu'il aurait dû passer plus de temps à développer la jeune firme technologique et moins de temps à «se casser la tête avec la valeur de l'action».

Michel Brown, qui était vice-président à l'exploitation de Jitec, a raconté hier que Jitec employait même le fils d'un important actionnaire «qui passait son temps au bureau à surveiller l'action de Jitec à la Bourse», a dit M. Brown.

«Il était installé dans un bureau, avec des écrans (d'ordinateur) et des logiciels», a raconté M. Brown.

M. Laliberté a réitéré hier devant les médias qu'il est innocent et victime de la mauvaise foi de l'ancienne Commission des valeurs mobilières et des actions néfastes du spéculateur et homme d'affaires Herbert Black.