La téléphonie sans fil au Canada manque de concurrents, coûte trop cher et tarde techniquement, a dénoncé le président de Quebecor devant un auditoire d'affaires de Toronto.

La téléphonie sans fil au Canada manque de concurrents, coûte trop cher et tarde techniquement, a dénoncé le président de Quebecor devant un auditoire d'affaires de Toronto.

Pour y remédier, selon Pierre Karl Péladeau, le gouvernement fédéral doit profiter de sa prochaine attribution de fréquences, attendue d'une semaine à l'autre, pour favoriser des aspirants au marché national du cellulaire, comme Quebecor et sa filiale Vidéotron.

«Le sans-fil est dominé par trois gros fournisseurs (Rogers, Bell Canada, Telus) qui ont la mainmise sur la concurrence et vos portefeuilles», a dit M. Péladeau.

«Cette mainmise a mené à des prix trop élevés, mais aussi à moins de services et d'innovations», a déclaré le PDG de Quebecor lors d'un discours au prestigieux Empire Club.

Le matin même, Quebecor et Vidéotron avaient acheté une pleine page de publicité dans le Globe and Mail.

Au début de son discours, M. Péladeau a sorti de sa poche un téléphone multimédia iPhone d'Apple.

Il l'a brandi comme un «exemple» d'innovation inaccessible au Canada, en raison du «monopole des Big Three» du cellulaire.

Selon lui, la structure du marché est telle que l'usage du iPhone coûterait des «centaines de dollars par mois», au lieu des «60 $ US environ» payés par les Américains.

Donc, pour le PDG de Quebecor, ça presse de favoriser l'entrée de nouveaux fournisseurs nationaux dans le sans-fil.

Entre autres, la prochaine allocation de fréquences devrait leur être réservée, au lieu d'être vendue lors d'enchères qui seraient monopolisées par les trois grands du sans-fil.

De plus, selon M. Péladeau, des enchères forceraient de nouveaux intervenants à payer très cher pour des fréquences alors que les trois grands ont obtenu leurs fréquences à frais minimes, aux débuts du cellulaire.

Par ailleurs, a-t-il dit, il faut changer les règles d'utilisation des réseaux existants afin d'aider de nouveaux concurrents.

Mardi, à Ottawa, Ted Rogers, président de Rogers Communications, numéro un du sans-fil et du câble au Canada, avait qualifié de «profiteurs» les entreprises comme Quebecor et MTS, du Manitoba, qui réclament un accès prioritaire aux nouvelles fréquences.

Jeudi, les trois grands du sans-fil avaient déployé des patrons et des porte-parole pour répliquer au discours de M. Péladeau.

«Il cite toute sorte de chiffres pour faire croire à une concurrence insuffisante dans le sans-fil au Canada, alors que c'est tout le contraire. Les exploitants de réseau comme nous et les revendeurs de services bagarrent vivement pour attirer et garder des clients», a dit Wade Ossterman, président de Bell Mobilité.

«Quant aux tarifs, s'ils sont trop élevés comme prétend M. Péladeau, pourquoi les usagers du sans-fil au Canada sont-ils les deuxièmes plus gros utilisateurs de minutes du monde industrialisé? C'est un indicateur de tarifs convenables, non?»

Chez Rogers, le vice-président à la réglementation, Kenneth Engelhart, a comparé les arguments du président de Quebecor à «une demande d'accès subventionnée au marché du sans-fil, en s'abstenant d'acheter des fréquences comme tout le monde lors d'enchères concurrentielles.»

Ironiquement, Rogers et Vidéotron sont des partenaires en téléphonie sans-fil depuis presque deux ans.

C'est en effet le réseau de Rogers qu'utilisent les usagers des forfaits de sans fil vendus au Québec par Vidéotron, dans ses bouquets de services de télécoms.

«Ça fonctionne très bien parce que Vidéotron est vraiment bonne avec sa commercialisation. Mais là, on dirait que ça ne leur suffit plus», a indiqué M. Engelhart, de Rogers.

En effet, «si les conditions d'accès sont adéquates» a dit son PDG, Quebecor a désormais des ambitions pancanadiennes dans le sans-fil.