Après avoir pesté en voyant bondir les prix à la pompe juste avant le long congé de la fête du Travail, les automobilistes auront droit à une baisse du prix de l'essence au cours des prochains jours.

Après avoir pesté en voyant bondir les prix à la pompe juste avant le long congé de la fête du Travail, les automobilistes auront droit à une baisse du prix de l'essence au cours des prochains jours.

Le ralentissement économique généralisé, le raffermissement du dollar américain sur le marché des changes et la baisse de la demande sont autant de facteurs qui militent pour une baisse durable du prix du brut, estiment la plupart des observateurs du marché.

«Notre scénario est en train de se confirmer», a commenté hier l'économiste Mathieu d'Anjou, de Desjardins, qui a fixé plus tôt cette année un prix cible de 100$US pour le brut.

D'autres analystes voient même les prix glisser sous le seuil des 100 $ US, à 96$US.

Le baril de brut a perdu 6,50 $ US en cours de séance hier, une fois qu'il a été certain que l'ouragan Gustav n'avait pas fait trop de dégâts dans le golfe du Mexique, où se trouvent la majorité des installations pétrolières et gazières américaines.

Après avoir regagné un peu de terrain, le brut a fini la journée à 109,71 $ US, en baisse de 5,75 $ US. C'est près de 40 $ US de moins que le sommet de 147 $ US atteint en juillet dernier.

La dégringolade d'hier a eu des effets collatéraux importants à la Bourse de Toronto, qui a perdu près de 500 points. Le dollar canadien a aussi écopé, tombant sous les 94 cents US, à 93,58 cents US, une baisse de plus d'un demi-cent.

Le prix du pétrole continuera de fluctuer au cours des prochaines semaines, croient les observateurs du marché, mais la tendance lourde est résolument à la baisse.

«Les économies mondiales ont ralenti, en partie à cause des prix élevés du pétrole, explique Mathieu d'Anjou, et la demande est en baisse, notamment dans le transport aérien.»

Selon lui, même la Chine devrait souffrir du ralentissement économique aux États-Unis et en Europe, qui se traduira par une baisse de la demande pour ses produits. Le raffermissement du dollar est un autre facteur qui influence le prix du brut à la baisse. Même si son prix baisse, le brut restera relativement coûteux, souligne Mathieu d'Anjou. "Je ne crois bas que le prix baissera beaucoup en bas de 100 $ US, parce que l'offre mondiale de pétrole reste problématique", a-t-il précisé.

Les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) devraient aussi veiller à ce que les prix ne chutent pas trop. Ils se réuniront le 9 septembre prochain à Vienne et pourraient décider de réduire leur production si les prix continuent de dégringoler.

Baisse à la pompe

À plus court terme, il faut s'attendre à une baisse du prix à la pompe à Montréal, où le litre se vendait autour de 1,34$ hier.

Premier indice d'une baisse prochaine, le prix de l'essence a baissé de 12 cents le gallon hier sur le marché NYMEX. En supposant un dollar canadien à parité avec le dollar américain, la baisse équivalente serait de 3 cents le litre sur le marché de Montréal.

Lorsque le prix du brut tournait autour de 100 $ US le baril, en janvier dernier, les prix à la pompe s'affichaient à 1,15 $ le litre.

Les prix à la pompe augmentent généralement plus vite qu'ils ne baissent. C'est vrai, admet Carol Montreuil porte-parole de l'industrie pétrolière, mais c'est le prix minimum fixé par la Régie qui en est la cause, selon lui. «Quand les prix baissent de façon abrupte, les prix plancher de la Régie deviennent un obstacle à la baisse des prix à la pompe», a-t-il expliqué.

Le prix minimum est fixé par la Régie une fois par semaine. Si les prix baissent rapidement au cours de cette période, les détaillants ne sont pas encouragés à transmettre cette baisse puisque, théoriquement, ils contreviendraient à la loi en vendant sous ce prix minimum, qui correspond à leur coût d'approvisionnement.

Outre cette intervention de la Régie de l'énergie, le marché de l'essence au Québec est caractérisé par une volatilité bien plus grande que les autres marchés au Canada. Selon Carol Montreuil, cette volatilité est le signe qu'il y a trop de détaillants par rapport à la demande, une situation qui est à l'avantage des consommateurs d'essence.

«Les prix hors taxes étaient traditionnellement un peu moins élevés à Montréal qu'à Toronto, mais depuis l'introduction de la taxe verte (le 1er janvier dernier), les deux marchés sont égalité.»

Les chiffres compilés par la firme spécialisée MJ Ervin, de Calgary, et par Ressources naturelles Canada tendent à lui donner raison. Pendant le mois d'août, le prix moyen d'un litre d'essence ordinaire a été de 124,6 cents à Toronto et de 129,7 cents à Montréal. Une fois les taxes de 30,6 cents à Toronto et de 41,5 cents à Montréal soustraites, le prix de vente moyen était moins élevé à Montréal.