Dure semaine pour Claude Boisvenue, l'ancien propriétaire des Services financiers Dr et ancien gestionnaire de portefeuille chez Norbourg.

Dure semaine pour Claude Boisvenue, l'ancien propriétaire des Services financiers Dr et ancien gestionnaire de portefeuille chez Norbourg.

Après avoir appris mercredi qu'il était poursuivi par la firme comptable KPMG, le voilà également poursuivi par le gardien de valeurs Northern Trust Canada. Les deux firmes allèguent que M. Boisvenue a une part de responsabilité dans les pertes subies par les investisseurs floués de Norbourg.

Northern Trust Canada, c'est le banquier torontois qui est désormais célèbre pour avoir exécuté les centaines d'ordres de transferts donnés par Vincent Lacroix durant les cinq années qu'a duré son siphonnage des fonds communs Norbourg, Évolution et Perfolio.

Si Northern Trust, comme KPMG, poursuit M. Boisvenue aujourd'hui, c'est parce qu'elle fait elle-même partie des intimés d'un recours collectif de 130 millions de dollars intenté par les investisseur spoliés par Norbourg. En gros, ces derniers reprochent à Northern Trust d'avoir été négligent en exécutant docilement les transferts ordonnés par M. Lacroix.

Northern Trust nie toute responsabilité dans le détournement de fonds de Norbourg, mais elle place ses pions, juste au cas où elle serait condamnée à payer des dommages.

Il faut dire dès maintenant que M. Boisvenue n'est pas le seul à être intimé par la récente poursuite de Northern Trust. En fait, le banquier torontois ratisse large et poursuit 34 autres individus et firmes qui ont reçu des paiements ou qui sont liés à des paiements faits par Vincent Lacroix dans ses transactions d'affaires financées à même l'argent des 9200 clients de Norbourg.

Ces 35 personnes et firmes ont tous en commun, par ailleurs, de ne pas être intimés dans le recours collectif qui vise Northern Trust, KPMG, l'Autorité des marchés financiers, M. Lacroix et son équipe. Aucun des intimés dans la poursuite de Northern Trust ne fait partie des personnes récemment accusées au criminel dans l'affaire Norbourg.

En fait, avec cette poursuite de Northern Trust, on peut dire qu'à peu près tous ceux qui ont un pouls et un portefeuille sont maintenant visés d'une façon ou d'une autre dans l'affaire Norbourg.

La conjointe et partenaire d'affaires de M. Boisvenue, Francine Couillard, est du lot, de même que trois fiducies contrôlées par le couple, ainsi que six compagnies financières ayant été jadis possédées ou gérées par M. Boisvenue.

M. Boisvenue, avait vendu à Vincent Lacroix, en août 2004, ses propres fonds communs et ses entreprises, pour 4,3 millions de dollars. Northern Trust affirme que durant la vente à Norbourg, il a entrepris de transférer une partie des actifs (d'une valeur de 15,4 millions de dollars) qu'il gérait pour ses clients dans des fonds communs Norbourg ou Évolution.

Northern Trust poursuit aussi des représentants en épargne collective, qui ont vendu leurs portefeuilles de clients à Norbourg, pour des sommes parfois élevées, note la poursuite. Northern Trust leur fait divers reproches, qui varient selon les personnes visées. Par exemple, d'avoir fait passer leurs intérêts avant ceux de leurs clients en participant activement ou passivement au déplacement vers des fonds Norbourg des investissements de leurs clients. D'avoir accepté des sommes et «incitatifs» non justifiés.

Il y a une certaine ironie dans la poursuite de Northern Trust: elle reproche aux intimés d'avoir accepté «des paiements versés aléatoirement et sans logique apparente», faits par «diverses firmes liées à Lacroix ou du compte conjoint de Lacroix, ce qui aurait dû, au minimum, soulever certains doutes sur les capacités de gestionnaires de Lacroix, et les inciter à une plus grande prudence». C'est un des reproches faits à Northern Trust par les investisseurs de Norbourg, dans leur recours collectif.