Durant cette période de turbulences sur les plans économique et boursier, le monde semble se diviser en deux clans: les optimistes et les pessimistes. Que ce soit à Bay Street, dans les restos ou les foyers canadiens, les opinions sont diamétralement opposées. Qui dit vrai?

Durant cette période de turbulences sur les plans économique et boursier, le monde semble se diviser en deux clans: les optimistes et les pessimistes. Que ce soit à Bay Street, dans les restos ou les foyers canadiens, les opinions sont diamétralement opposées. Qui dit vrai?

Deutsche Bank, Lehman Brothers Holdings et UBS AG soutiennent que l'indice Standard & Poor's 500 connaîtra sa progression la plus forte en 26 ans au cours de la deuxième moitié de la présente année. Mais si l'on se fie à l'histoire, cela n'arrivera pas.

Ainsi, le S&P 500 grimpera de 18% d'ici janvier prochain, selon une projection de consensus de 10 stratèges américains sondés par Bloomberg. Ces prévisions se fondent en partie sur des estimations voulant que les profits des entreprises bondissent de 50% au quatrième trimestre après avoir baissé au cours de la dernière année.

Mais même si cela se produit, ce ne sera peut-être pas suffisant. En 2001, soit la dernière fois où les profits ont baissé autant, il a fallu qu'ils s'améliorent pendant trois trimestres de suite avant que le marché boursier rebondisse. Les estimations des analystes touchant les bénéfices pour la présente année représentent une baisse par rapport aux niveaux de 2006, ce qui rend plus difficile à justifier l'optimisme des stratèges, indiquent des investisseurs.

«S'ils ont raison, je leur donnerai un gros baiser», lance Randy Bateman, qui gère 15 milliardsUS à titre de principal responsable des placements de Huntington Bancshares, à Columbus, en Ohio. «Je ne crois pas qu'il s'agisse de chiffres très réalistes», ajoute-t-il cependant.

La semaine dernière, le S&P 500 a cédé 1,2% à 1262, 90 points, ce qui l'a laissé à un point de pourcentage d'un «marché baissier», qui se définit comme une chute de 20% par rapport à son sommet d'octobre dernier.

En se fondant sur le niveau de clôture de l'indice au 30 juin dernier, soit 1280 points, la prévision moyenne des stratèges qui tablent sur un niveau de 1515 points d'ici la fin de l'année serait le redressement le plus formidable dans toute deuxième moitié d'une année pour le S&P 500 depuis la présence de Ronald Reagan à la Maison-Blanche en 1982.

Hier, le S&P 500 a reculé de 10,62 points, ou 0,8%, à 1252,31.

Les stratèges de Deutsche Bank, de Lehman Brothers et de UBS sont les plus optimistes et ils s'attendent à ce que l'indice de référence des actions américaines grimpe à un niveau record au cours des six derniers mois de l'année. Ainsi, Binky Chadha, stratège en chef à New York de Deutsche Bank, prédit que le S&P 500 terminera l'année à 1650 points, ce qui serait une hausse de 29% par rapport au 30 juin dernier.

Selon des données compilées par Bloomberg, les prévisions annuelles des stratèges ont raté la cible par une moyenne de 14 points de pourcentage depuis l'an 2000.

Au début de la présente année, les stratèges ont dit à leurs clients de s'attendre à une progression moyenne de 11% de l'indice S&P 500 en 2008, à 1634 points, selon des données de Bloomberg. L'indice a chuté de 14% jusqu'à présent.

«Un singe avec un abaque ferait probablement mieux», ironise Peter Sorrentino, gestionnaire de patrimoine de Huntington Asset Advisors, de Cincinnati, qui gère des actifs de 16,7 milliardsUS. «Lire les prévisions des stratèges est fascinant et laisse songeur, mais au bout du compte, il vaut mieux disposer de ses propres outils, indique M. Sorrentino. Nous ne sommes pas du tout aussi optimistes que certaines des prévisions.»