Louis Delisle avait de quoi sourire mardi. Le taux de l'hypothèque de 325 000$ qu'il a contractée il y a deux semaines pour acheter un plex dans le Plateau-Mont-Royal a baissé de 0,5% d'un seul coup.

Louis Delisle avait de quoi sourire mardi. Le taux de l'hypothèque de 325 000$ qu'il a contractée il y a deux semaines pour acheter un plex dans le Plateau-Mont-Royal a baissé de 0,5% d'un seul coup.

L'entrepreneur et sa conjointe ont opté pour un prêt à taux variable, qui leur convient parfaitement, malgré les risques d'une remontée subite. «Ça ne nous énerve pas du tout.»

Comme M. Delisle, des milliers de propriétaires feront des économies importantes au cours des prochains mois.

La plupart des grandes banques canadiennes ont annoncé mardi une réduction de 50 points de leurs taux préférentiels, qui se reflète dans les taux hypothécaires variables.

Cette décision a suivi de quelques heures l'annonce de la Banque du Canada, qui a abaissé son taux directeur pour la troisième fois en trois mois, à 3,50%.

Les taux variables n'ont pas mis de temps à bouger, mais les hypothèques «fixes», elles, sont demeurées stables. Et les proprios qui s'apprêtent à renouveler leur prêt, ou encore les nouveaux acheteurs, ne doivent pas s'attendre à des baisses substantielles, ont indiqué tous les experts consultés par La Presse Affaires.

«C'est sûr qu'à long terme, la tendance devrait être à la baisse, mais ça devrait être plus vers le milieu ou la fin de l'année, a indiqué Jimmy Jean, économiste à la Banque Royale. À court terme, on ne verra pas nécessairement d'impact.»

Le taux directeur de la Banque du Canada a baissé de 100 points au cours des derniers mois, mais le taux des hypothèques fermées a seulement diminué d'environ 15 points pendant la même période, rappelle M. Jean. La crise du crédit perdure, ce qui rend les banques nerveuses, souligne-t-il.

«Le coût d'emprunt est plus élevé, et c'est un coût qui vient directement affecter les coûts d'opération des banques, a expliqué l'économiste. Les taux baissent donc moins vite que ce à quoi on pourrait s'attendre.»

Avantage au taux variable

La Banque du Canada laisse entendre qu'elle réduira encore son taux directeur cette année (de 50 points supplémentaires selon les analystes).

Les taux hypothécaires variables suivront la même tendance à la baisse, ce qui les rend de plus en plus attirants pour bien des Canadiens, estiment les experts.

«Dans la situation actuelle, c'est plus recommandable d'y aller avec un prêt à taux variable à court terme, a souligné Martin Lefebvre, économiste senior chez Desjardins. Habituellement, on doit s'engager pour un terme de cinq ans, mais il y a moyen de renégocier chaque année.»

Peter Norman, de la firme immobilière Altus Clayton, est lui aussi convaincu des avantages du taux variable.

«Les recherches sont très claires à ce sujet: pour les emprunteurs, il est ultimement préférable d'avoir un taux variable. On peut absorber les sommets (de taux) grâce aux économies faites le reste du temps.»

Les taux fixes - qui tournent autour de 7,29% pour un terme de cinq ans - demeurent toutefois plus appropriés pour certaines catégories de propriétaires, souligne Hugo Leroux, président de la firme de courtage Hypotheca.

«Un taux variable, il y a quand même un facteur de risque là-dedans, a-t-il fait valoir. Par exemple, les gens très serrés financièrement pourraient être incapables d'assumer les fluctuations à la hausse.»

La vaste majorité des Canadiens continue d'ailleurs d'opter pour un taux fixe. Selon les données de l'Association canadienne des conseillers hypothécaires accrédités, 73% des propriétaires du pays détenaient une telle hypothèque l'an dernier.

Quelque 21% avaient plutôt une hypothèque à taux variable, et 6% un prêt mixte.

Confiance au Québec

Il n'y a pas que la Banque du Canada qui s'inquiète du ralentissement économique, nous apprend une étude publiée mardi par RBC. Les intentions d'achat de maison atteignent un creux de plusieurs années au pays. Elles ont baissé de 5%, à 23%.

Le Québec fait toutefois exception. Les intentions d'achat ont baissé partout au Canada, mais elles ont bondi de 2% dans la province francophone. Quelque 21% des Québécois achèteront «probablement» une maison d'ici deux ans, selon l'étude.

«Les taux hypothécaires continuent de baisser, et les prix commencent à devenir plus modérés, si bien que l'idée de devenir propriétaire tente peut-être plus de Québécois», a indiqué dans un communiqué Danielle Coutlée, directrice, Stratégie de vente et soutien chez RBC.

Le sondage de RBC a été mené par Ipsos Reid entre le 17 et le 21 janvier, auprès de 3023 Canadiens.