Il est possible de brasser des affaires tout en veillant à la protection de l'environnement, montre l'installation encore récente du Groupe Lussier, à Laval, dans le quartier Chomedey.

Il est possible de brasser des affaires tout en veillant à la protection de l'environnement, montre l'installation encore récente du Groupe Lussier, à Laval, dans le quartier Chomedey.

Concessionnaire de camions Peterbilt, mais aussi revendeur de camions d'occasion et de pièces, le groupe a ainsi affecté environ le quart de ses investissements à Laval dans des mesures de ce genre.

La plus importante: son système géothermique, qui lui a coûté 1,8 million de dollars, sur un investissement total de 8 millions.

«Parmi les concessionnaires, c'est sûr que c'est un des premiers gros projets, et un très beau projet, signale Daniel Butler, chef, relations d'affaires pour le territoire des Laurentides, à Hydro-Québec. Il pourra même servir de vitrine technologique.»

La géothermie, rappelons-le, utilise la température constante du sous-sol, grâce à des canalisations qu'on y installe et au liquide qui y circule, pour à la fois le chauffage et la climatisation.

«C'est le plus gros projet de géothermie au Québec», explique pour sa part Alain John Pinard, consultant en marketing, qui a eu la tâche de diriger ce projet avec Yvan Hébert, directeur de la construction du Groupe Lussier.

«Pour ça, on a dû creuser 40 puits de 500 pieds de profondeur», poursuit-il.

C'est Yvan Hébert qui en eut l'idée, précise-t-il, ce qui se traduira par des économies annuelles de «1,6 million de kilowatts heure (kWh)», l'entreprise aurait-elle opté pour des systèmes de chauffage et de climatisation standards, à l'électricité.

Or, ajoute-t-il afin de donner une idée de l'économie réalisée de la sorte, «1,6 million de kWh, ça représente le chauffage et la climatisation de 64 résidences pendant un an».

Autres mesures d'économie: on y utilise uniquement des ampoules à consommation réduite d'électricité, alors que, le soir, «tout le système d'éclairage se ferme, sauf les dispositifs d'urgence».

Par ailleurs, la firme aurait-elle décidé d'utiliser le gaz naturel comme source d'énergie, elle aurait émis, annuellement, «753 tonnes de gaz carbonique» - autant de gagné sur le plan environnemental, dit en substance Alain Pinard.

Le grand terrain où sont les nouvelles installations de Lussier, qui seront inaugurées en septembre, comportait un terrain humide - en clair, un grand étang.

Dans bien des cas, comme on sait, les entreprises, devant un tel état de fait, tentent de s'en défaire, en contournant les règles du ministère de l'Environnement, qui en prescrivent la conservation.

«Au lieu de le détruire, on l'a préservé», dit Alain Pinard.

Puis, pour en prévenir la contamination possible, par exemple par des huiles de camion, l'entreprise a installé un dispositif d'interception visant à protéger l'étang.

Aux grenouilles qui l'habitent se sont ajoutés, dit-il, «des canards, et on a même un harfang des neiges qui se promène».

Enfin, et conformément à ce qu'exige la loi, l'entreprise a fait construire à l'arrière de son vaste terrain un talus haut de huit pieds et de plus de 400 pieds de longueur, pour l'isoler des habitations voisines.

Mais, au surplus, explique Alain Pinard, on l'a doté d'un lit de pierre à la limite des terrains des voisins et d'un drain pour l'évacuation des eaux de ruissellement, avec «une haie de cèdres de huit pieds de haut au bas du talus, du côté des habitations».

La crête du talus a elle aussi été plantée de thuyas (les cèdres) et d'autres essences d'arbre, dit-il.

Le Groupe Lussier, une entreprise familiale qui emploie tout près de 400 personnes, a son siège social à Sainte-Julie, non loin de Montréal. Fondée en 1967, l'entreprise est formée des divisions Lussier, centre du camion (camions d'occasion et pièces remises à neuf), Camions Lussicam (camions et remorques d'occasion) et Camions Excellence Peterbilt (véhicules neufs de cette marque).

«Nous vendons une partie des camions Peterbilt que fabrique l'usine de Paccar, à Sainte-Thérèse», souligne Alain Pinard.

Enfin, selon le programme d'Hydro-Québec appui aux initiatives, Lussier aura droit, à cause de ses mesures d'économie d'énergie grâce à la géothermie, à une subvention maximale de 500 000$, mais dont le montant n'a pas encore été déterminé.