L'inflation a enregistré en juillet un nouveau record depuis la création de la zone euro à 4,1% sur un an, une flambée des prix d'autant plus inquiétante qu'elle se double désormais de nets signes de ralentissement de la croissance européenne.

L'inflation a enregistré en juillet un nouveau record depuis la création de la zone euro à 4,1% sur un an, une flambée des prix d'autant plus inquiétante qu'elle se double désormais de nets signes de ralentissement de la croissance européenne.

La hausse des prix ne cesse d'accélérer depuis l'automne, alimentée surtout par la flambée des cours pétroliers et alimentaires. Son niveau est désormais plus du double de celui toléré par la Banque centrale européenne (BCE), à savoir un peu moins de 2%.

Après l'envol du baril d'or noir à son plus haut niveau historique au début de juillet, il n'est pas étonnant que la première estimation de l'inflation pour juillet publiée jeudi par l'office européen des statistiques Eurostat enfonce le record précédent de 4%, enregistré en juin, relève Holger Schmieding, analyste de la Bank of America.

Mais cette tendance s'accompagne dans le même temps d'un risque de stagnation économique.

L'Europe semblait jusque-là résister mieux que les États-Unis aux turbulences sur les marchés financiers et aux effets de l'euro fort et de l'appréciation des matières premières, affichant au premier trimestre une croissance inespérée de 0,8%.

Mais pour Holger Schmieding, une rafale de mauvais indicateurs «force même les observateurs les plus optimistes à concéder qu'on ne peut plus exclure une récession technique, deux trimestres consécutifs de baisse du PIB».

La confiance des chefs d'entreprises et des consommateurs de la zone euro a notamment accusé en juillet son plus fort recul mensuel depuis les attentats du World Trade Center en 2001.

Parallèlement, le taux de chômage dans la zone euro, jusqu'alors à son plus faible niveau historique (7,2%), a augmenté en mai pour la première fois depuis près de quatre ans, selon des données révisées jeudi par Eurostat, qui fait désormais état de 7,3% en mai comme en juin.

«Le ralentissement économique pourrait entrer dans une deuxième phase au second semestre de cette année, dans laquelle la demande intérieure est freinée non seulement par l'inflation, mais aussi par le marché du travail», relève Laurent Bilke, analyste de Lehman Research.

En attendant, tous les économistes attendent au moins un ralentissement de la croissance dans la zone euro au deuxième trimestre.

La Belgique est jusqu'ici le seul État membre à avoir publié ses performances. Dans ce pays dont l'économie, très tournée vers l'extérieur, est jugée représentative de la tendance européenne, la croissance est tombée à 0,3% après 0,5% au premier trimestre.

L'Allemagne, qui avait joué à plein son rôle de moteur de l'économie européenne avec une croissance particulièrement robuste de 1,5% au premier trimestre, ne renouvellera pas non plus cette performance au deuxième trimestre, a averti la banque centrale Bundesbank.

La situation est délicate pour la BCE, qui peut relever ses taux pour contrer l'inflation, comme elle vient de le faire au début de juillet, mais risque ainsi de plomber encore plus la croissance.

Pour Holger Schmieding, «les colombes vont probablement prévaloir» et la BCE «rester en position d'attente au moins pour les douze prochains mois».

Car bientôt «l'inflation devrait avoir atteint un pic et commencer à ralentir progressivement dans les mois à venir», renchérit Cédric Thellier, économiste chez Natixis.

Ajouté à une remontée attendue du chômage dans les prochains semestres, qui limitera les revendications sur des hausses de salaires, cela «devrait augmenter la marge de manoeuvre de la BCE pour baisser ses taux», selon l'économiste qui anticipe lui un premier assouplissement monétaire en mars prochain.